Trois managers IT s'expriment sur le rachat de Sun par Oracle Patrick Buttin (Logica) : "Un big bang sur les couches techniques est peu probable"

JDN Solutions. Quelles ont été vos premières impressions concernant ce rachat ?

Patrick Buttin. Il apparait opportuniste suite à l'échec du rachat de Sun par IBM. Cela étant, à la vue de la cadence impressionnante du nombre de rachats effectués par Oracle sur les 3 dernières années, la surprise est quand même quelque peu émoussée.

Les synergies sont elles très fortes. On peut y voir là une véritable étape supplémentaire dans l'intégration verticale des applications aux disques durs. Je pense en tous les cas qu'Oracle est le mieux positionné en tant qu'acteur complet du marché, devant IBM qui n'a pas d'ERP et Microsoft qui est absent sur la partie matériel.

Quelles sont les conséquences directes pour vous d'un tel rapprochement ?

Nous sommes habitués à proposer des offres hybrides multi-éditeurs sur les applications, le middleware, même aussi sur le matériel. Bien qu'étant partenaire majeur d'Oracle, nos offres sont avant tout pensées en termes d'adéquation au besoin client, plutôt sur une base best-of-breed.

"En tant qu'intégrateur, nous ne pouvons voir que d'un bon œil notre partenaire renforcer encore son offre"

Par ailleurs nos clients font souvent des choix matériels indépendants des solutions applicatives, choix auxquels nous nous adaptons. En tant qu'intégrateur, nous ne pouvons voir que d'un bon œil notre partenaire renforcer encore son offre.

Craigniez-vous une refonte de fond en comble de leurs gammes produits ?

Oracle a une stratégie claire sur les applications et le middleware, et il tentera d'y intégrer maintenant la problématique matérielle ce qui pourrait être moins complexe que prévu.

L'expérience sur la partie applicative montre qu'Oracle sait faire perdurer des solutions potentiellement concurrentes comme avec les ERP JD Edwards, PeopleSoft et eBusiness Suite.

Je ne crois pas à un big bang sur les couches techniques, mais plutôt à une refonte progressive en utilisant les points forts de chaque élément, comme c'est le cas actuellement sur le SOA entre les produits BEA et Oracle Fusion Middleware.

Les clients ne perdront pas ou très peu en termes de choix, et ils y gagneront en termes d'intégration. Sur le prix, Oracle n'est pas en position de monopole : lors des achats de licences, les leviers de négociation seront meilleurs pour les clients avec Oracle plutôt qu'avec un nombre élevé de fournisseurs différents. Surtout si la notion de bundle déjà existante entre licences applicatives et techniques est étendue au hardware.

Patrick Buttin est directeur des activités Oracle France chez Logica France.