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02/03/2005
Les incomprises de l'entreprise
"Faire un métier que j'aime". Pour vous, est-ce l'objectif professionnel numéro un ? Si oui, vous êtes probablement une femme. Si non, vous devez être un homme. Tel est le constat dressé par l'association Grandes écoles au féminin qui a interrogé des femmes sur leur perception du monde du travail. Une étude qui démontre que les hommes et les femmes ne s'accordent pas sur le sens de l'ambition, et que, aux yeux des femmes, l'entreprise reste faite par et pour les hommes. L'enquête réalisée entre juin et août derniers par Ipsos, auprès des anciennes de huit grandes écoles (Centrale, Ena, ESCP-EAP, Essec, HEC, Insead, Mines, Polytechniques), met tout d'abord en évidence une certaine incompréhension entre les femmes et les entreprises. "Nous retenons principalement de cette étude le décalage entre ce que sont réellement les anciennes des grandes écoles, ce qu'elles souhaitent et la perception qu'en ont les entreprises", analyse ainsi Véronique Préaux-Cobti, présidente de Grandes écoles au féminin. Première idée reçue pour les entreprises : les femmes sont moins disponibles que les hommes. Cette potentielle moindre disponibilité représente un frein fort à leur évolution pour 62 % des entreprises. Or, à temps plein, il s'avère que les anciennes des huit grandes écoles travaillent 50 heures par semaine en moyenne, dont six heures trente à domicile. A temps partiel, elles travaillent 37 heures par semaine, dont huit heures à domicile.
Deuxième idée reçue : les femmes sont moins mobiles, un frein fort pour 55 % des entreprises. Or, 71 % des anciennes de grandes écoles effectuent des déplacements dans le cadre de leur travail, en moyenne quatre jours par mois. 20 % d'entre elles vivent même à l'étranger. Troisième idée reçue, toujours pour les entreprises : les femmes sont moins ambitieuses que les hommes. 35 % des entreprises estiment ainsi qu'une moindre ambition des femmes dans leur carrière représente un frein fort. Or, pour 62 % des femmes ayant répondu à l'enquête, la réussite se résume avant tout à la carrière professionnelle.
Les anciennes de grandes écoles ressentent également
un décalage entre l'attitude des hommes et des femmes au
travail. 83 % des participantes estiment que "faire le
métier que j'aime" est primordial pour une femme, contre
33 % pour un homme. Aux yeux des femmes, les hommes seraient
plus intéressés par le pouvoir et l'ambition professionnelle.
"Les femmes sont ambitieuses mais ne se perçoivent pas
ainsi, elles expriment différemment leur ambition et cette
différence n'est pas prise en compte dans l'entreprise, explique
Véronique Préaux-Cobti. Il faut inciter les femmes à mieux communiquer
et apprendre aux managers hommes à mieux "décoder" leurs comportements."
Pour finir, on notera que d'après une enquête spécifique
de l'Essec sur les anciens de 35 ans, 17 % des femmes sont
à un poste de direction contre 34 % des hommes. Deux
fois plus d'hommes accèdent donc à un poste de direction.
Cependant, les anciennes des grandes écoles ont acquis un
poids économique important au sein de la société
et de leur foyer. 63 % des anciennes de grandes écoles
gagnent la moitié ou plus des revenus professionnels du foyer.
"Du fait de leur situation dans l'entreprise, les anciennes
des grandes écoles constituent un levier d'action, note Véronique
Préaux-Cobti. Si elles parviennent à innover, on peut espérer que
les progrès toucheront l'ensemble des femmes cadres et les femmes
en général." Cela s'appelle avoir de l'ambition.
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