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CARRIERE
 
14/09/2005

Denise Lentz (Enjeux et Dirigeants)
45 ans : attention, il est l'heure de se réveiller

Passée la cinquantaine, il faut savoir "vendre" son expertise afin de réussir sa fin de carrière. Le cocktail à suivre : faire un point sur ses compétences, ses envies et l'état du marché du travail dès 45 ans.
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En tant que coach de dirigeants et de cadres supérieurs, je vis au quotidien les interrogations et les attentes des quadra/quinquagénaires, cette population expérimentée et volontaire qui semble subir les évolutions des entreprises :
- La mondialisation qui implique la remise en question permanente des processus Métier de l'entreprise, l'obligation de maîtriser au moins l'anglais, la mixité des cultures…
- La tendance forte des entreprises à recruter des jeunes et encore des jeunes, certes moins expérimentés, mais moins chers et plus souples.
- L'absence de réflexion prospective sur le devenir de l'entreprise et de ses hommes, le transfert de compétences, l'utilisation pertinente des ressources, les missions… De l'autre côté, les Quadras et les Quinquas ont pris conscience qu'ils ne peuvent plus compter sur leur entreprise pour gérer leur employabilité.

Données clés sur l'emploi et les seniors en France

30 % des Français sont âgés de plus de 50 ans. Sur 61 millions d'habitants, l'Hexagone compte plus de 19 millions de seniors.

L'âge moyen de départ en retraite est de 57 ans. L'entrée dans la vie active a lieu de plus en plus tard : 21 ans en moyenne contre 18 ans en 1969.

La France est le pays du monde développé où la proportion d'actifs entre 55 et 64 ans est la plus faible (43 %). Elle est de 80 % en Suède, 68 % aux Etats-Unis, 64 % au Royaume-Uni. (Source : Francoscopie)

2005 verra 78.000 départs à la retraite suivis de plus de 85.000 chaque année jusqu'en 2010. Sur 2005-2010, il manquera à la France près de 352 000 cadres.

Un peu plus d'une personne de 50-64 ans sur quatre estime pouvoir encore évoluer au sein de son entreprise‚ selon les résultats d'un sondage réalisé pour l'Anact‚ Liaisons Sociales et France Info par CSA (629 salariés interrogés en mars 2005). Une personne de 35 à 49 ans sur deux donne la même réponse.

Chaque période de la vie professionnelle a ses caractéristiques
De 25 à 45 ans, on se laisse porter… Entre 25 et 35 ans, c'est une période d'apprentissage, de capitalisation sur les apprentissages et de progression. De 35 à 45 ans, c'est l'âge de la maturité, la pleine explosion des moyens et des possibilités maximum de changement professionnel. Pendant ces périodes, la carrière se fait en fonction de la personnalité et des envies de chacun, des compétences acquises, et… de la chance. Et puis, partagé entre travail et famille, on a peu de temps pour gérer sa carrière, ce qui finalement n'est pas trop gênant, car la vie professionnelle vous "porte".

Et puis après ? Il faut vendre son expertise ! Il est extrêmement difficile pour les plus de 50 ans de retrouver un job après avoir été licencié. Mais est-ce vrai pour tout le monde ? C'est vrai si l'on raisonne sur de grandes populations, parce que les entreprises hésitent à recruter un senior, que l'on soupçonne de manquer de souplesse (car il a de l'expérience) et de dynamisme, et qui de plus, sera plus cher que le jeune qui fera le même travail !


A 45 ans, il faut s'organiser pour être employable à 50.

C'est faux individuellement, car si le problème a été pris en amont, c'est-à-dire à 45 ans, il a de très bonnes chances de trouver une solution. Mais il faut s'organiser pour être, à 50 ans, "employable", c'est-à-dire avoir des capacités que les entreprises ont du mal à trouver, ou pouvoir monter son business. Pour cela, il faut avoir une compétence plutôt rare et recherchée, comme par exemple parler le chinois ou avoir une forte expérience en marketing international, en supply chain…

Démarrez votre réflexion bien avant l'âge fatidique
Pour avoir à 50 ans un métier "à potentiel", c'est à 45 ans qu'il faut se poser les bonnes questions, car vous aurez alors du temps non seulement pour caler votre projet, mais aussi pour suivre une formation, ou apprendre un nouveau métier, si cela s'avère nécessaire. Cela nécessite de prendre du temps pour soi pour détecter, de préférence avec l'aide d'un professionnel, si votre métier actuel suffit à assurer votre avenir. Et cela se fait en trois étapes. Il faut tout d'abord être capable de répondre de façon claire et crédible à la question : qu'est-ce que je sais bien faire et quel est le type d'environnement qui me convient bien ?

Dans un deuxième temps, se poser la question : quelles entreprises pourraient avoir besoin de quelqu'un comme moi ? Ne pas oublier les PME qui sont, pour certaines, de véritables réservoirs d'emploi. (Eh oui, il existe une vie en dehors des entreprises du CAC40 !). Autrement dit : y a-t-il un marché pour moi ? Il est alors indispensable de mener une étude de marché sérieuse, c'est-à-dire de vérifier votre employabilité future auprès de professionnels du marché de l'emploi (Outplacers ou chasseurs de têtes). Il faut aussi se renseigner sur les évolutions possibles d'ici cinq ans, les nouvelles techniques, etc. Bref, demander des conseils et les écouter. Il ne faut pas raisonner "marché de l'emploi" en général mais plutôt "expériences recherchées".

Troisième étape : conjuguer l'avis des professionnels avec ses propres motivations. Au final il faut bien sûr souvent faire des compromis entre ses desiderata et les possibilités du marché, ce qui demande souplesse et goût du risque, mais peut s'avérer très payant. Une dernière approche : choisir d'être le maître de son destin en montant son entreprise. Mais, là encore, il faut préparer très sérieusement son projet, et cela demande bien quatre à cinq ans pour quelqu'un qui travaille !

Parcours de Denise Lentz

Denis Lentz, 55 ans, est la fondatrice du Cabinet Enjeux et Dirigeants. Elle possède sept ans d'expérience de coaching de dirigeants, membre de comités de direction chez Right Garon Dirigeants, société internationale spécialisée en transition de carrière. Elle a également acquise dix ans d'expérience de conseil en management et chasse de têtes pour différents cabinets, dont Heidrick & Struggles, Hommes et Entreprises… Auparavant, elle a travaillé douze ans chez IBM.

Denise Lentz possède un DEA de Mathématiques et une maîtrise de psychologie. Elle est membre de la Société Française de Coaching et de ANDCP et intervient régulièrement dans le séminaire de l'Association des anciens HEC intitulé "Pilotage stratégique de carrière" et dans des conférences INSEAD sur le coaching.


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