SSII : menaces sur l'emploi La tentation de l'offshore

Des contrats avec 90% de la prestation en offshore

Ces pressions des clients obligent également les SSII à rechercher de la main d'œuvre moins coûteuse dans des pays low-cost. Une tendance forte qui s'amplifie chez certains acteurs comme Capgemini. La société a indiqué lors d'une présentation de ses perspectives 2009 avoir gagné de récents contrats de TMA avec parfois jusqu'à 90% des prestations offshore.

Conséquence directe, CapGemini aura le mois prochain plus d'effectifs en Inde qu'en France, de l'aveu même de Paul Hermelin, le directeur général de l'entreprise.

"De grandes SSII comme CapGemini, Steria ou Logica bloquent des recrutements en France pour favoriser l'offshore", (Régis Granarolo, Munci)

Nul doute que cette situation pèse sur l'emploi informatique en France, mis en concurrence avec des emplois indiens.

"De grandes SSII françaises comme CapGemini, Steria ou Atos bloquent des recrutements en France pour favoriser l'offshore", dénonce Régis Granarolo, président du Munci.

Se basant sur une étude de Pierre Audoin Consultants, le Munci avance que l'offshore français représenterait environ 24 000 emplois, soit plus que le nombre de demandeurs d'emploi dans le secteur informatique.

Cette même étude de PAC montre que sur la période 2009-2010, "la croissance moyenne [ndlr de l'activité offshore] pourrait dépasser les 50 % et l'offshore indien atteindre 16 500 ETP [ndlr Equivalent Temps Plein] en 2010".

Régis Granarolo prévient sur ce point : "si l'emploi se dégrade, on doit s'attendre à une guerre contre l'offshore en 2009. Pour la première fois, l'offshore devriendra un sujet de préoccupation majeure, et il y aura de fortes tensions sociales".

L'immigration informatique : une nouvelle réalité

Autre phénomène lié à la mondialisation des activités de service informatique, l'arrivée, certes limitée, mais néanmoins réelle, d'une immigration qualifiée sur le marché de l'informatique en France. Ce mouvement fait suite aux lois sur l'immigration qualifiée, destinées à combler la pénurie d'informaticiens sur certains profils de postes mis en avant ces dernières années par le patronat.

"Nous sommes devenus très critiques sur ces initiatives, car cela pose des problèmes de dumping social, avec des prestations parfois sous payées. Par ailleurs, il faut dire que la méthode de sélection des postes à pourvoir est discutable, ce qui a amené à de mauvaises évaluations des besoins réels" explique Régis Granarolo.

La nouvelle conjoncture économique, bien moins favorable, devrait remettre en question cette immigration sélective sur des postes où l'offre se raréfie, et migre elle même à l'étranger.