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24/05/2006
Mohed Altrad : une sortie du désert exceptionnelle
Car Mohed Altrad est tout sauf un homme d'affaires comme les autres. D'abord parce que ses affaires sont florissantes : il est à la tête d'un groupe de BTP qui porte son nom, numéro un des bétonnières dans le monde, leader européen des échafaudages et premier fournisseur des collectivités locales françaises pour les tribunes, panneaux d'affichage et autres structures. Mais aussi parce que rien ne destinait Mohed Altrad à être assis dans ce grand hôtel parisien en ce matin de mai. Des dunes du désert à l'informatique Bédouin de Syrie, Mohed Altrad a passé son enfance dans les dunes, la plupart du temps loin des bancs de l'école. Mais pour cet enfant du désert, futur patron d'un groupe international, rien n'est écrit. Après un parcours scolaire "chaotique", comme il le dit lui-même, il obtient une bourse du gouvernement syrien pour partir étudier en France, à Montpellier. C'est sa chance. Il la saisit.
Mais l'avenir douillet qui l'attend ne séduit pas Mohed Altrad. L'enfant du désert a trop le goût de la liberté. "Je trouvais le parcours d'ingénieur trop étroit, se explique-t-il. Je ne voulais pas rester salarié toute ma vie." En revenant en France, il crée sa propre société qui fabrique parmi les premiers ordinateurs portables. Mais ses moyens financiers ne lui permettent pas de développer le projet à sa juste mesure. Il revend son entreprise et utilise les fonds pour se lancer dans une nouvelle aventure. Et de l'informatique au BTP En 1985, il rachète une PME du BTP en difficulté à Florensac, petite ville de l'Hérault entre Béziers et Montpellier. Vingt ans et une quarantaine d'acquisitions plus tard, Altrad est devenu un groupe de 1.400 salariés, présent dans 14 pays et réalisant un chiffre d'affaires de 210 millions d'euros en progression de 14 %. Le passage de l'informatique au BTP n'était pourtant pas des plus simples. Pour les salariés de l'entreprise rachetée aussi, c'était un choc : "Au départ, je leur apparaissais comme énigmatique, explique le fondateur. Mais je leur ai raconté mon histoire, je leur ai dit que je ne connaissais pas grand chose au BTP et ils m'ont accepté. Si vous êtes sincère, les choses se passent toujours mieux."
Très vite après cette première acquisition, Mohed Altrad franchit les frontières françaises et investit dans une entreprise à vendre en Italie. L'une après l'autre, la PME intègre les sociétés rachetées, qu'elles soient françaises, allemandes ou polonaises, jusqu'à devenir un groupe international. L'entrepreneur utilise chaque fois son expérience d'immigré en France pour aborder les nouvelles équipes. Le principal ingrédient de sa recette miracle ? L'écoute de l'autre. "On n'accorde pas assez de temps aux gens, on ne s'attarde pas assez sur leur subtilité, leur finesse", regrette-t-il. Avec cette peur constante que l'autre ne soit pas réceptif à cette approche.
En effet, la France qui l'avait accueilli n'avait pas grand chose à voir avec celle qu'il s'imaginait depuis son désert. "Mais c'était ma faute : l'image que j'en avais était trop embellie", s'empresse d'ajouter celui qui, depuis, est devenu plus français que les Français... Son credo : ne jamais s'arrêter
L'histoire de Mohed Altrad est surtout celle d'un homme parti de rien et arrivé là où beaucoup voudraient finir. Beaucoup mais pas lui. Sa tête déborde de projets. Banquier ? Pourquoi pas. A partir du moment où il conserve sa liberté : pas question de redevenir salarié par exemple. Son objectif de jeunesse n'a pas pris une ride : entreprendre le plus de choses possible en l'espace d'une vie puis pérenniser ces réalisations. En 2006, le bilan est déjà impressionnant.
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