Dois-je externaliser le finops ou constituer ma propre équipe ?

Dois-je externaliser le finops ou constituer ma propre équipe ? La gestion financière des ressources cloud implique un savoir-faire particulier en termes de méthodologies, de technologies et d'outillage. L'externalisation peut être une solution.

Externaliser ou internaliser, telle est la question qui se pose en matière de finops. Un domaine qui implique des compétences des plus pointues. "Dans ce domaine, nos équipes de consultants sont certifiés Finops Foundation. Ils sont aussi certifiés par les hyperscalers et sur l'outillage du finops", explique Jérôme Loridan, head of marketing professional services au sein de l'entreprise de services du numérique (ESN) Orange Business. Des compétences qui se révèlent rares sur le marché. D'où l'idée d'aller les puiser chez des prestataires tels qu'Orange.

Autre question qui se pose : celle des solutions. Les ESN peuvent faire profiter à leurs clients des applications de finops qu'elles utilisent dans le cadre de contrats de prestation signés avec les éditeurs. "Ce qui évitera d'acquérir un logiciel avec toutes les contraintes que cela comporte, notamment en termes d'engagement de durée, mais aussi de développement de compétences", vante Jérôme Loridan.

Instances réservées, saving plan, redimensionnement, suppression de ressources inutiles... Toutes ces actions de finops sont déjà connues. "Ce qui manque le plus souvent, c'est de les accompagner, de les traquer et de mesurer les économies réalisées. L'étape suivante consiste à se demander où sont les leviers d'optimisation restant. On peut avoir réalisé 25% d'économie, mais la question qui se pose est de passer au stade supérieur via la définition de tableaux de bord finops contextualisés. C'est là que l'externalisation prend tout son sens, et notamment pour passer ensuite à une phase orientée greenops", insiste Zakia Queiroz, spécialiste finops chez Capgemini en France.

Pour Taky Eddine Chorfa, directeur de programme et expert finops chez Sopra Steria, l'externalisation du finops, notamment par les grandes entreprises, présentent des avantages. "On mettra sur pied un comité de pilotage financier en lien avec nos consultant. Ce qui permettra aux clients de bénéficier d'un œil neuf avec à la clés une gouvernance agrégée sur l'ensemble des projets IT de toutes leurs entités qui amènera à bénéficier d'une vision globale. On va ensuite les accompagner pour définir une clé de répartition efficace. On leur proposera des solutions déjà éprouvées ailleurs, par exemple sur la manière de refacturer un pare feu commun au plus juste", commente Taky Eddine Chorfa. "Il est extrêmement difficile pour un grand client d'avoir cette vision de l'intérieur."

Une vision cross-cloud

Autre point fort souligné par le consultant de Sopra Steria : la capacité des prestataires à agréger de multiples expériences en finops glanées au fil des missions. "J'ai rencontré des clients très matures sur l'outillage, mais qui n'exploitaient pas bien les données", raconte Taky Eddine Chorfa. "Chez Sopra Steria, nous sommes capables de détecter la surface que couvre une consommation IT pour déduire au plus juste l'investissement nécessaire." En parallèle, Sopra Steria a créé des abaques de consommation par vertical. "Nous savons ainsi que tel type d'activité va recourir à tel type de technologie. Partant de là, on sait mesurer la maturité d'une entreprise par rapport à son métier en matière de finops et donner des idées d'axes de progression, et ce dans une vision cross-cloud que les ESN sont les seules à pouvoir développer." Pour Taky Eddine Chorfa, un client ne sera jamais en capacité de développer ce type de savoir-faire.

"L'objectif est d'amener le client à mettre en œuvre lui-même ces processus en interne en toute autonomie"

Chez Orange Business, l'externalisation peut intervenir "en mode pompier". "Dans ce cas, on corrige la trajectoire et on met en place des règles, du taguage et des alertes. Nous avons récemment mis en œuvre ce type de process pour un client qui avait décidé de migrer SAP sur AWS en mode lift and shift. Suite à cela, il avait vu sa facture de stockage exploser", se rappelle Jérôme Loridan. Certains clients font également appel à l'externalisation pour mettre en place d'autres axes d'optimisation ponctuels par le biais d'automatisation, par exemple via du sart and stop v2 sur Azure ou encore du downsizing de disque. Ce qui passera par la mise en place de ressources pour aider le client en créant des scripts. "Ensuite l'objectif est de l'amener à mettre en œuvre lui-même ces processus en interne en toute autonomie", poursuit Zakia Queiroz.

Aboutir à une autonomie complète permettra à l'entreprise de maîtriser ses coûts cloud sans avoir besoin d'un apport externe. "Chez certains clients, nous sommes amenés à proposer des programmes d'acculturation, mais aussi à réaliser un transfert de compétences pour que les équipes maîtrisent le process et l'outillage de bout en bout", explique Jérôme Loridan. Le client pourra néanmoins continuer à faire appel à de la prestation externe au cas par cas, par exemple pour maîtriser la mise en place du finops dans le SaaS ou encore sur son cloud privé.

Les grands DSI tentés par l'internalisation ?

"En général, l'internalisation dépendra beaucoup de la taille de l'entreprise et de la DSI. Les grosses DSI se poseront en général assez vite la question de l'internalisation", souligne Jérôme Loridan. "D'autant que ces DSI ont tendance à refacturer leurs prestations aux autres entités métier. Le finops devient alors stratégique pour elles et son internalisation prend tout son sens, d'autant que le cloud implique une dépense en fonction de la ressource consommée", indique Jérôme Loridan Pour ces directions IT, le suivi des coûts devient critique. "Il existe aussi des entreprises qui ne souhaitent pas que leurs factures passent par un tiers", constate Jérôme Loridan.

Autre apport de l'internalisation : la capacité à créer un dialogue entre les différentes équipes de la DSI autour de l'optimisation des coûts. Dans ce cas de figure, la DSI pourra faire des propositions de solutions aux différentes entités métier en vue de rationaliser les dépenses. "La gouvernance du finops ne doit surtout pas être externalisée totalement car elle doit être alignée sur la stratégie de l'entreprise, à la fois cloud et métier", insiste Zakia Queiroz. "De plus, un prestataire ne dispose pas des mêmes connexions en interne ce qui l'empêche de faire passer des messages importants et faire preuve de sponsorship pour créer une cohésion. Il manque de légitimité pour porter la parole de la gouvernance." En revanche, il sera toujours possible de commanditer des livrables apportant plus de précisions sur la mise en œuvre de la gouvernance finops, à travers notamment des statement of work, ou encore une aide à la comitologie." Entendez par comitologie la mise en place du finops à travers des réunions hebdomadaires opérationnelles et des comités finops mensuels en direction du top management pour faire un point sur l'état des progrès.

Pour Taky Eddine Chorfa chez Sopra Steria, l'internalisation n'est pas la solution, en particulier pour une grande entreprise. "Si on parle d'un groupe, des mécanismes de finops se développent au sein de chaque entité. Sans compter des enjeux politiques, avec des responsables opérationnels qui n'auront pas forcément envie de voir la holding s'insinuer dans leur métier. Dans ce cadre, l'ESN sera indispensable pour jouer le rôle d'arbitre en vue de mettre en place une gouvernance sans laquelle plusieurs filiales ne se parleraient jamais", martèle le consultant. "Nous avons par exemple réalisé des mises en relation en pointant du doigt des mécanismes de finops déployés par une filiale qui pouvaient en intéresser une autre. Ce qui a créé une émulation." Un dispositif possible dans le cas où la société a déjà atteint un certain niveau de maturité en matière de finops, avec à la clé la mise en œuvre d'un reporting robuste.