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22/03/2006
Les clés du succès de Carlos Ghosn pour redresser Nissan
En 1999, la situation de Nissan est catastrophique : 22 milliards de dollars de dettes, des parts de marché en baisse régulière, des pertes récurrentes, une valorisation boursière qui s'effondre.
Trois ans plus tard, Nissan affiche des performances record. Le constructeur a renoué avec les bénéfices. La marge opérationnelle atteint 7,9 % du chiffre d'affaires net, le plus haut chiffre de son histoire. La dette a été réduite de plus de 80 %. Les ventes ont cessé de baisser. Le cours de l'action est au plus haut.
Le journaliste David Magee a mené l'enquête sur ce redressement spectaculaire. Il en ressort que le style de management très personnel de Ghosn explique en grande partie les succès rencontrés. Son action a été en particulier guidée par quatre principes de management.
Carlos Ghosn a été exemplaire à cet égard. Lors de l'annonce de son plan de relance, Ghosn a en effet pris trois engagements simples - le retour aux bénéfices dès la première année du plan en 2000, la réduction de moitié de la dette et une marge opérationnelle supérieure à 4,5 % du chiffre d'affaires d'ici 2002. Il a affirmé que si ces résultats n'étaient pas atteints, lui-même et tous les membres du comité exécutif démissionneraient.
Les solutions sont venues de l'intérieur de l'entreprise. Ghosn a commencé par recueillir de très nombreux avis sur le terrain avant de se faire sa propre opinion, se rendant sur tous les sites de Nissan dans le monde. Il s'est ensuite appuyé sur des groupes de travail internes. Chargées d'une mission précise - réduire les coûts fixes, par exemple - ces équipes transverses ont dû trouver les moyens d'améliorer spectaculairement les performances. Elles bénéficiaient pour cela d'une très large autonomie, mais pas du pouvoir de décision, qui appartenait au comité exécutif auquel elles rendaient compte directement. Tous les participants décrivent l'expérience comme mémorable. Soumis à une forte pression, et à un choc culturel important pour les Japonais qui n'avaient pas été habitués à s'exprimer de la sorte, ils sont parvenus en trois mois à imaginer les solutions radicales à l'origine du succès du redressement.
La conviction profonde de Ghosn s'oppose à ce que l'on entend souvent par multiculturalisme. On soutient souvent que pour travailler avec des individus d'une culture différente de la sienne, il faut connaître ces différences et adapter son comportement en conséquence. Ghosn affirme au contraire que le respect de la culture de l'autre ne peut empêcher de prendre les mesures qui s'avèrent nécessaires. Il souligne que son profil multiculturel l'a aidé à défendre ce point de vue, car on ne pouvait lui reprocher d'être influencé par son appartenance culturelle. Cette approche l'a conduit à respecter à la fois les deux cultures d'entreprise, préservant ce qui faisait l'unicité de Nissan par rapport à Renault, et les deux cultures nationales. Mais il a su concilier ce respect avec la mise en uvre de ses convictions, parfois antagonistes avec les traditions culturelles. En témoigne sa spectaculaire popularité au Japon, où il est même le héros d'un manga ! Ainsi, le redressement réussi de Nissan s'appuie sur la remise en cause acceptée d'un grand nombre de principes traditionnellement considérés comme immuables.
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