Datacentres : plus de croissance et moins de carbone pour la France

Selon une étude d’Accenture, le numérique représente déjà plus d’un cinquième du PIB mondial, et une meilleure exploitation de ses atouts technologiques permettrait à la France d’augmenter son PIB à hauteur de 70 milliards d’euros d’ici à 2020, soit 3,1 % de plus que les prévisions.

Le gouvernement avait annoncé, le 20 septembre dernier, un projet de baisse de la fiscalité énergétique des Datacentres via une réduction de la taxe sur la consommation intérieure d’électricité (TICFE), qui passera en 2019 de 22,5 euros par MW/h actuellement à 12 euros par MW/h. L’amendement concernant ce projet a été voté le 18 octobre à l’Assemblée. L’impact de cette décision sur la compétitivité de la France ne doit pas être sous-estimé. Elle montre que le gouvernement accélère le développement de l’économie numérique, enjeu capital pour l’avenir de la nation.

 Le Datacentre au cœur des innovations

Les Datacentres font partie de ces atouts : ils offrent aux entreprises – opérateurs télécoms, fournisseurs de services cloud, start-ups, etc. – une sécurité renforcée, des coûts moindres, une meilleure conformité pour leurs données et des performances accrues grâce à des temps de latence très faibles et des bandes passants infinies. En réunissant au sein de leur écosystème les acteurs de la transformation digitale, les Datacentres facilitent les échanges de flux et les interconnexions, qui sont le socle sur lequel reposent toutes les innovations récentes, qu’il s’agisse du Big Data, de l’Internet des Objets, de l’analytique, de la mobilité ou encore de l’intelligence artificielle. Ces technologies d’avenir, cruciales pour la performance future de notre économie, ne peuvent éclore qu’au sein des écosystèmes créés dans les Datacentres.

Un boost pour l’économie du pays

Prenons l’exemple d’Amazon et de Microsoft qui, en septembre de l’an dernier, ont annoncé leur intention de localiser en France des serveurs pour leurs services de cloud respectifs AWS et Azure. Dans la foulée de cette annonce, les projets de migration vers le cloud se sont multipliés dans les grandes entreprises françaises. Comme l’Irlande et les pays scandinaves avant elle, la France a compris qu’il fallait favoriser ce déploiement numérique sur son territoire. Et les résultats sont là : l’Hexagone devrait compter 20 nouveaux Datacentres d’hébergement informatique et de cloud d’ici à 2020, ce qui portera leur nombre à environ 200, selon une étude récente de Xerfi. Une aubaine pour notre pays car, au-delà de leur potentiel d’accélérateur de croissance technologique, les Datacentres jouent également un rôle important dans l’économie à travers leurs investissements en infrastructures et les nombreux emplois qu’ils créent.

Pour la compétitivité de la France et la croissance du numérique, les bénéfices de la mesure fiscale prise par le gouvernement sont donc clairs. Mais qu’en est-il de l’impact écologique ? N’est-il pas polémique d’abaisser la fiscalité énergétique alors que les inquiétudes liées à l’environnement se font plus pressantes ? La réponse est non, pour deux raisons.

Une efficacité énergétique accrue

La première est que, en échange de la baisse du taux de la TICFE, les Datacentres vont continuer d’investir dans l’amélioration de leur efficacité énergétique. Concrètement, la filière s’est engagée à réduire son PUE (Power Usage Effectiveness) – un indicateur reconnu d’efficacité énergétique – de 15 % d’ici à 2022, même si ces efforts de réduction du PUE ne sont pas un compromis récent : ils ont toujours été au cœur des préoccupations des acteurs du secteur.

Ni gouffre ni ogre dévoreur d’énergie

La deuxième raison est que, contrairement à une idée reçue, les Datacentres ne sont pas – et n’ont jamais été – des "gouffres" énergétiques. Tout d’abord, l’efficacité énergétique d’un Datacentre est en moyenne deux fois supérieure à celle de tout autre type d’hébergement. Comparons le Datacentre avec une entreprise qui crée une salle technique dans ses locaux : le PUE du premier va se situer en moyenne entre 1,2 et 1,6, alors que celui du second sera très souvent supérieur à 2. En d’autres termes, le ratio entre l’énergie consommée et celle dont les serveurs ont besoin pour fonctionner se rapproche de 1 pour 1 dans les Datacentres modernes, alors qu’il dépasse 1 pour 2 dans une salle technique moins bien gérée. Et le delta de ce ratio a toujours existé ! Après tout, un Datacentre ne fait que consommer l’énergie nécessaire aux tâches que vous et moi lui réclamons, ni plus ni moins. Certes, la filière des Datacentres est électro-intensive, tout comme le sont de nombreux pans de l’économie (métallurgie, transports, etc.)

Compétitivité accrue pour la France dans la course à l’innovation et empreinte carbone améliorée pour les Datacentres : la décision du gouvernement est clairement un accord gagnant-gagnant, porteuse d’un potentiel de croissance salutaire pour l’économie nationale.