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ENTREPRISE
 
28/11/2006

Qui sont les champions... de l'assurance automobile

Axa et la Macif se disputent la première place de ce marché très concurrentiel. Mais la principale menace pour les assureurs vient des banques qui se diversifient dans l'assurance auto.
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L'assurance automobile est un marché très convoité par une grande variété d'acteurs : sociétés anonymes ou groupes mutualistes, mais aussi les banques, certaines traitant sans intermédiaire avec leurs clients quand d'autres utilisent les services d'agents généraux ou de courtiers. Rendue obligatoire par la loi, l'assurance automobile est souvent mal perçue des consommateurs qui présentent une grande sensibilité aux tarifs pratiqués. Le marché se livre donc une féroce guerre des prix. Pour préserver leurs marges, les assureurs doivent rivaliser d'inventivité.


Axa et la Macif se disputent la première place

Six acteurs dépassent, en 2005, le milliard d'euros de chiffre d'affaires en assurance auto. Le groupe international Axa domine le marché avec 2 milliards d'euros de primes collectées, même s'il n'est que second en termes de nombre de contrats vendus (environ 4,2 millions hors flottes d'entreprises et motos). Une différence qui s'explique par son modèle économique : les ventes sont réalisées par un réseau de 3.800 agents généraux qui touchent une marge sur chaque contrat, augmentant d'autant son tarif.

Au contraire, la Macif, groupe mutualiste sans intermédiaire, pratique des prix plus bas et se classe premier en termes de volume d'affaires avec quelque 4,7 millions de contrats, pour un chiffre d'affaires de 1,7 milliard d'euros. Alors qu'Axa a su préserver ses parts de marché, la Macif a souffert de la guerre des prix sur son cœur d'activité (40 % de son chiffre d'affaires est réalisé sur l'automobile).

Classement des assureurs automobile en 2005
(source : L'Argus de l'assurance)
Classement des assureurs automobile en fonction du chiffre d'affaires et du nombre de contrats vendus



Le rapprochement de trois mutualistes menace les leaders
Le groupe Groupama-GAN, né de la fusion des deux assureurs en 1998, arrive en troisième position, tant en valeur qu'en volume. Mais cette place est aussi convoitée par l'ensemble formé par Maaf Assurances et MMA. Distinctes commercialement, ces marques ont décidé de mettre en commun leurs moyens depuis 2000, sous la structure Covéa. Additionnés, les résultats de la Maaf et de MMA dépassent ainsi ceux de Groupama.

En 2006, un autre acteur de poids du monde mutualiste a également rejoint Covéa : le groupe Azur-GMF. Les synergies devraient commencer à se lire dans les résultats de 2007. Le chiffre d'affaires consolidé de ces trois acteurs dépasserait alors celui du leader Axa.

Le mutualiste Maif, initialement réservé aux fonctionnaires de l'Education nationale mais ouvert depuis 1988 au reste de la population, se classe cinquième avec près de 3 millions de contrats vendus. En retard en matière tarifaire, la Maif bénéficie en revanche d'un des plus bas taux de résiliation du marché. AGF, société anonyme rachetée par le géant allemand de l'assurance Allianz en 1997, arrive sixième avec 2,5 millions de véhicules assurés.


Une guerre des prix qui s'essouffle
Ces dernières années, le marché de l'assurance automobile a été touché par un phénomène de déflation, attisé par le gouvernement, soucieux que la baisse de la mortalité sur les routes se traduise par une réduction des primes d'assurance pour les automobilistes. Mais la guerre des prix à laquelle se sont livrés les assureurs français s'essouffle. "Les tarifs communiqués pour 2007 ne sont en baisse que de 2 %, contre 5 à 10 % en 2005 et 2006, et ce sont souvent des annonces marketing", explique Cyrille Chartier-Kastler, vice-président de Solving International, cabinet de conseil qui réalise chaque année une étude sur le secteur de l'assurance.

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  Solving International
En effet, si elle est justifiée par la chute du nombre de sinistres, la baisse des prix pose aux assureurs des problèmes de rentabilité. "Le nombre de tués sur la route se réduit mais pas celui des blessés graves qui coûtent plus cher à l'assureur", souligne Cyrille Chartier-Kastler. Sans compter la hausse des coûts des réparations matérielles et des soins médicaux, et la multiplication des versements de dommages et intérêts décidés par la justice. Face à cette inflation des sinistres, les réassureurs, vers lesquels se tournent les assureurs pour couvrir une partie de leurs risques, augmentent également leurs primes. Un surcoût qui réduit d'autant les marges des compagnies d'assurance.


