Et si vos objets connectés vous prévenaient des risques de diabète ?

Et si vos objets connectés vous prévenaient des risques de diabète ? Une nouvelle course à l'innovation se profile pour le développement de solutions non-invasives dédiées non plus au suivi de la glycémie au quotidien mais à détecter la maladie.

Le diabète touche plus de 4 millions de Français. Pour les accompagner au quotidien, une multitude de solutions IoT ont été développées, à l'image de la K'Watch Glucose, un moniteur de glucose en continu (MGC) sous forme de montre connectée de l'entreprise PKvitality, ou encore le capteur de glucose en continu de Diabeloop. "Le diabète est une pathologie qui en génère d'autres et qui pèse en France 8,6 milliards d'euros par an, soit 5% des dépenses de santé, il est donc naturel d'en assurer un suivi digital", analyse Thomas Serval, CEO de la healthtech française Baracoda. Si les solutions de monitoring sont légions, peu se démarquent en amont, dans la prévention.

Une course à l'innovation s'affirme donc en santé pour mettre au point des solutions non-invasives de détection, afin de prévenir les risques avant que les symptômes ne soient définitivement installés. Un critère d'autant plus important que selon une étude internationale menée en 2021 auprès de mille patients diabétiques, 40% des quelque 2 860 scénarios imaginés avec les solutions sur le marché ont été perçus comme trop invasifs.

"La santé doit être tournée vers la prévention tout au long de sa vie par des outils de suivi"

Deux moyens permettent de détecter des risques de diabète. Le premier d'entre eux est par capteur de saturation en oxygène dans le sang (SpO2). C'est cette méthode qu'a choisie notamment le groupe Baracoda, à travers des mesures réalisées à partir de son tapis de bain intelligent BBalance. Les données captées quotidiennement permettent à l'entreprise d'identifier les pieds de diabétiques. A travers ses produits, Baracoda entend se spécialiser dans la prévention par un suivi journalier. "La santé doit être tournée vers la prévention tout au long de sa vie par des outils de suivi, c'est ce que l'on appelle la médecine longitudinale", martèle Thomas Serval, qui fait de ce message le cœur de son dernier livre "Soignons les gens en bonne santé". Cette méthode est également l'un des arguments de Withings avec ses balances connectées.

Seconde solution pour laquelle a opté la start-up française Olythe : l'analyse de l'air expiré. L'entreprise a développé un capteur de gaz par spectroscopie infrarouge qui s'inscrit dans la continuité de son éthylotest connecté. L'air expiré dans le capteur est échantillonné, analysé et la concentration d'acétone est mesurée. Ce taux permet de faire une corrélation avec la glycémie dans le sang. "Des études cliniques ont montré que l'on peut distinguer la concentration d'acétone de patients diabétiques et de non diabétiques, même si l'acétone peut être générée dans diverses situations, comme des régimes spécifiques", précise Guillaume Nesa.

Des perspectives sur le marché américain

Les contraintes réglementaires demeurent le principal frein au développement des solutions. "Ce sont des objets médicaux, il faut obtenir une certification, ce qui est très long", explique Thomas Serval, pour qui l'adoption sera ensuite conditionnée par la confiance des utilisateurs dans le produit à l'accessibilité de son coût. Un avis partagé par Guillaume Nesa : "Créer un dispositif médical est long et coûteux, ce qui explique que les déploiements massifs sont limités."

Les deux acteurs en sont encore au début du processus. Baracoda vient d'expédier ses premiers tapis de bain à ses clients et Olythe, qui a terminé la conception du capteur, cherche des partenaires fabricants pour l'intégrer à un produit final, le modèle d'affaires étant en BtoBtoC. Tous les deux pensent privilégier dans un premier temps le marché américain, les "clients outre-Atlantique étant plus sensibles au suivi de leur état de santé", explique Guillaume Nesa. Une étude réalisée par Withings en novembre 2019 avait révélé que les Américains sont justement les plus touchés par le diabète, un taux à mettre en corrélation avec le taux d'obésité. Les acteurs français vont par ailleurs devoir faire face à la concurrence prochaine d'Apple, qui travaillerait selon Bloomberg sur un capteur intégré à ses montres connectées pour détecter par des mesures régulières un début de diabète.