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CARRIERE
 
04/01/2006

Edgar Grospiron, champion olympique
Du sens, du plaisir, des progrès, des valeurs et... partager

C'est la recette du champion olympique de ski de bosses pour entretenir sa motivation. Un atout qui lui a également servi pour réussir sa reconversion professionnelle.
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Membre de l'équipe de France, trois titres de champion du monde en ski de bosses, une médaille d'or aux JO d'Albertville, plusieurs fois numéro 1 mondial. Edgar Grospiron a atteint son "rêve de gosse". Comment s'est-il motivé pour arriver à un tel niveau ? Depuis 1995, il s'est reconverti dans l'entreprenariat, le journalisme, l'organisation d'événements et le conseil en marketing et communication. Quelles ont été ses motivations pour se reconvertir ? Aujourd'hui, il se consacre principalement à la formation, à l'intervention lors de conférences et au coaching de managers. Il cherche à transmettre sa vision de la motivation.

Définition
Motivation : n.f. Ensemble des motifs qui expliquent un acte. PSYCHOL. Processus physiologique et psychologique responsable du déclenchement, de la poursuite et de la cessation d'un comportement. (Le Petit Larousse illustré)
Comment définissez-vous la motivation ?
Edgar Grospiron. La motivation est une énergie, plus qu'un état permanent. Elle fluctue avec le temps selon l'intérêt que l'on porte à son activité. On me dit souvent que je suis motivé naturellement. Mais je suis motivé pour faire du ski, pas pour jouer du piano ! La motivation est toujours reliée à une passion et, surtout, au sens qu'on lui donne. Le fait d'être pompier n'a rien de motivant en soi, mais en tant que métier porteur de sens pour celui qui l'exerce. Le ski de bosses me permettait de montrer que l'on peut être sérieux sans se prendre au sérieux.

Comment mesure-t-on la motivation ?
La motivation ne se lit pas sur le visage de quelqu'un, mais selon ses résultats. Une personne très motivée aura toujours des résultats au delà de ses espérances. Au début de ma carrière, je n'étais pas très fort sur le papier. Lorsque j'estimais finir dans les dix premiers, j'arrivais cinquième. D'autres skieurs plus hargneux et agressifs semblaient motivés mais tombaient avant la ligne d'arrivée. La motivation donne la capacité de franchir la ligne d'arrivée et de progresser, même après un échec.

Comment peut-on se motiver ?
Je distingue cinq clés de motivation. La première consiste à donner du sens. On a le choix entre se laisser bercer et maîtriser son destin. Une vision claire permet de mieux définir ses priorités et de vivre un même geste non pas comme une contrainte mais comme une action dans le cadre d'un projet. Ensuite, il faut éprouver du plaisir. Pour cela, il faut se caler sur ses talents naturels, ce qui demande un travail de réflexion sur soi. La troisième clé, c'est le progrès. Dans cette dynamique, l'échec doit permettre de progresser. Le plus terrible, c'est de faire plusieurs fois les mêmes erreurs. La quatrième clé, ce sont les valeurs. Il faut se sentir fier de ce que l'on fait. Enfin, j'insiste beaucoup sur l'aspect festif. On ne réussit jamais seul et il faut savoir partager ses réussites avec son équipe, sa famille, ses amis...


Je suis aussi heureux au bureau qu'en vacances"

Avez-vous connu des périodes de démotivation ?
Lorsque j'ai gagné le titre de champion olympique, j'avais tous les titres en poche. Ma motivation a baissé. J'avais réalisé mon rêve de gosse : devenir le meilleur skieur de bosses du monde. Après cela, j'ai ressenti un vide et je me suis laissé vivre. Je continuais à m'entraîner mais je me reposais moins. Au lieu de récupérer, je passais des coups de téléphone aux sponsors, je partais en week-end à Paris, je sortais... Mes résultats restaient bons, mais j'ai fini par me blesser. On m'a opéré, mais je n'étais plus motivé pour rééduquer mon genou.

Comment vous êtes-vous remotivé ?
Un matin, vers 11h30 ou midi, je me suis levé dans une odeur de tabac. Je me suis dit "stop". Je me suis remobilisé autour du rêve de remporter le titre de champion du monde chez moi, à La Clusaz. J'avais décidé que j'arrêterai ensuite.

Le métier de coach est-il porteur de sens pour vous ? Est-ce aussi motivant que le ski ?
Je pense que tout le monde peut réussir et je compte accompagner des gens dans ce but. J'apporte une valeur ajoutée car j'ai connu un univers de performance, avec de la tension, du stress... Je suis crédible sur ces sujets. Je forme des managers, je les coache et j'interviens dans des conférences. J'aime parler en public. J'ai un talent pour faire passer des messages. Pour moi, c'est aussi motivant que le ski. Aujourd'hui, je suis marié et j'ai des enfants. Je parviens à équilibrer ma vie professionnelle et familiale. Je ne vais pas au boulot à reculons, je suis aussi heureux au bureau qu'en vacances.


L'argent peut être un facteur de démotivation"

Vous avez gagné des médailles, c'est une récompense concrète. Aujourd'hui, quelles sont vos récompenses ?
Ma médaille d'or se trouve au musée olympique d'Albertville. Elle ne me manque pas. Certains viennent me voir pour me remercier de ce que je leur ai apporté. C'est cela ma vraie récompense.

Peut-on motiver grâce à l'argent ?
L'argent ne motive pas à lui seul. La reconnaissance compte plus. L'argent, c'est un peu comme une médaille, cela ne dure pas. En revanche, le fait d'être mal payé peut devenir très démotivant.

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Comment peut-on motiver une équipe ?
Il faut susciter les rêves à partir desquels on définit un projet avec des objectifs et des priorités. Un manager peut par exemple réunir son équipe une demi-journée et demander à chacun quels sont ses talents. Le manager doit aussi savoir féliciter son équipe.

Peut-on motiver par la perspective d'une sanction ?
Cela ne fonctionne pas longtemps. Une sanction juste peut remettre une personne dans le cadre. Mais il faut ensuite revenir à une relation positive.

Le palmarès d'Edgar Grospiron

1995 : champion du monde - La Clusaz, n°2 mondial
1994 : médaille de bronze - Jeux olympiques de Lillehammer (Norvège), n°1 mondial
1992 : champion olympique Albertville, n°1 mondial
1991 : champion du monde - Lake Placid (Etats-Unis), n°1 mondial
1990 : n°1 mondial
1989 : champion du monde - Oberjoch (Allemagne), n°2 mondial
1988 : 3e aux JO de Calgary (Canada), n°3 mondial
De 1987 à 1995 : membre de l'équipe de France de ski de bosses



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