La surenchère marketing pour préserver les marges
Pour résoudre cette équation posée en leur défaveur, les assureurs sont amenés à rivaliser d'innovation dans le domaine marketing. Chacun y va de sa garantie optionnelle exclusive, essentiellement tournée vers l'amélioration du service rendu à l'assuré : garantie pour les pannes mécaniques immobilisant le véhicule, assistance "zéro kilomètre", prêt d'une voiture de remplacement... La plupart des assureurs sont désormais adossés à un spécialiste de l'assistance, que ce soit AGF avec sa filiale Mondial Assistance, Generali avec Europ Assistance ou les mutuelles Maif, Maaf, Macif et Matmut, alliées dans le GIE Ima. "L'objectif est d'offrir des services dont la valeur est difficilement chiffrable par les consommateurs et de dégager ainsi de fortes marges", analyse Cyrille Chartier-Kastler. Mais cette stratégie d'innovation permanente a ses limites : dans ce marché hautement compétitif, un assureur ne conserve en effet pas longtemps son exclusivité et les compteurs se remettent facilement à zéro.

L'objectif est d'offrir des services dont la valeur est difficilement chiffrable par les consommateurs."

Cyrille Chartier-Kastler, Solving
Les sociétés d'assurance comme Axa et AGF ont adopté, quant à elles, une stratégie de différenciation de l'offre : elles segmentent leur fichier clientèle, à la recherche de profils surfacturés (couples, petits rouleurs, conducteurs de monospaces...), et cassent les prix du marché. Une stratégie qui n'est pas plus pérenne que les autres mais qui permet de ponctuellement dynamiser les souscriptions.


Rationaliser les dépenses engendrées par les sinistres
Pour durablement préserver leurs marges, les assureurs s'orientent surtout vers une optimisation de leurs dépenses, à savoir les coûts de réparation. "La plupart des assureurs ont désormais une gestion industrielle des sinistres, ce qui leur permet de réaliser des gains sur leur prix de revient", explique Cyrille Chartier-Kastler. L'objectif est de concentrer un maximum des réparations chez un nombre limité de réparateurs avec lesquels les tarifs horaires et le nombre d'heures de main d'œuvre sont négociés. Des prix de gros sont également discutés avec les fournisseurs, tout en privilégiant la réparation des dommages au remplacement des pièces.

Les alliances entre assureurs deviennent alors particulièrement stratégiques dans cette stratégie d'industrialisation de la gestion des sinistres. Le groupe formé par la Maaf, MMA et Azur-GMF devrait ainsi pouvoir dégager de significatives synergies en la matière et améliorer d'autant le ratio primes/coût des sinistres. Les dépenses de santé et de dommages et intérêts sont en revanche bien plus difficiles à rationaliser. Elles pèsent pourtant beaucoup sur les résultats des assureurs.


Un concurrent de taille : la bancassurance
Pour parachever cette compétition entre les acteurs historiques de l'assurance automobile, de nouveaux entrants font leur apparition, bien résolus à leur voler des parts de marché. Il s'agit tout d'abord des assureurs directs, qui opèrent notamment sur Internet, à l'instar de Direct Assurance. Mais leur succès reste limité : "Contrairement à des pays comme le Royaume-Uni, la loi française prévoit la tacite reconduction des contrats d'assurance, analyse Cyrille Chartier-Kastler. Il est donc très difficile pour les nouveaux entrants de prendre des parts de marché aux autres."

A l'horizon 2020, un opérateur comme le Crédit Agricole sera devant la Macif."

Cyrille Chartier-Kastler, Solving
En revanche, la concurrence des banques apparaît comme une bien plus grande menace. Si pour l'instant seuls deux acteurs peuvent se comparer aux grands assureurs, le Crédit Mutuel (ACM) et le Crédit Agricole (Pacifica), la marge de progression de l'ensemble des bancassureurs est très forte. "A l'horizon 2020, un opérateur comme le Crédit Agricole sera devant la Macif", prédit le vice-président de Solving International. A leur crédit, les banques disposent de réseaux de distribution denses et proches des clients et d'un système informatique performant, leur permettant de proposer des produits d'assurance sur-mesure. Mais elles s'appuient surtout sur leurs bases de données client, riches en enseignements sur le profil de risque de chaque assuré potentiel. Elles peuvent ainsi opérer une sélection des risques avant la souscription du contrat. Un avantage concurrentiel essentiel que les assureurs classiques, même en lançant des offres bancaires, auront du mal à contrer.


Les bancassureurs et l'automobile en 2005
(source : L'Argus de l'assurance)
Rang
Assureurs
Banque associée
CA
(en millions d'euros)
Nombre de contrats
(en milliers)
1
ACM
Crédit Mutuel
497
1.423
2
Pacifica
Crédit Agricole
371
1.126
3
Ecureuil IARD
Caisse d'Epargne
89
200
4
Survenir Assurances
Crédit Mutuel Arkéa
90
271
5
Natexis Assurances
Banque Populaire
85
221
6
ACMN
Crédit Mutuel Nord Europe
51
140
7
Sogessur
Société Générale
40
102
8
Natio Assurance
BNP Paribas
32
201
9
Assurances Fédérales
LCL
31
NC


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