Pat Gelsinger (VMware) "VMware Cloud on AWS sera lancé en France en 2018"

A l'occasion de VMworld Europe, l'événement européen du spécialiste de la virtualisation qui se tient cette semaine à Barcelone, son PDG a accordé une interview au JDN. Il détaille sa stratégie.

Pat Gelsinger est PDG de VMware depuis juillet 2012. © VMware

JDN. Le rachat d'EMC, ex-maison-mère de VMware, par Dell a été bouclé il y a tout juste un an.  Quel a été l'impact de cette opération sur VMware ?

Pat Gelsinger. La relation que nous entretenons depuis avec Dell peut être résumée en trois mots : indépendance, écosystème et accélération. VMware reste une société indépendante en termes de structure financière, avec une stratégie et une structure opérationnelle autonomes. Côté écosystème, nous continuons à promouvoir un réseau de partenaires indépendant, avec des initiatives telle que l'accord d'intégration annoncé récemment avec HPE.

Enfin, les synergies que nous mettons en œuvre depuis sont synonymes d'accélération. Elles sont bien sûr commerciales mais portent aussi sur des innovations communes. Sur ce point, on peut évoquer par exemple nos offres de systèmes hyperconvergés VxRack ou VxRail.

Vous venez de lancer VMware Cloud on AWS, qui permet de piloter des applications sur AWS via votre plateforme de virtualisation vSphere.  Cette nouvelle offre représente un important gisement de croissance pour vous... 

Depuis que nous avons annoncé notre partenariat avec AWS il y a un an, la croissance de notre activité globale s'est accélérée.  Cette nouvelle stratégie a renforcé le niveau d'engagement de nos clients.  Ce qui nous a amené d'ailleurs à revoir nos prévisions financières sur l'année en cours. Notre chiffre d'affaires a augmenté de 12% sur le dernier trimestre.  Cela s'explique aussi par notre nouvelle structure exécutive, avec Dell, et sans doute par une reprise du marché.

"Nous envisageons de supporter la blockchain dans notre plateforme"

Quant aux retombées commerciales directes de VMware Cloud on AWS, elles vont commencer à se matérialiser à partir de l'année prochaine. Le produit venant en effet d'être lancé. Nous n'avons pas encore publié de prévisions spécifiques pour l'instant concernant cette offre pour 2017. Notez que nous avons déjà des clients qui ont recours à VMware Cloud on AWS (Accenture, Adidas, ADP, Ricoh, Moody's, Brinks.... ndlr).

Quand VMware Cloud on AWS sera-t-il déployé sur la future région française d'AWS (qui doit ouvrir d'ici la fin de l'année) ?

VMware Cloud on AWS (qui se limite pour l'heure aux data centers américains d'AWS dans l'Oregon, ndlr) sera disponible au sein de la région française d'AWS dès 2018. Nous n'avons pas encore communiqué sur une date précise. Ce que je peux vous dire en revanche c'est que la première région européenne d'AWS sur laquelle sera déployée notre offre sera le Royaume-Uni. 

Vous avez récemment dévoilé une initiative avec Pivotal, en vue de porter l'orchestrateur de containers Kubernetes de Google sur  vSphere. Vous avez d'ailleurs indiqué que ce service serait prochainement disponible pour VMware on AWS. Mais comptez-vous supporter de la même manière les deux autres principaux orchestrateurs du marché, Docker Swarm et Mesos Marathon ?

Notre plateforme de virtualisation de data center peut naturellement déjà prendre en charge Docker, Mesos, Openshift... Côté réseau, notre offre de virtualisation réseau VMware NSX supporte également l'interface standard CNI  (Container Network Interface, ndlr). Ce qui nous permet de piloter, également, la couche réseau d'orchestrateurs comme ceux de Docker ou Mesos.  En revanche, la stack VMware Pivotal Container Services, qui permet une intégration native entre Kubernetes et VMware NSX, ne supporte pas Docker Swarm et Mesos Marathon. 

