Joël-Alexis Bialkiewicz (Delupay) "Delupay est utilisé activement par 3 537 points de vente et 9 135 consommateurs"

Lancé en grande pompe il y a près d'un an et demi, Delupay permet de régler des achats en ligne ou en magasin par QR code ou par lien de paiement. Son CEO et fondateur, Joël-Alexis Bialkiewicz, dresse le bilan.

JDN. Delupay a annoncé son lancement en commercial en septembre 2023. Quel bilan peut-on tirer ? Les commerçants et consommateurs ont-ils adopté votre solution ?

Joël-Alexis Bialkiewicz est CEO et cofondateur de Delupay. © Joël-Alexis Bialkiewicz / LinkedIn

Joël-Alexis Bialkiewicz. En décembre 2023, 951 points de vente utilisaient Delupay de manière active, c'est-à-dire pour traiter au moins une transaction par mois. En décembre 2024, ce chiffre est passé à 3 537. Il s'agit essentiellement de points de vente physique mais on discute actuellement d'un partenariat avec un gros acteur e-commerce. Sur les mêmes dates, le nombre d'utilisateurs actifs est passé de 1 427 à 9 135. Le volume d'affaires a également bien progressé. Delupay a traité 8 000 euros de transaction en décembre 2023 et 140 000 euros en décembre 2024. Evidemment, cela reste minuscule par rapport à la carte bancaire. Mais étant donné notre progression exponentielle, on pourrait devenir une vraie alternative d'ici deux ou trois ans.

Qu'est-ce qui rend difficile la conquête de commerçants et de consommateurs supplémentaires ?

On a créé Delupay pour aider les petits commerçants qui se font racketter par les banques. Eux, on a aucun mal à les convaincre. Pour les grandes enseignes c'est plus compliqué. Elles nous demandent notre nombre d'utilisateurs, nous expliquent que ce n'est pas assez et nous invitent à revenir dans un an. Malgré tout, on est en train de négocier des phases de POC avec des enseignes de la grande distribution et comme déjà dit on espère signer bientôt avec un acteur important du e-commerce. Concernant les clients finaux, il faut qu'on intègre davantage de commerçants pour que ce soit vraiment intéressant pour eux. On doit vraiment développer notre réseau. Je pense que quand on aura signé deux ou trois grands noms, cela facilitera les choses auprès du grand public. Pour le moment, notre partenaire le plus connu est le club de football du Paris FC.

"On a aucun mal à convaincre les petits commerçants. Mais les grandes enseignes nous invitent à revenir dans un an"

Delupay assure éliminer près de 95% des émissions de CO2 par rapport à un paiement par carte bancaire. Le consommateur est-il sensible à cet argument écologique ?

Tous les consommateurs ne sont pas sensibles à cet argument. En réalité, cet argument a une importance seulement pour les jeunes qui ont des hauts revenus. Par contre, ils seront peut-être plus sensibles aux innovations que nous sommes en train de déployer.

Quelles sont ces innovations ?

Je pense surtout à deux d'entre elles. La première combine le bluetooth by low energy avec un affichage de catalogue en ligne. Elle a surtout du sens dans le secteur de l'événementiel. Concrètement, le consommateur peut passer une commande et la régler à distance. Il peut ensuite la retirer au comptoir ou choisir qu'on lui amène, ce qui lui permet d'éviter les files d'attente. On a passé un partenariat avec le Paris FC pour tester cette innovation depuis octobre. La deuxième innovation est surtout avantageuse pour les commerçants puisqu'elle permet de réduire la fraude en proposant une alternative à la caisse automatique. Au lieu de passer par cette dernière, le client peut régler ses courses sur l'application Delupay. Pour sortir du magasin, l'application lui fournit un code barre à scanner. Au moment du scan, un voyant s'allume, en vert, en orange ou en rouge selon le risque de fraude. Cette innovation est techniquement prête. On discute avec plusieurs commerçants pour la déployer.

Lors du lancement de Delupay, vous souhaitiez lever 50 millions d'euros et annonciez viser une expansion à l'étranger dès 2026. Ces ambitions ont-elles changé ?

On cherche toujours à lever des fonds. Il y a un an, on a refusé des investisseurs américains car on voulait se développer avec des acteurs français. Aujourd'hui, je pense qu'on ferait moins la fine bouche car on a besoin d'argent pour avancer. J'ai l'impression que l'appétit des investisseurs est plus important dans les autres continents. Concernant notre expansion à l'étranger, étant donné que nous n'avons pas levé de fonds, le développement commercial est plus lent. Il faut décaler l'objectif d'au moins un an. De toute manière, on doit d'abord se faire une place en France avant d'imaginer conquérir des pays étrangers.

"Il y a un an, on a refusé des investisseurs américains. Aujourd'hui, on ferait moins la fine bouche"

Le monde du paiement est très concurrentiel. Des acteurs comme Visa, Mastercard, Apple Pay sont bien installés et innovent régulièrement et des challengers comme Wero ont fait leur apparition. Comment Delupay peut-il tirer son épingle du jeu ?

Ces acteurs ont une force de frappe qu'on ne possède pas. Mais leurs innovations ne proposent pas une réelle plus-value. Ils ont juste des gros sous pour proposer des services qui existent déjà. C'est avant tout du marketing. Je pense qu'avec 10% de leurs moyens, je les écrase. Aujourd'hui, Delupay n'a pas de concurrent en France car aucun autre acteur ne propose quelque chose de vraiment nouveau à part nous. En tout cas, je ne perds pas espoir de concurrencer ces gros acteurs du paiement. Si on arrive à traiter 10% des transactions, on en prendra rapidement 90% grâce aux effets de réseau et aux effets de masse. On pourra alors atteindre notre objectif, à savoir devenir un moyen de paiement mondial révolutionnaire.