Anthony Bourbon (Blast.Club) "L'objectif avec Blast.Club est d'investir 100 millions d'euros par an dans des start-up"

Fondateur de Feed et désormais du club d'investissement Blast.Club, Anthony Bourbon explique les ambitions de son nouveau projet de démocratisation de l'investissement dans les start-up.

JDN. Après avoir fondé Feed, vous souhaitez démocratiser l'investissement dans les start-up avec Blast.Club. Quel est votre objectif avec ce projet ?

Anthony Bourbon est le fondateur et CEO de Blast.Club © Blast.Club

Anthony Bourbon. Blast.club est un club d'investissement qui compte 3 500 adhérents, et plus de 15 000 personnes sur liste d'attente. Notre objectif est de permettre à des petits porteurs d'investir dans des start-up à fort potentiel. L'investissement dans les start-up est la classe d'actifs la plus rémunératrice en Europe sur ces dix dernières années, si on la compare à l'immobilier ou à la bourse. Pour autant, la majorité des gens n'y ont pas accès. Les fonds d'investissements se concentrent souvent sur les individus à hauts revenus, pouvant investir des montants entre 200 000 à 400 000 euros. Avec Blast.Club, notre souhait est de permettre à tout le monde de pouvoir investir dans de belles start-up et, indirectement, de créer de l'emploi en France.

Comment vous différenciez-vous des plateformes de crowdequity ?

Le problème actuel avec les plateformes de crowdequity est qu'elles proposent souvent des dossiers peu qualitatifs avec des start-up qui n'ont généralement pas réussi à convaincre des business angels ou des VCs. C'est la raison pour laquelle les start-up qui ont de bons dossiers refusent d'être référencées sur ces plateformes. Il est très rare de voir un fonds d'investissement renommé co-investir avec une plateforme d'equity crowdfunding.

Avec Blast.Club, nous voulons que les fondateurs de start-up trouvent valorisant de se financer chez nous. Le pari est déjà réussi puisque Blast est co-investisseur avec plusieurs fonds européens et américains de renom sur plusieurs de nos premiers deals. Enfin, contrairement aux produits financiers proposés par les banques, nous investissons dans les start-up que nous proposons aux adhérents et nous gagnons de l'argent seulement en cas de plus-value. Nos intérêts respectifs sont donc alignés.

Quelle est la stratégie d'investissement et quels secteurs ciblez-vous en priorité  

Nous étudions tous les secteurs avec une approche assez opportuniste dans un objectif de maximisation du ROI. Au cours des six derniers mois, Blast a investi dans la foodtech, le SaaS, le dating, etc. Nous essayons de proposer à nos membres un panel de projets varié avec des dossiers risqués et d'autres moins. Nous accordons un intérêt particulier aux secteurs porteurs tels que la décarbonation, l'économie verte, le spatial, etc. Notre objectif est d'avoir un coup d'avance sur le reste du marché en conservant une cadence de trois à quatre investissements par mois.

Quels montants prévoyez-vous d'investir ?

Notre objectif est de déployer 100 millions d'euros par an. Ce montant est la somme totale des allocations de nos 3 500 membres. Blast se concentre essentiellement sur l'early stage avec des tickets moyens entre 500 000 et 5 millions d'euros. Depuis le début de l'année, nous avons investi près de 30 millions d'euros. Il nous reste donc entre 60 et 70 millions à investir. 

Quelles sont les différentes étapes avant d'aboutir au financement d'une start-up ?

Le fonctionnement est simple : tous les mois, Blast Club présente 3 à 4 opportunités d'investissement à nos membres dans lesquelles j'ai personnellement décidé d'investir. Les adhérents sont libres d'investir à mes côtés un certain montant en fonction du niveau de membership choisi. Ils bénéficieront des mêmes conditions. Nos algorithmes vont calculer le montant maximal pouvant être investi par chaque membre afin qu'une majorité de personnes puissent avoir l'opportunité d'investir.

Selon l'abonnement choisi, certains adhérents ont la possibilité d'utiliser un bon de priorité garantissant leur investissement dans des projets coup de cœur, même si la levée est sursouscrite. Pour chaque investissement, un SPV (véhicule d'investissement, ndlr) dédié est créé. J'en devient le président afin de représenter les membres de Blast Club au conseil d'administration des start-up. En cas de décisions à prendre, un vote interne est réalisé avec tous les actionnaires.

Comment fonctionne ce système de membership ?

Chaque adhérent dispose d'une allocation spécifique en fonction du niveau de membre choisi. Il y en a cinq, allant du Bronze jusqu'au Diamant. Le pack Bronze coûte 1 000 euros et permet d'investir 10 000 euros dans l'année alors que le pack Diamond coûte 10 000 euros et donne droit à 300 000 euros d'investissement par an. Un adhérent Bronze peut investir 2 000 euros maximum par dossier quand un adhérent Diamant peut en mettre 80 000. A chaque nouvelle opportunité d'investissement, les membres sont notifiés par email, et peuvent consulter le pitch deck complet ainsi qu'une analyse rédigée par mes soins expliquant les raisons qui m'ont motivé à investir dans cette start-up, ainsi que les risques. Enfin, il leur est également possible d'assister au pitch en visioconférence avec l'équipe fondatrice.

