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ENTREPRISE
 
23/11/2005

Jean Van den Eynde (AESC)
La prochaine génération de dirigeants privilégiera le travail en équipe

Pour le chasseur de tête Jean Van den Eynde, la distance entre un PDG et son équipe va continuer de diminuer et l'élément humain va prendre de l'importance. Interview.
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Le 17 novembre dernier se tenait la conférence annuelle de l'AESC EMEA, l'Association of executive search consultants, sur le thème "La prochaine génération de dirigeants européens". Plus d'une centaine de chasseurs de tête du monde entier y étaient présents ainsi que Beaudoin Prot, PDG de BNP Paribas ou encore Hubert Joly, PDG de Carlson Wagonlit Travel. Entretien avec Jean Van den Eynde, président du conseil européen de l'AESC et directeur général du cabinet de chasse Russell Reynolds Associates en charge de la zone Belge.

Qu'est-ce qui caractérise le dirigeant de demain ?
Jean Van den Eynde. Aujourd'hui les entreprises sont internationales, voire mondiales et la difficulté est d'avoir connaissance de tout, de réagir rapidement aux changements importants du marché et de la technologie. C'est pourquoi la prochaine génération de dirigeants privilégiera le travail en équipe, une équipe complexe et diversifiée où se côtoieront nationalités et parcours différents. La distance entre un PDG et son équipe a diminué et cela va continuer. La gestion de l'entreprise ne tient plus uniquement à l'analyse d'un tableau de bord. L'élément humain est essentiel et l'intelligence émotionnelle nécessaire pour motiver et communiquer avec des collaborateurs d'origines très diverses.


Un bon PDG est quelqu'un qui pense à sa succession"

Comment expliquez-vous ce rapprochement ?
Auparavant un PDG restait le patron de son entreprise jusqu'à sa retraite ou sa mort. Aujourd'hui ce n'est plus le cas. Il y a un turn-over important, imposé par les marchés financiers où tout va très vite. Ce qui ne veut pas dire que l'équipe et l'entreprise sont mauvaises. Le changement de PDG intervient souvent pour des raisons de cosmétique. Pour redynamiser l'équipe et l'entreprise.

Est-ce à dire que l'équipe dirigeante devient plus importante que le dirigeant lui-même ?
Beaucoup plus importante. Aujourd'hui, un bon PDG est quelqu'un qui pense à sa succession. Il doit faire en sorte que tout se passe bien, que son équipe soit autonome. Il doit pouvoir partir deux semaines pour un voyage d'études en Chine s'il le faut, sans avoir à passer trois ou quatre heures par jour à éteindre les incendies dans son entreprise, comme c'est encore parfois le cas pour les entreprises très centralisées.

Que pensez-vous alors des patrons charismatiques ?
Dans l'entreprise, il ne faut pas trop s'attacher à la personne même du patron. Jean-Marie Messier en est un exemple. Le pouvoir trop absolu corrompt. Une personne recrutée par un chasseur de tête pour endosser la position de numéro un doit être équilibrée car elle va faire face à un ou deux ans de pression, parfois de la part du numéro deux qui vient, en quelque sorte, de se faire évincer. Le numéro un ne doit pas abuser de son pouvoir et rester transparent, très éthique dans son comportement.


Les femmes peuvent prétendre à plus de longévité dans leur poste"

Les femmes ont-elles un rôle de premier plan à jouer demain ?
Je le pense en effet. Les femmes sont de bonnes dirigeantes car elles ont un moins grand besoin de pouvoir que les hommes. Elles peuvent ainsi prétendre à plus de longévité dans leur poste. En France, il leur est encore difficile d'atteindre les sommets mais aux Etats-Unis, c'est une chose plus courante. Les femmes sont souvent plus dures que les hommes, surtout dans les postes de PDG, mais elles sont souvent plus justes, et moins politiques, ont moins besoin d'écraser les autres. Ce sont de meilleurs gestionnaires de leur temps. Dans le cas d'un licenciement par exemple, un homme passera un heure avec le licencié pour lui dire combien c'est quelqu'un de compétent, mais qu'il ne peut plus le garder. C'est ambigu, non ? Une femme communique sa décision en cinq minutes, de manière claire, sans faire de sentiment.

Comment seront composées les équipes dirigeantes de demain ?
De manière caricaturale, je dirais que le directeur administratif et financier sera un anglo-saxon, ils sont très forts sur ce terrain là, le directeur technique sera indien, le directeur des ressources humaines hollandais ou belge car ils sont multiculturels. Le directeur marketing sera français, et celui de la production allemand, pour sa discipline. Quant au patron, il (ou elle !) aura une expérience dans trois pays et parlera deux ou trois langues.

Cette conférence internationale de l'AESC réunit plus d'une centaine de chasseurs de tête. Quel est, et quel sera, leur rôle ?
Le principal rôle du chasseur de tête est toujours celui d'identifier le talent et de conseiller les deux parties. Il a une vue indépendante et experte sur les divers marchés existants. Mais le chasseur aide aussi l'entreprise à évaluer si les talents en interne sont aussi bons qu'à l'extérieur. En d'autres mots, si le numéro deux ou le numéro trois en interne n'est finalement pas meilleur que le numéro un sur la liste des candidats externes. La gestion des talents, c'est aussi chercher dans ses propres rangs.

Parcours

Président du conseil européen de l'AESC (Association of Executive Search Consultants).
1993 : Jean Van den Eynde rejoint le cabinet de chasse Russell Reynolds Associates dont il est aujourd'hui directeur général, en charge de la Belgique, et membre du comité éxécutif mondial de la firme. 
Avant 1993 : Consultant senior en finance internationale à la Banque Mondiale à Washington D.C. après avoir travaillé pour les groupes De Bandt, van Hecke, Lagae & Van Bael (actuel Linklaters), Sullivan & Cromwell.
Formation : Avocat. Diplômé en droit à l'université de Harvard.


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