Journal du Net > Management >  Séminaires et conventions : ennui ou motivation ? (Stéphane Waller - Meltis)
ENTREPRISE Expert
 
23/02/2006

Par Stéphane Waller (Meltis)
Séminaires et conventions : ennui ou motivation ?

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  Meltis

Séminaire de fin d'année, convention, formation annuelle, journée au vert sont des rendez-vous incontournables utiles, attendus et culturels, mais pas toujours efficaces... Un jour, un directeur commercial me faisait part de sa frustration : les quatre jours de convention qu'il venait de passer avec son équipe aux Antilles s'étaient soldés par une démotivation générale. Un tel budget (euros, temps, énergie, mobilisation) pour un tel résultat, quelle déception ! Au contraire un autre directeur marketing, s'enthousiasmait, lui, de sa journée de travail créatif en Bourgogne.

Ces deux expériences sont familières à tous les managers. Reste une question essentielle : comment en arriver à des résultats si différents ? Dans le cadre de nos programmes de formation, nous nous sommes intéressés à ce problème en nous penchant, naturellement, sur les "styles" de participants. Cette démarche orientée marketing s'avère, à l'usage, très efficace. Nombreuses sont aujourd'hui les recherches qui placent le salarié dans un rôle de consommateur dès lors qu'il est dans un contexte peri-travail.

Schématiquement, trois profils de participants apparaissent : les "désabusés", les "redynamisés" et les "studieux". En prenant en compte ces trois profils, il est possible d'adapter le contenu et la forme des séminaires et conventions proposés aux salariés. Les entreprises qui sauront faire évoluer leurs programmes en conséquence peuvent donc espérer améliorer, sans dépenser plus, leur retour sur investissement "séminaires et conventions".

Essayons de comprendre ce que sont ces trois profils :

1. Les désabusé(e)s (30,5 % des participants)
Ce groupe est majoritairement constitué de femmes (68 %). L'ancienneté dans la même entreprise renforce la probabilité d'être parmi les désabusés. Plus les personnes participent à des séminaires, plus elles se montrent exigeantes et potentiellement mécontentes de la façon dont ces événements se déroulent.


Jusqu'à quel point on n'y perd pas son temps..."


On l'a compris, ces personnes ont du mal à mettre du positif dans les séminaires. Elles portent un jugement critique sur ceux auxquels elles ont participé et ressentent pour les séminaires un sentiment d'hostilité ou d'agacement. Cette position méfiante les empêche de s'y impliquer ou d'en tirer des bénéfices, aussi bien en termes de travail que de détente. 42 % de ces salariés insatisfaits jugent le nombre de séminaires effectués trop important et 48% se demandent jusqu'à quel point on n'y perd pas son temps.

On peut expliquer le peu d'attrait des séminaires pour ces personnes par plusieurs raisons :
- les avantages des séminaires leur semblent trop faibles au regard des contraintes qu'ils engendrent (par exemple, "pendant qu'on est parti, le travail s'accumule et ensuite il faut mettre les bouchées doubles");
- elles ont assisté à trop de séminaires de même style, assez passifs, avec une certaine routine ("on n'en voit plus l'intérêt ou la nécessité");
- comme elles n'ont jamais reçu beaucoup des séminaires, elles n'en attendent plus grand chose, or ce désabusement les rend peu réceptives à ce qui pourrait se passer de différent. L'entreprise doit être capable de leur proposer quelque chose de vraiment nouveau pour "secouer" leurs préjugés, en partie fondés;
- le fait qu'il y ait une grande majorité de femmes s'explique par leurs attentes plus grandes que celles des hommes, mais aussi par leurs difficultés personnelles, notamment leurs obligations familiales faisant de tout déplacement de moyenne durée un événement à anticiper.

2. Les redynamisé(e)s (41,6 % des participants)
Ce groupe est composé en majorité d'hommes (67 %). Les répondants travaillent à plus de 50 % dans la même entreprise depuis deux à six ans. Les personnes de ce groupe quittent les séminaires avec l'impression d'être à la fois plus impliquées et plus détendues. Elles ressentent une forme d'équilibre entre les deux aspects. D'après elles, les séminaires font une coupure avec l'activité quotidienne dans l'entreprise. Ils sont un moyen de ressourcement, qui permet de revenir au travail en ayant "soufflé un peu" et en trouvant une nouvelle impulsion.


Un plaisir intact, sans lassitude"


Comme on le voit, ce sont les personnes globalement les plus satisfaites des séminaires auxquels elles participent. Pour 52 % d'entre elles, le nombre de séminaires auxquels elles participent est convenable. En moyenne, elles assistent à moins de six événements par an, ce qui laisse un plaisir intact et n'engendre pas de lassitude.

Le fait qu'il y ait moins de femmes dans ce profil s'explique par le besoin qu'ont ces dernières d'équilibrer différemment leurs investissements personnels. Culturellement, les hommes sont plus habitués à tout vivre au travail (engagements, compétitions, plaisirs). Les femmes arbitrent avec la vie familiale et préfèrent s'en tenir, au travail, à des enjeux strictement professionnels. D'autres enquêtes montrent que les femmes cadres ont besoin de prouver leur détermination, de moins paraître se "relâcher".

3. Les studieux(ses) (27,8% des participants)
Ce groupe est "sexuellement" équilibré (54 % d'hommes, 46 % de femmes). 60 % travaillent depuis moins de cinq ans dans la même entreprise. 40 % estiment que des séminaires bien conçus peuvent permettre de gagner du temps. 45 % ont des séminaires une à deux fois par an. Ils assistent à un nombre restreint de rencontres de ce type. Ces moments restent relativement exceptionnels.

En savoir plus

Ce sont des personnes qui sont (ou jouent à être) sérieuses. Elles insistent sur les séminaires utiles, où l'on apprend des choses et l'on trouve une ambiance studieuse. Pour elles, c'est d'abord l'intérêt professionnel qui leur sert de critère d'évaluation des séminaires. Quand elles en tirent des apports réels (en termes de connaissances, d'informations ou de contacts), l'événement renforce leur implication au travail. En moyenne, ce groupe est composé de personnes encore jeunes dans l'entreprise, qui veulent montrer leur sérieux et leur volonté d'apprendre. Beaucoup ont encore besoin d'affirmer leur détermination à travailler.

Parcours

Stéphane Waller est le fondateur et directeur de Meltis, cabinet spécialisé dans la formation stratégique. Il a commencé sa carrière en 1992 au Canada, au sein du groupe Accor, en tant que responsable marketing B to B. En 1994, il devient responsable marketing d'Esthederm avant de rejoindre, en 1996, Novartis en qualité de chef de produit. En 1999, il fonde Meltis.


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