Antoine Rigaud (Le Slip Français) "L'activité en ligne du Slip Français croît de 30% par rapport à l'année dernière à la même période"

En marge du salon Deliver, le directeur des opérations du Slip Français évoque les atouts de la marque qui lui permettent de surmonter la crise et précise les chantiers du moment.

Antoine Rigaud, directeur des opérations du Slip Français. © Le Slip Français

JDN. Comment se porte l'activité du Slip Français, qui a fortement développé le phygital ? 

Antoine Rigaud. Le confinement a été une période compliquée à gérer tant d'un point de vue humain que business avec la fermeture de nos boutiques. Nous avons revu notre pilotage financier en fonction de l'actualité. Finalement, depuis le déconfinement, nous considérons être plutôt bien lotis surtout lorsque l'on observe le marché dans lequel on évolue.  Etant donné notre agilité, nous avons réussi à nous adapter et notre ADN digitale nous a plutôt épargnés comparativement à d'autres acteurs de notre secteur. D'une part, notre activité en ligne qui pèse encore 60% de notre chiffre d'affaires, profite de l'accélération globale du web avec une croissance de l'ordre de 30% par rapport à l'année dernière à la même période. D'autre part, depuis leur réouverture, nos boutiques parviennent à sortir leur épingle du jeu malgré une diminution de trafic. Nous constatons que les clients qui se rendent en boutique sont beaucoup plus décidés dans leurs achats qu'avant la crise. Les mesures sanitaires sont moins propices au shopping et à la flânerie dans les magasins et les clients entrent moins dans les boutiques de manière impromptue. D'un point de vue opérationnel, la logistique a été mise à rude épreuve car nous devons assurer la qualité de service pour nos clients ainsi que les livraisons dans les temps tout en respectant les mesures barrières dans l'entrepôt de notre partenaire logistique. 

Dans quelle mesure la crise impacte-t-elle le volet textile de votre activité ? 

D'un point de vue approvisionnement et production, nous avons la chance de fonctionner en circuit court avec nos fabricants et la situation a été plus facilement gérable car nous ne sommes pas dépendants d'une production venue de l'autre bout du monde. D'un point de vue distribution, l'exercice était plus délicat pour nos équipes en magasins qui doivent appliquer les règles sanitaires et assurer la continuité de la relation client dans les meilleures conditions. Mais je dirais que nous avons plutôt tiré profit des évolutions apportées par la crise autour du web et de la consommation locale, des valeurs de longue date. 

Justement, vous vous êtes démarqués il y a 10 ans en valorisant le made in France. Mais cet argument a depuis été largement repris par les marques, et encore plus avec la crise. Comment pouvez-vous continuer à vous différencier ?

Nous souhaitons aller plus loin en misant sur les savoir-faire locaux et les produits durables. Dans cette optique, nous avons modifié nos statuts cet été pour devenir une entreprise à mission, montrer nos engagements et notre vision. Nous sommes actuellement en train de revoir tout notre packaging pour réduire nos emballages dans nos expéditions web avec une enveloppe kraft. Le fait de communiquer sur nos engagements n'implique pas seulement la made in France, nous devons apporter de la cohérence sur tous les aspects de nos produits et de notre marque pour répondre aux attentes des consommateurs. 

Quelles sont vos priorités pour les mois à venir ? 

Fin octobre, nous allons proposer le ship from store qui consistera à expédier nos produits depuis nos boutiques en deux heures. Il y a un an et demi, nous avons mis en place la prise de commandes en magasin sur du stock en entrepôt pour livrer les clients. L'enjeu pour nous est de pallier les ruptures de stock en magasin. Nous ne souhaitons pas que le ship from store devienne une part importante de nos volumes mais l'idée est d'offrir un service de livraison qualitatif à nos clients qui souhaitent se faire livrer un produit en urgence.
Nous sommes en train de revoir une partie de notre gamme en incorporant toujours plus de matières recyclées et en retravaillant tout le packaging de nos produits. Ce chantier va nous occuper environ 18 mois, le temps de la déclinaison sur tous nos canaux jusqu'en boutique. En termes business, nous misons beaucoup sur les fêtes de fin d'année qui correspondent à notre pic de ventes. Nous nous préparons à un boom des ventes en ligne dans la continuité des mois précédents. Nous espérons que la situation sanitaire en boutiques ne se dégradera pas davantage et que les clients seront au rendez-vous.

Comment se profile l'année 2021 pour Le Slip Français ?

Nous ne prévoyons pas d'ouverture de nouvelles boutiques. Nous sommes avant tout dans une logique de stabilisation de l'entreprise. Nous sommes en train d'asseoir notre positionnement marketing en nous engageant sur d'autres sujets que le made in France, avant d'attaquer, en 2022, une nouvelle phase de croissance. 

Celle-ci passera-t-elle par l'international ? Où en êtes-vous sur ce plan ?

C'est une question à laquelle on ne sait pas répondre. Pour le moment, nous n'avons que des boutiques en France et la majeure partie de nos ventes ont lieu principalement depuis la France. Nous irons à l'étranger à un moment donné c'est certain mais c'est encore en cours de réflexion. Nous distribuons nos produits partout dans le monde et, à la marge, nous vendons nos produits aux Etats-Unis ou à Singapour par exemple. Mais nous remarquons qu'il s'agit surtout de clients expatriés. Le marché national nous occupe beaucoup et nous sommes portés par une belle croissance. Nous avons développé la gamme avec la sortie de la catégorie Femmes il y a deux ans. Le prochain relai de croissance sera certainement l'international mais nous ne savons pas encore quand, ni comment. 

Cette interview a été réalisée dans le cadre du salon Deliver, organisé les 8 et 9 octobre 2020. 

Antoine Rigaud est le directeur des opérations au Slip Francais depuis deux ans. Il a rejoint la marque après trois ans de conseil en stratégie et opérations chez EY à Paris. Au Slip Français, il est en charge des opérations de logistique, du service client, de la gestion des data et des projets d'optimisation.