Laurent Baccouche (Salon des entrepreneurs) "C'est dans les moments de crise que de nouveaux marchés émergent"

Pour le commissaire général du Salon des Entrepreneurs, la création d'entreprise se porte bien en France, malgré une économie en berne.

Laurent Baccouche, commissaire général du Salon des Entrepreneurs. © Driss Hadria

JDN. Le Salon des entrepreneurs existe depuis 20 ans. Quelles principales évolutions de l'entrepreneuriat avez-vous constatées depuis le début de la crise économique en 2007 ?

Laurent Baccouche. Il y a de plus en plus de gens qui veulent créer leur boite. Il y a 20 ans, on voulait pousser les Français à entreprendre. Aujourd'hui cette envie se concrétise. La preuve : la création d'entreprise se porte bien, notamment depuis l'avènement en 2009 du régime d'auto-entrepeneur. Nous sommes à plus de 550 000 créations d'entreprise par an (contre 330 000 en 2008, NDLR). En parallèle, l'envie de créer son entreprise s'est développée : 25% des Français souhaitent un jour créer leur entreprise, soit 13 millions. Certes, quand on les interroge, ils ne sont que 2 millions à avoir un projet précis à deux ans mais, tout de même, la création d'entreprise se porte bien. Et elle pourrait se porter encore mieux. L'enjeu, aujourd'hui, c'est de faire grandir ces entreprises, qu'il s'agisse ou non de start-up.

 

A quel point la création d'entreprise est-elle portée par le chômage et est-ce une bonne chose ?

C'est toujours difficile de l'estimer. Je ne veux pas rentrer dans le débat "Si on crée sa boite par défaut, est-ce que ça a la même valeur que lorsqu'on connaît une période de forte croissance ?". A l'inverse, en 2000, à l'époque de la bulle Internet, on entendait dire que c'était facile de monter son entreprise. Peu importe la raison. Le chômage fait partie du parcours du créateur d'entreprise. Il est difficile de distinguer ceux qui sont des créateurs d'entreprise par défaut, qui ont créé leur entreprise parce qu'ils étaient au chômage, et ceux qui ont été forcés de passer par une période de chômage pour faire aboutir leur projet. L'esprit d'entreprise ne vient pas forcément a posteriori. C'est un processus. Ce que nous jugeons, ce sont les projets, pas les éléments déclencheurs.

 

"Les outils numériques sont un facteur de croissance. La France est en retard en la matière"

Comment le salon s'adapte à cette économie morose ?

En accompagnant ceux qui veulent créer, en leur donnant toutes les clés pour réussir. La création d'entreprise n'est pas en berne. Dans les moments de crise, c'est là que l'on refonde les idées, que de nouveaux marchés et de nouvelles façons de penser émergent. Difficile, par exemple, de dire si l'économie du partage est née de la crise ou de l'essor du web. Peu importe le cycle de l'économie, il y a toujours de la place pour que les entrepreneurs déplacent les marchés et en inventent d'autres.

 

Vous inaugurez cette année le Small Business Tech ? Qu'est-ce que c'est ? Pourquoi maintenant ?

Le Small Business Tech est un salon dans le salon. On est parti du constat que les outils numériques sont aujourd'hui un facteur de croissance. On le sait, la France est en retard en la matière : les PME et TPE sont en retard concernant les sites Internet et la gestion des réseaux sociaux pour se développer. Seules 43% des TPE ont un site actif (chiffres du début 2013, selon une étude Ispos, NDLR). Il faut intégrer ces outils-là, ne serait-ce que pour se faire connaître, remarquer, repérer. Notre mission est donc d'accompagner avec tous les acteurs, Salesforce et Google entre autres, cette nécessaire transition numérique de l'économie classique.

On a aussi créé dans le salon un programme dédié à l'émergence et à l'évènement des start-up : Start-up factory, dédié à l'accompagnement d'entreprises à potentiel qui n'ont pas les mêmes attentes en termes d'accompagnement et de financement, pas le même cycle de vie et pas les mêmes besoins que les autres.  Ce sont des acteurs qui ont notamment besoin de réseauter entre eux et nous voulions leur offrir cette possibilité.

 

Le Salon des Entrepreneurs se tiendra à Paris les 4 et 5 février 2015 au Palais des Congrès. Pour bénéficier d'une invitation gratuite, cliquez ici.