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18/05/2005
APC Recrutement, le chasseur des banlieues
"N'habite pas à la bonne adresse." Ils ont fait Sciences-Po, une école d'ingénieur ou un 3ème cycle. Mais leurs lettres de candidature reviennent avec la mention "N'habite pas à la bonne adresse". Voilà ce que constate, sans grande surprise, l'association Agir pour la citoyenneté. Pour lutter contre la discrimination géographique, elle vient de lancer APC Recrutement, un cabinet dédié aux cadres des quartiers populaires. Animée par une vingtaine de bénévoles, le cabinet propose une activité de conseil en recrutement et une activité de chasse. "Nous avons pour objectif, dans les deux prochains mois, de toucher toutes les entreprises ayant signé la charte de la diversité", avance Saïd Hammouche, l'un des bénévoles, tous actifs dans les ressources humaines. En cas de recrutement, l'association facture 10 % du salaire brut annuel en net à l'entreprise. Pour les candidats, elle organise aussi des ateliers sur l'entretien ou même le look.
Plus de 400 CV ont déjà été présélectionnés, dont celui de Warda Ichir (cf. encadré). "Les anciens de ma promo à Sciences-Po ont réussi à s'insérer très rapidement sur le marché de l'emploi", explique-t-elle. "J'habite à Bondy, dans le 93. Cela fait peur aux recruteurs." Habitant de la même ville, Jérémy Budard, 25 ans, titulaire d'une maîtrise de management est demandeur d'emploi. Figurent aussi Aziz Nait-Raiss, 23 ans, étudiant à HEC et domicilié à Evry ou encore Hafida Tougrani 25 ans, ingénieur en Travaux Public, actuellement en poste. "APC Recrutement représente un canal de "sourcing" de candidats de qualité", se réjouit Yves Desjacques, directeur général délégué en charge des ressources humaines de Vedior, partenaire de l'association. Par son action, le cabinet soutient-il la discrimination positive ? La réponse reste ambiguë. "Nous refusons les quotas à l'américaine qui nous paraissent choquants, affirme Saïd Hammouche. Il ne faut pas recruter n'importe qui au nom de la diversité, mais s'attacher au critère de compétence." Quant au CV anonyme, il s'avère insuffisant selon l'association. "Les mentalités doivent évoluer, ce qui nécessite avant tout formation et information", poursuit-il. "Les grands patrons défendent de plus en plus la notion de développement durable. Mais les cadres des ressources humaines, souvent de jeunes issus des écoles de commerce, n'osent pas prendre le risque de recruter quelqu'un de différent." Chez Vedior, on refuse de parler quota et discrimination
positive. La nécessité poussera l'entreprise
à s'ouvrir. "Les dirigeants prennent conscience
de l'intérêt de la diversité, note Yves
Desjacques. Certaines entreprises sont déjà
confrontées à de réelles difficultés
de recrutement. Cela s'amplifiera avec le retournement démographique
de 2007." Les entreprises craindront-elles alors de voir
revenir leurs offres d'emploi avec la mention "N'habite
plus à cette adresse" ?
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