La revanche des données sur les processus

Des millions d'euros ont été dépensés pour harmoniser les processus dans des projets ERP très coûteux mais avec un faible retour sur investissement. En cause : la mauvase qualité des données.

Pendant de nombreuses années, les entreprises ont mis l'accent sur les processus dans le cadre de leurs feuilles de route de transformation. La mode était alors à l'harmonisation et à la normalisation des processus, en particulier via la mise en œuvre de grands logiciels de planification des ressources de l'entreprise (ERP). Ce concept était si sacré que personne n'osait se demander pourquoi, la croyance généralisée voulant que tout ce qui est harmonisé est bon !

De nombreuses entreprises ont ainsi créé et orchestré des réseaux d'experts en la matière (propriétaires de processus, experts métier, utilisateurs clés, etc.) pour aboutir à des processus harmonisés mis en œuvre dans les ERP.

Bien que l'un des principaux objectifs de cette harmonisation ait été de rendre les mises en œuvre des ERP moins coûteuses, certains de ces projets ont eu des résultats désastreux en termes de coûts, de délais et de valeur ajoutée. Des millions d'euros ont été dépensés pour harmoniser les processus dans des projets ERP très coûteux mais avec un faible retour sur investissement.

Cela s’explique en partie par la raison suivante : l'accent a été mis sur la mise en œuvre de processus normalisés pour saisir et stocker les transactions, sans se soucier de la qualité des données. Très peu d'entreprises avaient en leur sein des propriétaires ou des gestionnaires de données qui se concentraient sur la qualité des données, avec pour but d'identifier les tendances commerciales ou de permettre d’en tirer des enseignements.

Par conséquent, même pour les entreprises dont la mise en œuvre de ce type de projets avait été réussie en principe, la qualité des données était généralement médiocre. Ce qui nécessitait des efforts importants et des projets coûteux pour nettoyer et consolider les données, pour extraire des enseignements utiles à partir de milliards de transactions.

Les modèles d’architecture ouverte remettent la donnée au cœur 

Ces dernières années, une tendance majeure est venue bousculer ce type d’approche : ouvrir les architectures d'entreprise aux partenaires participant à leur chaîne de valeur, un bon exemple serait les services logistiques fournis par les partenaires externes aux acteurs d’e-commerce de type Amazon. La chaîne de valeur dans son ensemble et les services partagés sont devenus agiles et flexibles, et un service spécifique peut être fourni soit en interne, soit par un prestataire de services externe.

Ces changements ont de multiples répercussions sur l'architecture des entreprises et modifient radicalement le secteur des logiciels d'entreprise, en particulier les fournisseurs de logiciels ERP. Dans ce type d'architecture, l'essentiel est de relier les processus sur la base d'un contrat de service clair entre le destinataire et le fournisseur du service. La manière dont le fournisseur remplit ses prestations est sa propre affaire. 

Ce qui est attendu, en revanche, c'est d'avoir des données de qualité standardisée pour effectuer cette prestation, sinon le processus sera bloqué. Dès que les contrats sont exécutés en fonction des niveaux de service, le processus n'a plus guère d'importance.

La fin des applications monolithiques (de type ERP)

Face à cette évolution majeure, le défi pour les entreprises est de faire évoluer leur architecture d'entreprise vers des écosystèmes ouverts, dans lesquels de multiples partenaires collaborent pour exécuter un processus de bout en bout. Les processus sont donc dispersés entre les partenaires internes ou externes.

À court terme, cela signifie que les entreprises doivent ouvrir au monde extérieur les ERP actuels, leurs systèmes historiques et les applications héritées (legacy systems). Elles doivent modifier leur architecture en conséquence pour la rendre aussi agile que possible. À moyen terme, cela signifie que les ERP monolithiques actuels ne seront bientôt plus adaptées à leurs besoins. D'une certaine manière, il s'agit d'une revanche pour l'architecture ouverte et l’approche évolutive et best-of-breed sur les grands ERP uniformes.

Pour passer à des architectures ouvertes, les entreprises peuvent désormais appliquer des services web basés sur des technologies de données, ce qui a un impact positif à la fois sur l'architecture de l'entreprise et sur le modèle opérationnel global.

Selon notre expérience, ce changement de paradigme n’est pas une approche technique. Il doit se faire en parfaite adéquation avec le modèle opérationnel cible de l’entreprise et doit s’appuyer sur la chaine de valeur.