Protéger ses salariés contre la grippe

"S'il est difficile de mesurer l'impact de la grippe en terme de perte de production, tous les travaux montrent que la vaccination des salariés réduit significativement l'absentéisme et engendre pour l'employeur un sous-coût non négligeable." Le professeur Bruno Lina, directeur du Centre national de référence de la grippe, à Lyon, et délégué général du Groupe d'étude et d'information sur la grippe (GEIG), affirme d'ailleurs que le retour sur investissement est d'autant plus intéressant que l'objectif n'est pas pour l'entreprise de dépenser moins, mais d'avoir une continuité dans son activité.

	Bruno Lina, directeur du CNRG et délégué général du GEIG Photo © DR

Quand mener sa campagne de vaccination ?

L'épidémie de grippe commence entre le mois de novembre et le mois de janvier et dure de 8 à 12 semaines. Le vaccin est efficace à partir de 2 à 3 semaines après la vaccination. La date idéale pour se faire vacciner est donc avant le 15 novembre. Toutefois, si l'on n'est toujours pas vacciné à cette date mais que l'épidémie n'a pas commencé, il est encore temps. Et puisque le virus, mutant, est différent tous les ans, il faut prévoir une nouvelle vaccination chaque année.

Combien cela coûte-t-il ?

Le coût par salarié revient au coût du vaccin : entre 6 et 7 euros en pharmacie. "Naturellement, l'entreprise qui achète des vaccins en grande quantité aura tout intérêt à se tourner directement vers le producteur pour négocier les prix", note Bruno Lina.

Peut-on faire pratiquer les vaccinations par le médecin du travail ?

La question de l'implication de la médecine du travail dans la vaccination des salariés n'est pas anodine. "Certains médecins du travail considèrent que leur métier est de faire de la prévention, y compris par des actes vaccinaux, alors que d'autres considèrent qu'ils doivent uniquement donner des conseils." Dans certaines entreprises, le médecin du travail vaccinera contre la grippe et dans d'autres, il renverra vers le médecin traitant.

Comment, concrètement, organiser la vaccination ?

En pratique, l'entreprise qui envisage de proposer ce vaccin à ses salariés commencera par solliciter son médecin du travail. Si celui-ci est d'accord, il prendra contact directement ou par voie d'affichage avec le personnel. "Tout cela doit rester confidentiel : l'employeur n'a pas à savoir qui s'est fait vacciner ou non", précise Bruno Lina.

Quelle est l'efficacité du vaccin contre la grippe ?

Le vaccin ne protège pas à 100%, mais son efficacité est très bonne : "Contre les vraies grippes - et non les états grippaux, rhumes et maux de tête qui ne sont pas des grippes - elle dépasse 90 %." Il existe aussi des échecs vaccinaux, mais les malades qui attrapent la grippe malgré leur vaccination développeront des symptômes moins intenses et moins longs : même pour eux, il existe un bénéfice vaccinal.

Y a-t-il des risques d'effets secondaires ?

"Les effets secondaires sévères se comptent sur les doigts d'une main en France… sur plus de 10 millions de vaccinés", souligne le directeur du CNRG. De plus, le médecin qui vaccine pose des questions sur l'éventuelle allergie du patient aux protéines de l'œuf et aux autres composants du vaccin. S'il détecte un problème possible, il renvoie le patient à son médecin traitant.

Peut-on se protéger de la grippe autrement que par le vaccin ?

"Si quelqu'un a la grippe dans votre foyer, lui faire porter un masque à l'intérieur de la maison limitera considérablement la propagation du virus. Lui faire prendre des anti-viraux comme le Tamiflu ou le Relenza - sur ordonnance -, à condition de les prendre tôt, limiteront la durée de la grippe comme les risques de transmission." D'autre part, certaines mesures d'hygiène simples comme se laver les mains souvent et jeter ses mouchoirs dans une poubelle fermée seront également très efficaces. Autant de recommandations que pourra tout à fait faire le médecin du travail.

Le problème de la grippe n'est-il pas marginal ?

D'après Bruno Lina, l'envergure de l'épidémie de grippe a été assez limitée ces deux dernières années, d'où un relatif désintérêt pour la question. "Pourtant, sur 1.000 personnes qui attrapent la grippe, une meurt, rappelle-t-il. Cela correspond à 2.000 morts en France l'hiver dernier et 500.000 dans le monde. Il n'existe pas beaucoup d'agents infectieux qui tuent autant. C'est un vrai problème de santé publique. Alors avec un vaccin extrêmement bien supporté, efficace, pas cher, qu'on peut refaire tous les ans et qui a très peu d'effets secondaires, quel que soit l'âge, il n'y a pas à hésiter."

Ce genre de démarche n'est-il pas réservé aux grands groupes ?

Effectivement, un certain nombre de grandes entreprises font la promotion de ce vaccin. Mais les PME aussi. Notre spécialiste les pense d'ailleurs mieux sensibilisées : "Un absent sur trois personnes a plus d'impact sur l'activité de l'entreprise qu'un absent sur 100.000. Je constate que beaucoup de patrons de PME/PMI, même s'ils n'appartiennent pas à un groupe à risque, font ce choix personnel afin de ne pas tomber malade".

Sur L'Internaute Santé : Affronter les maux de l'hiver

Appel à contributions : Pour ou contre le vaccin contre la grippe ?

En savoir plus : Le site du GEIG