Une architecte d'intérieur devenue coach
Remettre les gens debout

Devenue coach après une grave maladie, Alix de la Tour du Pin cherche la racine des problèmes, qu'elle aborde souvent grâce au dessin.

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Son éducation au Brésil, au Maroc, au Mexique et en France, a donné à Alix de la Tour du Pin une grande ouverture aux autres. Atteinte d'une maladie grave, elle a dû arrêter de travailler comme architecte d'intérieur. Après sa guérison elle est devenue coach en entreprise, dans de grandes écoles et dans des associations où elle aide des jeunes de quartiers défavorisés. Elle anime également des séminaires de dirigeants.

Comment êtes-vous passée du métier d'architecte d'intérieur à celui de coach ?
Alix de la Tour du Pin. J'ai souffert d'une grave maladie, j'ai été paraplégique. Les médecins ne parvenaient pas à me soigner. J'ai donc cherché d'autres logiques et je me suis beaucoup formée. J'ai guéri sans que les médecins puissent l'expliquer, grâce à une démarche intérieure, à une réflexion sur ce qui a provoqué la maladie. Depuis, je cherche toujours la racine des problèmes. J'en suis ressortie passionnée par ce qui peut remettre les gens humainement debout. Le monde de l'entreprise m'a attiré car il est le plus réel, le plus pragmatique. Il est aussi moteur pour le reste.

Quelles sont les principales difficultés des salariés que vous aidez ?
En tant que coach, je constate que les salariés font souvent un travail pour lequel ils ne sont pas faits. Leurs difficultés touchent à leur vocation. Pour s'en sortir, il faut soit arriver à l'accepter et à envisager son boulot comme alimentaire, soit changer d'orientation. On vient aussi souvent me voir pour des problèmes de stress. Je conseille de démarrer une activité artistique, comme le chant, le théâtre, la musique ou la peinture.

Dans l'entreprise, quel est à votre avis le problème le plus grave ?
Un des maux les plus graves en entreprise, c'est le clonage. On veut des gens qui ne bougent pas, qui ne font pas de vague, pour les gérer plus facilement. Mais on perd ainsi toute créativité et on finit par tourner en rond. Pour sortir de ce cercle vicieux, l'entreprise a besoin de vrais leaders.

Le dessin aide à dédramatiser"

Vous utilisez le dessin dans votre travail. Qu'apporte-t-il ?
J'utilise de plus en plus le dessin dans le coaching et l'animation de formations. Dans les séminaires de dirigeants, on ne parle pas de certaines choses. Je peux les évoquer par le dessin. Progressivement, les problèmes sont nommés, on peut en parler puis les traiter. Le dessin aide à dédramatiser. Pendant les séminaires, je reprends sous mode pédagogique, au fur et à mesure, les idées des intervenants ou les miennes. Je dessine aussi lors de coaching, en disant "est-ce que vous ne seriez pas dans une situation semblable ?" et la personne éclate de rire ! En une minute, elle a pris du recul face à la situation et la gère mieux.

Quels tabous rencontrez-vous dans l'entreprise ?
Je ne peux pas traiter tous les sujets, surtout ceux qui touchent aux peurs des salariés. Dans une grande société d'informatique, j'avais par exemple croqué un dessin sur l'externalisation. Les salariés l'ont mal pris, ils ont eu peur. Je remarque que les dirigeants de haut niveau se sentent à l'aise face aux dessins, tout comme les cadres de base. Ces derniers peuvent enfin mettre des mots sur ce qu'ils vivent. De plus, les plus jeunes osent de plus en plus parler de certaines choses. Les cadres intermédiaires ont en revanche peur que les choses soient nommées. Ils sont dans une position difficile, entre l'enclume et le marteau.

Vous n'avez jamais réellement travaillé dans une entreprise. Comment faites-vous pour être crédible ?
J'ai suivi de nombreuses formations en communication et en développement personnel qui m'ont progressivement menée à l'animation de séminaires. Finalement, le fait de ne jamais avoir dirigé d'équipe me donne plus de recul. Je n'ai pas le souci du rendement dans les 24 heures.

Vous avez quatre enfants. Comment avez-vous pu concilier carrière et vie de famille ?
Pendant plusieurs années, ma maladie m'a obligée à alterner des périodes de travail et des périodes d'inactivité. J'ai évolué dans un monde d'hommes, mais je voulais rester une femme. M'occuper de mes enfants me poussait à être plus féminine. Elever une famille nombreuse m'a permis d'acquérir beaucoup de réflexes sur la cohésion d'équipe, des réflexes utiles dans l'entreprise.

Parcours

Alix de la Tour du Pin intervient, seule ou en partenariat, depuis près de quinze ans auprès de leaders, de futurs leaders ou de jeunes, dans des milieux très différents tels que les banlieues défavorisées, les grandes écoles, les PME, les grandes entreprises...
Elle est auteur de plusieurs livres :
"Diplômable ou employable" (2005)
"Dieu à genoux" (2003)
"Manager en vérité" (2001)

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