Le monde du métavers et ses dangers

Près de 3 personnes sur 4 considèrent que le métavers présente des risques importants et des défis majeurs pour notre société.

Comme toutes les innovations disruptives, les enjeux techniques et éthiques sont à mettre au cœur des préoccupations. S’il a été long et difficile d’intégrer une vigilance sur les réseaux sociaux numériques, nous avons cette fois-ci la possibilité de penser la sécurité des usagers dès la conception du métavers. Les acteurs de l’écosystème tout comme les utilisateurs ont la responsabilité de construire un métavers où il fait bon vivre et où les travers de nos sociétés modernes seront atténués et non exacerbés.

Difficultés techniques

L’axiome « code is law » est le reflet des difficultés que nous risquons de rencontrer sur le métavers. Autrement dit, le code définit les règles du jeu. Ce qui est techniquement possible sera fait par les utilisateurs. Cela englobe toutes les actions malveillantes imaginables. L’espace sera d’autant plus dangereux que le code le permettra ou non. Les infractions traditionnelles s’appliquent à l’univers virtuel, mais les conditions d’exécution sont tout autre.

Notons que près de 40 % des utilisateurs souffrent de la cybernétose : un mal de la réalité virtuelle qui se traduit par des nausées, vertiges. Les évolutions technologiques devront trouver les parades pour réduire ce phénomène. Dans le cas contraire, le métavers ne serait plus accessible à tous.

L’interopérabilité des technologies et des univers virtuels est un travail colossal. Il est difficile de penser à court terme qu’un métavers unique rende compatible le partage de NFT et la transition d’un univers à un autre. Si des intérêts sont convergents, d’autres sont divergents. À ce stade, il est difficile de savoir si les acteurs majeurs auront la volonté de travailler en symbiose. Méta semble s’ouvrir à la création d’un écosystème autour du métavers, mais nous ne savons pas ce qu’il en sera à plus long terme.

Déviances

Les rapports alertant sur les déviances liées aux métavers se multiplient ces derniers mois. De toute évidence, la sécurité et l’éthique nécessaire pour gouverner ces espaces sont partiellement hors de nos capacités. Une nouvelle fois, nous allons avancer progressivement pour faire du métavers un espace de confiance.

Le casque de réalité virtuelle dispose de caméras de surveillance permettant à la fois de traquer les yeux de l’utilisateur, mais également son environnement. Les vidéos de l’intérieur de nos logements (privés et professionnels) sont donc possiblement collectées et peuvent être accédées par des pirates ou des organismes malintentionnés.

Le marketing sensoriel pourrait utiliser les données de dilatation des yeux pour analyser la réaction face à un produit et s’en servir pour du marketing ultra-personnalisé. L’émotion est vectrice d’action et bien souvent d’achat. Toutefois, une perte de contrôle de l’utilisateur est possible. Ce dernier, submergé par une émotion effectuerait une dépense non-rationnelle mettant en danger sa santé financière (e-casino, terrain virtuel, etc.).

Le mécanisme du play to earn a déjà montré ses dangers avec des joueurs s’étant ruinés pour posséder un artéfact virtuel perdu ou simplement dévalorisé. Ce type de mécanismes entraîne les utilisateurs dans une boucle de dépendance où les récompenses encouragent sans cesse à recommencer et dépenser du temps et de l’argent sur la plateforme. Ce type de mécanisme doit être contrôlé pour éviter les déviances.

De nombreux cas de vols de cryptomonnaies ont été recensés. Il est important de préciser que si la technologie de base (la blockchain) est très difficilement piratable, ce n’est pas le cas des services de gestion de vos actifs, d’investissement ou tout autre Dapps dont le fonctionnement ne serait pas totalement sécurisé. La plupart du temps, sur les plateformes d’exchange, vos clés privées y sont stockées. Vos valeurs sont donc susceptibles d’être piratées.

Des cas d’agressions et de violences ont été reportés sur le métavers. Des propos déplacés, des cas de cyberharcèlement et même de viols ont été révélés. Le niveau de traumatisme de ce type de situation est mal évalué à ce jour et nous ne connaissons pas les conséquences de ce type d’actes.

L’empreinte environnementale d’un univers virtuel tel que le métavers est un sujet d’extrême importance. La consommation électrique de nos blockchains est très variable. Certaines sont peu coûteuses en énergie, tandis que d’autres sont énergivores. Il semble inconcevable de créer un univers virtuel ruinant l’avenir de notre planète à l’époque même où une prise de conscience vient de s’engager.