Quel est le profil type des adhérents de Blast.Club ?

Ils sont très différents, avec des membres qui investissent 10 000 euros par an et d'autres qui cumulent jusqu'à trois abonnements pour pouvoir investir 1 million d'euros dans l'année ! Nos membres sont répartis un peu partout en France. Il s'agit d'une communauté très engagée, comme nous le constatons sur nos canaux Discord et nos réseaux sociaux. Très souvent, nos adhérents deviennent de fervents supporters des entreprises dans lesquelles ils investissent. 

Comment Blast.Club génère-t-il des revenus ?

De deux manières. D'abord grâce à la vente des memberships. Ces droits d'entrée nous permettent de couvrir les frais de structuration. Blast comptera une vingtaine de collaborateurs dont des avocats, chefs opérationnels, analystes expérimentés, ou encore conseillers en gestion de patrimoine. Nous voulons être en mesure de pouvoir répondre aux nombreuses questions que se posent les adhérents, par exemple sur la fiscalité.

La deuxième source, qui nous permet de générer du bénéfice, c'est le carried interest, qui est un pourcentage perçu sur les plus-values de cession des investissements réalisés. Nous prélevons 20%, soit un taux dans la moyenne du secteur. Celui-ci est d'ailleurs assez indolore pour un membre qui aurait réalisé un multiple de 8 ou 10 par rapport à son investissement initial.

Comptez-vous, à terme, apporter davantage de liquidité en facilitant la revente de ces parts ?

Nous réfléchissons effectivement à créer un marché secondaire car l'un des problèmes de l'investissement dans les start-up est le manque de liquidité. Un investisseur early stage peut parfois patienter cinq ou dix ans après son investissement initial pour réaliser une exit, par exemple à l'occasion d'une IPO. Il est important de pouvoir matérialiser sa plus-value, comme j'ai pu le faire au cours de ma carrière en proposant à de plus gros investisseurs de racheter mes parts avec un rabais lors d'une entrée en Serie A ou Serie B. A terme, nous pourrions par exemple faciliter ces exits en permettant à nos membres de revendre leurs parts à des non-adhérents à travers une sorte de bourse dédiée aux start-up.

Quelle est votre méthode pour sourcer les meilleurs projets ?

Les start-up sont devenues une classe d'actifs très recherchée mais les banquiers ne peuvent le proposer car ils n'y ont pas accès. En réalité, l'aspect le plus difficile de cette catégorie d'investissement, c'est le sourcing, à savoir l'accès aux dossiers. J'ai la chance d'être aujourd'hui assez médiatique, grâce à mes différentes activités et notamment l'émission " Qui veut être mon associé" sur M6. Outre mon réseau personnel dans l'écosystème, qui me permet d'avoir accès à des dossiers intéressants, j'ai également mis en place un système de rémunération. Si quelqu'un m'envoie un projet dans lequel j'investis, il percevra 0,75% du montant levé. Ce petit hack me permet d'attirer une grande partie du flux de projets en France, voire même en Europe.

Quels sont vos arguments pour convaincre les startups de lever avec Blast.Club ?

Nous apportons beaucoup de flexibilité aux start-up. Je suis moi-même entrepreneur avec Feed et je sais à quel point les start-up ont besoin d'aller vite lorsqu'elles cherchent des fonds. Pourtant, il faut généralement compter six mois, pour laisser le temps d'effectuer le road show, réaliser les audits, négocier les clauses, etc. Chez Blast, nous offrons aux entrepreneurs la possibilité d'avoir un versement des fonds très rapide, à la condition de bénéficier de conditions préférentielles d'investissement.

Quelles sont les prochaines étapes pour Blast.Club ?

L'objectif est que Blast ne repose pas entièrement sur mes épaules. Nous voulons également que la communauté puisse s'auto-gérer, comme c'est déjà le cas sur nos canaux Discord. Nous souhaitons faire de Blast.Club une entreprise horizontale en permettant à nos membres de devenir des initiateurs, en organisant par exemple des événements dans leurs régions. Certains sont d'ailleurs advisors de certaines entreprises que nous avons financées.

A terme, nous pourrions imaginer des membres représenter Blast au conseil d'administration de certaines entreprises en fonction de leurs compétences. Enfin, nous souhaitons nous entourer d'une dizaine d'experts et leaders sectoriels, avec notamment des fondateurs de licornes, afin d'apporter toujours plus d'expertise à nos adhérents. C'est notamment le cas avec Eric Larchevêque qui dispose d'une connaissance fine des secteurs hardware et Web3.

Anthony Bourbon est le fondateur et CEO de Blast.Club. Auparavant, il a créé Feed en 2017, une marque foodtech française. A cette occasion, il lève près de 40 millions d'euros et fait rentrer Pepsi au capital de l'entreprise en 2020. Il est également auteur et business angel. Depuis 2020, il est membre du jury de l'émission "Qui veut être mon associé ?" diffusée sur M6.