L'hypercroissance du marché du vélo peut-elle durer ?

Ces dernières années, l'usage des moyens de déplacement "non carbonés" sont en pleinr expansion, motivés par des aides gouvernementales mais également parce que les utilisateurs sont de plus en plus en recherche de mobilité dite respectueuse de l'environnement. Le vélo fait partie de ces usages alternatifs à la voiture et aux transports en commun. Cette tendance va-t-elle se poursuivre ou est-elle liée uniquement à la situation sanitaire actuelle?

La pandémie due au Covid 19 a changée nos habitudes, en effet les périodes de confinements et les contraintes de distanciation sociales ont fait évoluer la manière de nous déplacer et nos canaux de consommation.
Les gouvernements ont incités leurs citoyens à utiliser le vélo comme moyen de transport afin de réduire l’affluence dans les transports en commun.

Cette impulsion a généré un regain d’intérêt mondial pour le vélo en tant que moyen de transport mais également en tant qu’objet de loisir après les confinements. Pour répondre à la forte demande mondiale, les fabricants de vélos tels que par exemple Giant, Moustache ou Specialized ont augmenter leurs cadences de production jusqu’à atteindre leur limite puis en augmentant significativement leurs délais de livraison.

Approvisionnement des pièces et accessoires de vélo 

Tous les constructeurs de vélos sont confrontés à la même problématique : comment approvisionner les pièces et accessoires?
En effet, un vélo est constitué de environ 150 pièces pour un modèle classique et 200 pièces pour une version électrique, les fabricants approvisionnent des composants réalisés par des fournisseurs partout dans le monde, c’est le cas des pièces de transmissions provenant de Malaisie ou de Taiwan, les roues et pneus d’Allemagne, France, Taiwan, Chine,… les batteries de Chine, les composants électroniques de Taiwan,….
Pour certains composants incontournables, la concurrence est faible et la compatibilité avec d’autres marques est inexistante. C’est le cas des transmissions qui sont aujourd’hui conçues et fabriqués par quatre fournisseurs : Shimano (Japonais), Sram (Américain), Campagnolo (Italien) et Microshift (Taiwanais). Malheureusement pour la plupart des groupes de transmission qu’ils proposent, il n’est pas possible par exemple d’utiliser des manettes de vitesses Sram avec un dérailleur Shimano sauf pour des modèles bas de gamme ; cette incompatibilité est due aux standards de chaque marque qui leurs sont propre afin de se différencier de leurs concurrents. Les fabricants de vélo n’ont donc pas d’autres choix que d’attendre les composants de ces spécialistes incontournables. 

Evolution des coûts 

Due à la chute des volumes d’expéditions entre l’Asie et le reste du monde, les frais de transport ont très largement augmentés, c’est le cas du coût d’un conteneur qui a été multiplié par 4 en moins d’un an (source : Business et Finances Fret )
Les fabricants de composants sont également confrontés à la pénurie mondiale des matières premières dues au redémarrage de certaines industries mais également à la forte consommation de produits informatiques lors des différents confinements et à la nécessité de télétravailler. La  rarification de matières tels que le cuivre ou certains plastiques engendre une forte hausse de leurs tarifs, qui sont et qui seront inévitablement répercutés sur le tarif final du vélo.

Les solutions alternatives : relocalisation de la fabrication de certains composants ?

Pour certaines pièces spécifiques aux modèles de leur vélo, les fabricants de cycles peuvent avoir un plus large choix de sous-traitants et de constructeurs, c’est le cas des cadres pour lesquels certaines grandes marques de cycles ont pris la décision de relocaliser certaines de leur fabrication chez des 
sous-traitants locaux qui voient leur charge de travail augmenter d’une manière très significative, c’est le cas par exemple de Cyfac ou Arcade en France. 

Est-ce que cette situation va perdurée ? rien n’est moins sure, l’avenir nous le dira, il est peut probable que la production de certains composants dont la fabrication nécessite de lourds investissements tels que celle d’un dérailleur soit relocaliser, un comble quand on sait que le dérailleur a été inventé et fabriqué en France jusqu’à la fin des années 90.
Le marché de l’occasion peut-il contribué à la forte progression du marché du cycle ?
Le marché du neuf est aujourd’hui pénalisé par ses délais de livraisons et très bientôt par des hausses de prix. 
L’achat d’un vélo, de pièces ou de composants en état d’occasion peut être une belle alternative pour le consommateur car il est possible de trouver des produits de qualité, disponible et à un tarif très compétitif. 
Les volumes d’achats d’occasion sont d’ailleurs en pleine progression et devraient continuer à évoluer dans les mois et années à venir sous l’impulsion des politiques gouvernementales favorables (réduction des émissions de gaz à effet de serre), la volonté des consommateurs d’acheter local et en respectant l’environnement.

Le vélo un objet d’avenir ?

Comme pour tous les produits de consommation, l’évolution du marché du cycle et son industrie vont dépendre des attentes et des habitudes des consommateurs. Néanmoins, la progression des ventes de vélos semble solide car portée par le développement des modèles de vélos électriques qui accroît le nombre d'utilisateurs potentiels.

Comme le marché du cycle, de nombreuses industries tels que l’automobile sont confrontés à la pénurie de composants, pièces et matières premières, leurs besoins vont s’ajouter à ceux des marchés qui vont redémarrer tels que l’aéronautique, l’année 2022 verra probablement donc la même tendance que celle de 2021 avec une hausse probablement marquée des produits finis.