L'e-commerce est-il rentable ? Les gros sites marchands sont-ils rentables ?

"On parle beaucoup des taux de croissance fantastiques de l'e-commerce. Cette façade cache souvent une course à la taille et à la part de marché qui coûte très cher aux sites marchands", avertit d'emblée David Larramendy, DG délégué de Ventadis, filiale du groupe M6 qui opère Mistergooddeal. Voir l'e-commerce comme un modèle low-cost relève en effet du fantasme, selon les principaux sites marchands, qui tous réinvestissent leur marge dans les structures. "Le jour où nous remonterons les marges de 2 ou 3 %, nous serons toujours 10 % moins cher que le commerce traditionnel et nous gagnerons de l'argent, souligne Gauthier Picquart chez Rue du Commerce. Mais aujourd'hui, nous ne prenons pas toute la croissance."

La pression sur les prix est en outre beaucoup plus forte qu'en magasin, du fait de la facilité de comparaison sur Internet. Selon les secteurs, les marges peuvent donc être très réduites. "Vente-Privée est le seul à gagner beaucoup d'argent, car les marges sont très importantes sur le déstockage", affirme Gauthier Picquart. Rentable depuis 2004, le leader européen des ventes événementielles a publié un chiffre d'affaires 2009 de 680 millions d'euros et annoncé un résultat net compris entre 6 et 7 % de ses ventes.

Où en sont les autres grands de l'e-commerce français ? Au premier semestre de son exercice 2009-2010, du 1er avril au 30 septembre 2009, Rue du Commerce a publié un chiffre d'affaires de 139,1 millions d'euros. Sur cette période, son résultat net est passé dans le rouge avec une perte de 700 000 euros. Le groupe prévoit toutefois d'être profitable sur l'ensemble de l'exercice.

Mistergooddeal, qui sur son segment phare de l'électroménager bénéficie de marges supérieures au high-tech, affirme être rentable depuis 2003 et enregistrait en 2009 un chiffre d'affaires d'environ 180 millions d'euros. Pixmania déclare avoir toujours été rentable et s'assurer depuis deux ans un résultat net compris entre 1,3 et 1,5 % de son chiffre d'affaires. Sur l'exercice 2009-2010 qui s'achève fin avril prochain, ses revenus devraient s'élever à 880 millions d'euros, dont 300 millions en France. A comparer aux 800 millions de Cdiscount en 2009.

"Cdiscount est une incroyable réussite commerciale, reconnaît David Larramendy, chez Mistergooddeal. Ils vendent parfois moins cher que nous n'achetons !" Toutefois, de l'avis général, Cdiscount perd entre 10 et 20 millions d'euros par an depuis des années. Les analystes évoquent cette année une rentabilité de 5 à 6 millions d'euros mais sur le périmètre français, qui ne prend donc pas en compte les pertes enregistrées sur les marchés britanniques et allemands.