Comme pour les précédentes versions du web, il existe de nouveau un risque de fracture digitale. L’inclusion est une lutte menée par Time Berbers Lee depuis des années. Il faudra à nouveau s’assurer de rendre accessible le métavers à tous, continuer à démocratiser l’accès à l’internet et permettre aux plus démunies l’accès aux technologies permettant de les accueillir convenablement dans l’univers virtuel. Ces actions n’ont de sens que si elles sont menées conjointement avec le soutien sanitaire des populations défavorisées. La santé et l’éducation restent prioritaires, mais pourraient également être impactées par l’arrivée du métavers.

La gestion des fausses informations, la prévention contre la radicalisation, la lutte contre des armées virtuelles sont également des combats qu’il faudra désormais mener dans le métavers.

Question d’identité humaine

Aujourd’hui, l’homme dispose d’un jumeau numérique. Nous connaissons ce concept chez les industriels qui modélisent et répliquent en temps réel les comportements des pièces sur ordinateur afin d’anticiper la maintenance, la fatigue et le risque de casse.

L’homme a mis son semblable en équations. Sans même analyser nos ondes cérébrales, les professionnels et en particulier les géants du web possèdent des modélisations précisent et fiables de nos comportements (p. ex. algorithmes de Kosinski sur Facebook, la segmentation, algorithmes de prédiction, vision client 360°).

Dans le cas de Facebook, Kosinski indique qu’avec 10 likes, l’algorithme vous connaît mieux que vos collègues. Avec 100, il vous connaît mieux que votre famille. Et avec 230, il vous connaît mieux que votre conjoint.

En tirant le fil, on peut imaginer qu’à chacune de nos actions, notre jumeau s’ajuste et s’enrichit de nos comportements en ligne. Demain, il sera possible de traquer la position et le niveau de dilatation de nos yeux pour recenser nos émotions derrière un casque virtuel.

La physique quantique nous a appris que des particules intriquées sont liées au point d’avoir des états dépendants, et ce, même si elles sont séparées dans l’espace (cette propriété est d’ailleurs exploitée dans le cadre des ordinateurs quantiques qui promettent l’avenir de nos communications). Les particules sont alors dites jumelles. Nos jumeaux numériques pourraient-ils influencer notre comportement comme pour le contrôler à l’image du domaine quantique ?

L’homme se digitalise en injectant à chaque nouvelle avancée un peu plus de cette réalité naturelle sur des puces de silicium.

Nous utilisons l’expression « Code is law » — « le code est la loi », pour indiquer que le programme fait office de régulateur. Tout ce que le code permet sera envisagé par les acteurs intégrant le métavers et tout ce que les utilisateurs auront la possibilité de faire d’un point de vue technique sera fait un jour ou l’autre dans le métavers. Trop souvent, les problèmes éthiques, moraux ou juridiques ne sont compensés que par des mises à jour de code.

Questions d’identité de marque

Sans même être présentes dans le métavers, les marques doivent prendre certaines mesures afin d’éviter des difficultés futures quant à leur identité de marque.

À l’image d’une entreprise qui n’avait pas de sites web au début des années 2000, n’importe qui peut créer un domaine à votre place et l’alimenter avec des données erronées ou se servir de son prestige à votre insu. Cela est d’autant plus dangereux que de la monnaie virtuelle circule sur le WEB 3.0. Il est donc essentiel de protéger sa place sur cet espace.

Il est recommandé de déposer son nom de domaine ethereum. En effet, le dépôt du nom d’une marque pour un domaine en .eth n’est pas contrôlé. Il est donc possible que votre marque ne puisse plus accéder au nom de domaine privilégié. Le dépôt d’un nom de domaine peut être effectué sur https://ens.domains/fr/. Ces derniers peuvent être utilisés pour stocker des fichiers (et donc un site web), mais également comme identifiant de votre portefeuille numérique.

Enfin, il faut s’assurer que le dépôt de votre marque concerne bien les produits et les services virtuels. Cela dans le but de lutter contre une éventuelle contrefaçon sur des produits numériques. Vérifiez en particulier les classes 9, 35, 36, 42. Si ce n’est pas le cas, il pourrait être important de le faire rapidement. Vous pouvez consulter un aperçu du contenu de la 10e édition de la classification internationale des produits et des services aux fins de l’enregistrement des marques.