Levées des start-up 2020 : les fonds se recroquevillent, l'Etat s'éparpille

Levées des start-up 2020 : les fonds se recroquevillent, l'Etat s'éparpille Alors que les investisseurs privés ont réduit le nombre de start-up qu'ils ont financées, Bpifrance a participé à 18% des levées de fonds organisées en 2020.

Si les fonds levés en France en 2020 ne se sont pas effondrés (ils sont même en légère croissance, d'après notre baromètre 2020), c'est en partie grâce à l'Etat. Car avec le dispositif French Tech Bridge, Bpifrance a incité les fonds d'investissement à soutenir des start-up de leur portefeuille, en s'engageant à apporter 50% des fonds d'une opération de financement, pour une enveloppe totale de 160 millions d'euros. S'il est difficile de connaître le détail des montants investis par le secteur public et le secteur privé dans les start-up en France, on peut en revanche savoir dans combien d'opérations ils sont impliqués. Comme le montre notre analyse, basée sur le baromètre mensuel des levées de fonds du JDN, l'Etat a en partie pris le relais des fonds d'investissements.

En effet, si les montants levés sont en légère hausse en 2020, le nombre d'opérations est lui en baisse, ce qui veut dire que les investisseurs ont en moyenne participé à moins de levées de fonds, mais les ont mieux financées. Cependant, lorsque l'on regarde dans le détail, une différence majeure apparaît : les investisseurs privés (fonds d'investissements et entreprises, hors business angels) ont réduit le nombre d'opérations qu'ils ont financées de 4 %, tandis que les fonds publics (principalement Bpifrance et la Caisse des dépôts), ont augmenté leur nombre d'investissements réalisés cette année de 28% par rapport à 2019.

-4% d'opérations pour le privé, +28% pour le public

A elle seule, Bpifrance a participé à 105 levées de fonds cette année, contre 79 en 2019. La banque publique d'investissement a donc investi dans plus de 18% des start-up ayant levé des fonds en 2020, contre moins de 12% en 2019. Les fonds territoriaux, montés la plupart du temps par des régions, n'ont pas été pris en compte dans le calcul, car leur financement est le plus souvent à la fois privé et public. A titre d'information, ils ont réduit leur nombre d'investissements dans les start-up de 25% en 2020, passant de 60 à 45 opérations, toujours selon les données de notre baromètre.

Si l'on s'intéresse aux plus gros investisseurs de 2019 (ceux ayant participé à au moins dix levées de fonds), on remarque que la plupart de ceux du privé ont réduit la voilure en 2020. Avec de fortes baisses du nombre d'investissements chez des fonds comme Daphni (-82%), Serena (-38%) ou Kima (-31%) ou dans des banques comme Crédit Agricole (-34%). Parmi les rares investisseurs à avoir augmenté le nombre d'opérations auxquelles ils ont participé, on trouve donc Bpifrance, le fonds Elaia Partners, Crédit-Mutuel-CIC, la Caisse des Dépôts, ainsi que la Région Paca et BNP Parisbas. Si les fonds privés sont restés le principal moteur du financement des start-up en France en 2020, l'Etat a tout de même renforcé son rôle : minoritaire, mais de plus en plus indispensable.