Que pensez-vous du potentiel des containers en matière de virtualisation des terminaux ? Avez-vous des projets de R&D sur ce terrain ? Docker a lancé juste avant l'été un projet open source dans ce domaine (lire l'article Comment Docker veut disrupter toute la matrice IT).

Nous avons des projets exploratoires dans ce domaine. VMware compte beaucoup de produits sur le terrain de la virtualisation des terminaux, comme VMware Fusion ou VMware Workstation. Mais pour l'heure, nous constatons que les premiers usages des containers sur les postes client concernent moins les applications orientées end-user que les développeurs, qui utilisent ce type de technologie pour assembler leur programme et les pousser dans le cloud.

Force est de constater que les environnements de développement natifs dominent aussi côté terminaux mobiles, à la fois sur iOS et Android. Et ils vont rester dominants je pense. La grande majorité des développeurs mobiles tend en effet à préférer, assez logiquement, une approche native. 

Quelles sont vos pistes de R&D en matière d'intelligence artificielle ?

Nous analysons d'abord comment intégrer l'intelligence artificielle, le machine learning, le deep learning au cœur de nos produits. Notre solution de sécurité applicative AppDefense est un bon exemple de cette démarche. Elle s'adosse en effet à des technologies d'auto-apprentissage pour détecter les machines virtuelles ayant des comportements inappropriés. Nous allons développer de plus en plus ce volet, notamment pour renforcer la capacité de notre plateforme en matière d'analytics. Sur ce point, nous avons par exemple récemment intégré de nouvelles capacités d'analyse à notre solution de software-defined storage VSan. Avec notre offre Skyline, notre service de support devient plus proactif vis-à-vis de nos clients en bénéficiant de capacités d'anticipation d'incident et de maintenance prédictive.

"Les clients de vCloudAir vont commencer à migrer vers les data centers d'OVH"

En parallèle, nous cherchons à intégrer l'IA et le machine learning au sommet de notre plateforme. Avec vSphere 6.5, nous avons beaucoup travaillé pour optimiser notre plateforme pour le traitement temps réel orienté big data, et pour faire en sorte qu'elle soit pleinement adaptée aux applications d'IA qui deviennent de plus en plus critiques pour optimiser les processus business. 

Quid de vos travaux en matière de blockchain ?

Sur VMworld Europe, nous avons proposé une démonstration pour montrer comment la blockchain pourrait s'intégrer à vSphere. La gestion de l'exécution d'une chaîne de blocs distribuée est désormais assez bien comprise et maîtrisée par l'industrie. De la même manière qu'avec la virtualisation d'un SAN, nous étudions donc l'opportunité d'introduire cette composante à notre plateforme. L'objectif étant de permettre, aussi, de piloter des services de blockchain via vSphere.

Où en est le processus de cession de votre activité de cloud public, vCloud Air, à OVH ?

L'opération financière est bouclée et l'activité a basculé chez OVH. La prochaine étape va consister à migrer les clients, dont les systèmes étaient hébergés sur nos data centers historiques vCloudAir, vers les centres de données d'OVH, plus modernes. Ce qui leur permettra de bénéficier, aussi, de l'infrastructure du réseau mondial d'OVH.

Ce qui veut dire que le cloud d'OVH est déjà pleinement intégré avec vos offres vSphere et vRealize ?

Suite au rachat de vCloud Air, OVH peut d'emblée offrir à ses clients les possibilités de cloud hybride (de vSphere, ndlr).  Tout comme IBM, OVH est un partenaire qui va aussi proposer très prochainement nos  services HCX (qui permettent de migrer des applications virtualisées sous vSphere vers un cloud public, ndlr).  

Biographie : Pat Gelsinger est PDG de VMware depuis juillet 2012. Expert des architectures x86, il occupait précédemment le poste de directeur des opérations d'EMC, alors maison mère de l'éditeur. Il était en charge des produits d'infrastructure (stockage, sécurité, gestion de contenu et archivage). Auparavant, il a notamment travaillé chez Intel en tant que senior vice president et co-general manager de la division des produits d'entreprise (PC et serveurs).