Meilleurs extraits : "On m'avait dit que c'était impossible", de Jean-Baptiste Rudelle, CEO de Criteo Sur les impôts en France

"Voici un scoop pour le lecteur français (mais aussi américain, qui ne se doute pas qu’il peut être plus taxé qu’au pays des 75%). Le fait pour moi d’être devenu résident américain a considérablement alourdi ma facture fiscale. À la fois pour les impôts sur le revenu, dont le taux marginal sous le soleil californien dépasse les 50%, mais surtout pour les gains en capitaux, c’est-à-dire les plus-values sur les ventes d’actions, qui représentent la plus grande partie de mes revenus. Dans ce domaine, la situation est en faveur très nette de la France. Sous les mandats Obama, l’impôt sur les plus-values est en effet passé à 37% une fois qu’on cumule la part fédérale et ce qu’il faut verser en plus à l’État de Californie. En France, dans mon cas de société de croissance, il n’était que de 25%. Sur des gros montants de plus-value, la différence devient vite très importante.

Pour les stock-options, la différence de traitement est encore plus frappante. En Californie, les stock-options sont considérées comme du salaire, et taxées très logiquement au même taux marginal de 50%. On est très loin du sympathique taux de 33% dont bénéficient, à l’heure où j’écris ces lignes, les bons de souscription (BSPCE), qui sont l’équivalent très attractif des stockoptions à la française. Au final, il est assez savoureux de constater que ce qui a été décrié comme une absurdité économique en France (à savoir taxer les gains en capitaux comme du salaire) est un standard bien accepté en Californie, l’archétype du capitalisme technologique.

Enfin, dans les milieux privilégiés en France, il est bien sûr de bon ton de se lamenter sans fin sur le terrible impôt sur la fortune (ISF), en oubliant de préciser qu’il est indexé sur les revenus, ce qui permet à beaucoup de riches rentiers d’y échapper presque complètement. D’ailleurs, ce que les pourfendeurs de l’ISF ne disent pas, ou ne savent pas, c’est que la Californie impose chaque année tous les biens immobiliers à plus de 1% de leur valeur. Une pareille ponction fiscale en France, où la résidence principale constitue le principal patrimoine d’une très large majorité de contribuables, déclencherait une véritable révolution."