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15/09/2004
Les dirigeants découvrent les pièges des NTIC
L'autocritique se pratique aussi dans les entreprises. Microsoft a eu le courage de se lancer dans cette voie. Le groupe informatique a choisi pour thème de son deuxième observatoire français des présidents et directeurs généraux "L'impact des technologies de l'information et de la communication (TIC) sur le développement du capital humain de l'entreprise". Bilan : les technologies représentent aussi un danger pour les entreprises et les salariés. "Dans cette enquête, Microsoft avait une position ambiguë", admet Sandra Bellier, directrice de Capio (activité de veille en RH du groupe Adecco), directrice du développement e-business d'Adecco et membre du comité scientifique de l'observatoire. "Mais nous n'avons ressenti aucune pression. Nous avons pu travailler de manière libre. C'est un signe que ces préoccupations commencent à vraiment peser", insiste-t-elle. Premier constat de cet observatoire : l'impact des TIC semble évident pour la grande majorité des dirigeants
(93 %). "Mais nous avons constaté une nouvelle prise de conscience des dirigeants,
commente Sandra Bellier. Presque tous s'accordent à penser que les nouvelles
technologies ne constituent pas une solution en tant que telle pour
les relations humaines. Il ne s'agit pas de remettre en cause les TIC,
mais de chercher à en faire un outil également positif sur le plan
humain."
En tout, les dirigeants sont 77 % à considérer que la généralisation des TIC change la manière de manager les hommes. Ils sont cependant moins de la moitié à déclarer que les technologies ont simplifié, mais aussi complexifié, les relations de travail dans l'entreprise. Le mail est largement considéré comme un outil positif : 75 % des dirigeants estiment qu'il a fortement simplifié les relations humaines dans le monde professionnel.
Cependant, 40 % des présidents et directeurs généraux interviewés sont aussi conscients que les TIC introduisent une fracture numérique dans l'entreprise, certaines personnes ne parvenant pas à suivre l'évolution rapide des outils mis en place. Cette fracture fait partie des dangers identifiés sur la généralisation des technologies en entreprise. Autre danger : le sentiment d'urgence. Les TIC créent, selon 81 % des dirigeants interrogées, un sentiment d'urgence lié à la rapidité de transmission de l'information. Un état qui provoque un manque de recul pouvant entraîner des décisions non pertinentes, prises dans le mouvement. Le manque de prise de recul est d'ailleurs le principal défaut pointé par les personnes interviewées. En revanche, les TIC sont largement reconnues comme un outil favorisant le travail en équipe.
Fortement corrélé au sentiment d'urgence, le stress n'apparaît pas dans l'étude en tant que tel. Les dirigeants ont-ils mesuré l'impact des technologies sur le niveau de stress ? "Le stress a été évoqué de manière implicite. Mais la prise de conscience est moins forte dans ce domaine" reconnaît Sandra Bellier.
L'étude n'aborde pas, en revanche, les solutions possibles pour un meilleur usage des technologies. Faut-il changer les managers ? Les former ? "Ce n'est pas un problème de formation, réplique la directrice de Capio. Il faut mettre en place une nouvelle organisation du travail, en réintroduisant du temps, avec par exemple des réunions en face à face et des rencontres informelles." Autre amélioration possible, celle des technologies elle-mêmes. Un axe qui intéresse certainement Microsoft, qui ne pratique certainement pas l'autocritique pour rien.
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