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31/05/2006

Eric Barbier (Expatrié à Singapour)
Singapour est gérée comme une entreprise

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Interview Chloé Méary
Interview Eric Barbier

Eric Barbier est arrivé à Singapour à la fin de l'année 2001, pour diriger la business unit Asie d'une société française. Il y a un an, il passait chez l'indien IMImobile, en tant que responsable du développement en Asie-Pacifique. Une expatriation réussie qui tient beaucoup à la qualité de vie sur l'île-Etat.

Décrivez-nous votre quotidien à Singapour...
Eric Barbier. Mes journées à Singapour ont un rythme assez parisien. On arrive tard au bureau, entre 9h30 et 10h. On prend une bonne heure pour déjeuner, souvent dans les "hookers", des boui-boui locaux que l'on trouve à tous les coins de rue et où l'on mange bien et pas cher. La journée se termine entre 19h et 20h, à moins d'avoir une conférence tardive avec l'étranger. Ensuite, je sors souvent dîner avec ma femme, avec d'autres Français, dans l'un des nombreux restaurants de Holland Village.

Qu'est-ce que vous aimez le plus à Singapour ? Et le moins ?
La facilité de la vie est tout à fait étonnante. D'un point de vue administratif, d'abord : les papiers d'immigration sont faits en un quart d'heure, les impôts, pré-remplis, sont comme la plupart des démarches, réglés sur Internet en quelques secondes... Singapour est gérée comme une entreprise. Le citoyen est un client, qui doit recevoir un service de qualité. En conséquence, tout est remarquablement bien organisé. Et c'est le cas à tous les niveaux. Par exemple, il est très facile de voyager. Entre le moment où l'avion se pose et le moment où je suis chez moi, il y a une demi-heure au plus. Récupérer les bagages se fait très vite et il n'y a jamais d'embouteillages. Enfin, il est possible de vivre complètement à l'occidentale : on trouve du fromage et même des huîtres de Bretagne.

Ce qui est plus difficile, c'est de s'intégrer à la population locale. Au bureau d'ailleurs, il est parfois compliqué de manager les Singapouriens, de leur faire faire quelque chose en dehors du contexte professionnel. Or, nous sommes une société jeune, dans les technologies. Il serait important d'avoir une bonne ambiance entre les gens, mais créer cet esprit est très ardu. Un autre problème managérial fréquent réside dans le manque d'initiative et de créativité des Singapouriens, notamment d'origine chinoise. Si un développeur rencontre un problème, il ne vous le dira pas et ce sera à vous de le découvrir. C'est certainement dû à l'éducation des gens, habitués à ne jamais faire de vagues.

Y a-t-il des gaffes à éviter ?
Singapour est une société très hiérarchisée au niveau ethnique. Traditionnellement, les Chinois dirigent, les Malais sont en dessous et les Indiens réalisent les tâches les moins qualifiées. Sauf qu'en pratique, il arrive évidemment que les Indiens soient les plus compétents, notamment en informatique. Il m'est arrivé d'engager un informaticien d'origine indienne, de très bon niveau, et qu'une singapourienne d'origine chinoise, manager dans mon entreprise, vienne me voir pour remettre en cause "les compétences d'un Indien". Les Singapouriens ne se gênent pas pour entretenir ce climat. Il faut donc y faire attention et savoir préparer les gens.

Quelles bonnes adresses conseilleriez-vous pour des repas d'affaires ? 
Le China Club, en haut de Capital Tower, dans la city, est un endroit très prestigieux et vraiment sympathique, doté d'une vue fabuleuse. L'hôtel Fullerton, dans la city également, propose une cuisine à la fois locale et internationale. Très pratique lorsqu'on ne sait pas ce que son client préfère. Il existe aussi un restaurant chinois très prisé, fréquenté notamment par le Premier ministre : l'Imperial Herbal Restaurant, qui se trouve à l'hôtel Metropole, sur Seah Street.

Dans quartier suggéreriez-vous à un expatrié de s'installer ?
Holland Village est parfait lorsqu'on a de jeunes enfants. Le cadre de vie est très agréable, très européen et il y a beaucoup d'expatriés. Les jeunes célibataires préfèrent souvent être "là où ça bouge", à Orchard Road ou à Mohamed Sultan Road, où se trouvent notamment les bars et les boîtes de nuit. Quand il s'agit d'habiter près d'un lycée, il y a le choix entre le lycée français, sur la côte Est, mais où l'on ne parle pas anglais, et les lycées internationaux. Selon le temps que l'on compte rester à Singapour, on jugera de la formule la plus appropriée.

Pour finir, quels sont vos conseils pour bien s'intégrer dès son arrivée ?
Avec les Français, c'est très simple. S'installer dans un condominium est idéal pour se faire de nouveaux amis. Il existe aussi des associations françaises très actives. Avec les Singapouriens, je recommande d'aller déjeuner ensemble dans les hookers. La nourriture est d'ailleurs l'un des sujets de conversation préférés sur l'île. Comme il fait le même temps toute l'année, on ne parle pas météo, mais cuisine : c'est une bonne façon de créer des liens ! Une dernière astuce pour nouer des contacts, davantage professionnels, est de jouer au golf. Ils sont assez onéreux, mais il en existe six ou sept, très propices pour entretenir des relations d'affaires... ou pour faire plaisir à un client.

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