"Carrefour des illusions", les meilleurs extraits Un scandale et une nouvelle direction

Daniel Bernard perd la direction de Carrefour, remplacé par un directoire présidé par Jose Luis Duran et dont l'auteur de ce livre, Jacques Beauchet, fait partie. Lors de l'assemblée générale qui entérine notamment la nouvelle direction, éclate l'affaire des indemnités de Daniel Bernard. Un scandale qui aurait pu facilement être évité.

Ils sont riches. Non, ils sont très, très riches. Ils finissent par poser des questions, par jeu.

"Il y a derrière moi, parmi un banc d'actionnaires agités, un trio un peu particulier. Ils sont dissipés, font des commentaires et, bien qu'ayant environ la cinquantaine, ils ricanent comme des potaches. Ils ont en commun d'être les héritiers des fondateurs de Casino pour le premier, de Promodès pour le second et de Carrefour pour le troisième. Ils sont donc riches. Non, ils sont très, très riches. Ils finissent par poser des questions, par jeu. Et c'est une sorte de concours, dont l'un d'entre eux va sortir grand vainqueur, sans l'avoir vraiment voulu. Il se lève, prend le micro et pose une question simple, apparemment technique, qui ne devrait poser aucun problème à Luc, José Luis ou même Eric Reiss : "A quoi correspondent les provisions pour engagements de retraite indiqués dans votre rapport de gestion ? S'agit-il de ce qui est prévu pour la retraite chapeau de Daniel Bernard ?" Il suffisait de répondre que le montant en question correspondait effectivement aux engagements de retraite d'un ensemble de cadres dirigeants du groupe, dont Daniel Bernard, puis de passer à une autre question. Il n'y aurait pas eu de relance et on aurait évité un scandale national. Au lieu de cela, Luc décide de répondre en se centrant sur le cas de Daniel Bernard et en allant beaucoup plus loin que la question posée.

tout s'est joué lors de l'ag.
Tout s'est joué lors de l'AG. © Ryan McVay / Lifesize / Thinkstock

Dans un élan de transparence, et oubliant qu'il n'était plus à Londres, où l'on est relativement décomplexé vis-à-vis des questions de rémunération, mais à Paris, il répond que Daniel Bernard touchera une retraite supplémentaire égale à 40% de son dernier salaire et qu'il faut pour cela provisionner 29 millions d'euros. Il ajoute très imprudemment que, par ailleurs, DB bénéficie d'une indemnité de non-concurrence de trois ans de salaire, soit un peu plus de 9 millions d'euros. C'est une catastrophe ! Un véritable tollé. Les insultes fusent : "Patrons voyous ! Honteux ! Scandaleux !..." Une journaliste de l'AFP sort de la salle pour passer une dépêche. Elle sera immédiatement reprise par tous les médias. " 

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