Ces entreprises qui recrutent sur Second Life

Du 19 au 21 juin 2007 a lieu Neo Job Meeting, une campagne de recrutement réalisée dans l'univers virtuel de Second Life. Près de 1.500 candidats se sont inscrits à ces journées de recrutement et près de la moitié y participeront effectivement. Elles sont organisées autour de chats qui ouvriront droit, pour certains, à des entretiens bien réels cette fois-ci. Une opération qui tient plus de la communication que du recrutement. Enquête.

Déroulement le jour "J"

Chaque entreprise qui participe à l'événement - Alstom, Areva, Capgemini, L'Oréal et Unilog - possède son propre pavillon. Durant trois jours, elles mobilisent entre quatre à six personnes pour recevoir les candidats en chat de 10 à 20 minutes. Ceux-ci devront démontrer leur motivation face à ce qui sera peut-être leur futur employeur. "La création de l'avatar - un double virtuel - est déjà le signe d'une démarche active de la part du candidat", remarque Corinne Descours, co-responsable du projet chez Areva.

Deux à trois personnes supplémentaires ont pour rôle d'accueillir et informer les candidats qui attendent leur tour. Areva propose ainsi des présentations du groupe (vidéo, exposition, powerpoint…). Alstom propose également de rencontrer des experts, chefs de projet et commerciaux, qui se tiendront à disposition des candidats pour leur donner plus d'informations et des retours d'expérience. "C'est plus que lors d'un entretien traditionnel", précise Nicolas Jacqmin, un des responsables des ressources humaines d'Alstom en charge du recrutement.

La cible de ces recruteurs : les jeunes diplômés. "Ici c'est l'entreprise qui se met dans l'univers du jeune et pas lui qui suit les codes de l'entreprise", prévient Corinne Descours.

La sélection des candidats

La démarche étant nouvelle, les entreprises adoptent des approches différentes. Areva a ainsi effectué une présélection sur CV. Les rencontres ne seront donc pas anonymes. "Cela reste du recrutement. Et sur la totalité des CV, seuls 2 à 3 % sont hors sujet", se satisfait Corinne Descours. De son côté, Alstom n'a soumis les futurs inscrits qu'à quelques questions touchant leur motivation. "Nous ne savons pas encore qui se cache derrière nos inscrits", avoue Nicolas Jacqmin. De toute manière, un CV c'est un peu virtuel, on ne connaît une personne que quand on l'a rencontrée."

Pour les chats, les recruteurs ont été formés au pilotage des avatars et aux caractéristiques à prendre en compte dans un tel univers. "Il s'agit par exemple de ne pas s'arrêter à l'apparence de l'avatar : qu'il soit punk, habillé de cuir avec des cheveux rouges, peu importe", s'exclame Corinne Descours. Idem pour le langage écrit qui peut être très abrégé ou contenir des fautes à l'image des textos. "Le but de l'opération est aussi de trouver des personnes créatives, qui ont un regard différent voire décalé et ce pour répondre à des enjeux très forts en termes d'innovation, poursuit-elle. Il faut arrêter de recruter des clones." Nicolas Jacqmin enchaîne : "De toute façon, nous ne recrutons pas des avatars mais des individus."

Bref, on peut imaginer que les tenues de chacun seront sujettes à conversations… ou bien une bonne entrée en matière pour briser la glace ou se démarquer. La semaine suivante, les candidats sélectionnés lors des Neo Job Meetings seront convoqués à de véritables entretiens d'embauche.

Opération de recrutement ou de communication ?

130 à 160 candidats ont été retenus par entreprise pour participer à ces journées. "Si nous atteignons le même taux d'embauche par rapport aux CV déposés sur notre site de recrutement - soit 10 % - ce sera bien", annonce Corinne Descours. Une goutte d'eau vis-à-vis des 2.500 postes à pourvoir chez Areva France comme des 900 chez Alstom France pour 2007. Alors, opération de recrutement ou de communication ?

Les entreprises s'accordent quant à l'objectif de l'opération sur Second Life : aller là où les personnes ne les attendent pas, développer leur image d'une société innovante et d'employeur de référence. D'ailleurs ce type d'opération événementielle n'est pas unique, une dizaine du même acabit ont lieu toute l'année.

A l'évidence, l'opération relève autant de la communication que du recrutement, les deux sont intimement liés. "Honnêtement, oui, c'est une opération de communication. En tout cas les premières attentes et retombées se mesureront en termes d'image", note Nicolas Jacqmin. "Nous suivons la tendance actuelle, renchérit Corinne Descours. Et si l'on s'aperçoit dans un an que les jeunes sont attirés par un autre type d'univers, nous irons aussi. Il faut savoir s'adapter." De fait, Second Life est un univers qui compte aujourd'hui plus de 7 millions d'initiés et qui ne cesse de faire parler de lui.

Côté chiffres, la campagne de communication qui a précédé l'événement a généré 100.000 pages vues et 30.000 visites sur le site de préinscription. Sans parler des échos dans la presse. L'opération a d'ailleurs été montée par une agence de publicité pour les ressources humaines, TMPNEO. Bref, c'est un remue-ménage qui n'aurait pas eu lieu dans les circonstances d'une opération de recrutement classique. Néanmoins, de l'avis des entreprises, si les résultats en termes d'embauche sont concluants, peut-être l'opération sera-t-elle réitérée dans une réelle optique de recrutement cette fois-ci.

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