ENTREPRISE
14/06/2006
Rémi Dupiré (Avocat, Daem Partners)
|
Envoyer | Imprimer |
Site
|
||
|
Anniversaire de la création de la société, départ en retraite d'un collaborateur ou accueil d'un nouveau salarié, fin d'année
Autant de moments privilégiés pour rassembler une équipe autour d'un verre
Mais attention à l'abus d'alcool ! Bien que la législation soit succincte en la matière, il pèse sur l'employeur certaines obligations dont la violation est susceptible d'entraîner sa responsabilité. Bien connaître ses obligations lui permettra de mettre en place les actions nécessaires pour fêter ses événements en toute sécurité juridique.
Un véritable devoir de contrôle de l'employeur
La réglementation relative à l'alcool
au travail résulte principalement de l'article L.232-2 du Code
du travail. Ce texte, désuet, interdit l'entrée et la consommation
d'alcools "autres que le vin, la bière, le cidre, le poiré, l'hydromel
non additionnés d'alcool". Il interdit, par ailleurs, au chef d'établissement
de laisser entrer ou séjourner dans l'établissement des personnes
en état d'ivresse. La consommation d'alcool "léger" est ainsi licite,
à condition toutefois d'être modérée, le chef d'entreprise ayant
un véritable devoir de contrôle sur la présence d'alcool dans l'entreprise
et sur une éventuelle ivresse de ses salariés. Le manquement aux
obligations résultant de l'article L.232-2 du Code du travail est
pénalement sanctionné par une amende de 3.750 , applicable autant
de fois qu'il y a de salariés concernés dans l'entreprise (article
L.263-2 du Code du travail). Toutefois, les moyens juridiques dont
dispose l'employeur en matière de contrôles sont très encadrés par
la jurisprudence. Un contrôle par alcootest, attentatoire aux droits
et libertés des personnes, ne peut ainsi être effectué sauf s'il
est prévu par le règlement intérieur. Il ne peut, en outre, avoir
lieu que dans certaines circonstances, notamment lorsque l'état
d'imprégnation alcoolique des salariés constituerait une menace
pour eux-mêmes.
L'employeur doit prendre les mesures pour assurer la sécurité et protéger la santé des travailleurs |
En outre, au titre de son obligation générale de sécurité, l'employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs de l'établissement. Notamment, il pourra, dans ce cadre, engager des actions de prévention des risques professionnels, d'information et de formation ainsi que mettre en place une organisation et des moyens adaptés (article L. 230-2 du Code du travail).
Des risques au plan civil et pénal
Si l'employeur est ainsi exposé à un risque pénal - par
exemple en cas de mise à disposition d'alcools interdits (whisky,
vodka
) lors d'un "pot" (par exemple un pot
de départ) ou de séjour de personnes ivres dans les locaux
de l'entreprise - il peut aussi encourir un risque civil - par exemple,
en cas d'accident (dans l'entreprise ou sur le trajet du retour)
ayant un lien avec l'état d'ivresse d'un salarié. Outre l'augmentation
des cotisations inhérentes à l'augmentation du taux d'accident du
travail, sa faute inexcusable pourrait alors être reconnue par les
juridictions civiles, sur le fondement de l'obligation de sécurité.
La victime de l'accident pourra alors prétendre à une réparation
intégrale du préjudice subi à la charge de l'employeur. Toutefois,
si la victime de l'accident est le salarié ivre, sa participation
à la réalisation du dommage sera également prise en compte pour
réduire le montant de l'indemnisation. Compte tenu de ses risques,
mais également en vertu de l'obligation de sécurité et de protection
de la santé pesant sur l'employeur, celui-ci prendra certaines mesures
pour limiter la consommation de son personnel lors des réunions
festives organisées au sein de l'entreprise.
Des mesures allant de l'interdiction totale à la restriction sévère
Considérant que le séjour d'une personne ivre à l'intérieur de l'entreprise doit être prohibé, il est évidemment possible d'interdire, via le règlement intérieur, toute consommation d'alcool sur les lieux du travail : les "pots" se dérouleront sans alcool. La mesure risquant cependant d'être socialement mal accueillie, il est possible de soumettre l'organisation de "pots" à l'autorisation de la hiérarchie. Cette autorisation sera donnée avec un "Code de conduite" et un rappel de l'encadrement nécessaire afin d'éviter toute dérive. Par exemple, on peut prévoir de fixer un principe d'"alcool symbolique", en prévoyant que le nombre de bouteilles devra être très largement inférieur au nombre de participants.
Il est également recommandé de prévenir les participants qu'en raison de l'obligation faite au chef d'entreprise d'assurer la sécurité dans l'établissement, un alcootest est à la disposition du personnel qui souhaiterait l'utiliser. En cas de doute sur l'état d'ébriété d'un salarié au terme de la soirée, il sera alors préférable de fournir un accompagnement (taxi par exemple).
Parcours
|
Rémi Dupiré est avocat au Barreau de Paris. Il est cofondateur du cabinet DaeMPartners, dédié au droit social (www.daempartners.com). Titulaire d'un DESS Santé et protection sociale, d'un DEA Droit social ainsi que des certificats de sciences criminelles et criminologiques de l'institut de criminologie de Paris, il anime des régulièrement des conférences et formations en droit social. |
JDN Management | Envoyer | Imprimer | Haut de page |
Découvrez le nouveau classement Forbes des milliardaires du monde. Lire
Carrière
RUBRIQUES