L'aide publique à l'export doit faire peau neuve

Pointés du doigt par les conseillers du commerce extérieur, les outils publics d'aide à l'exportation sont en train d'être remis à plat par le ministère. Le point sur les réformes en cours.

Alors que le déficit commercial français a atteint un niveau record en 2007, une enquête auprès des conseillers du commerce extérieur pointe du doigt les faiblesses du système français d'aide à l'exportation. Un système cependant en pleine restructuration.

Les aides à l'export peu utilisées et peu appréciées

Le Conseil national des conseillers du commerce extérieur (le CNCCEF) a fait réaliser une enquête auprès de 2.000 conseillers sur la perception des outils d'appui à l'export. Les résultats démontrent la nécessité de réformer cette offre.

Premier constat : nombreuses sont les aides proposées aux exportateurs qui ne servent pas ou très peu. 77 % des entreprises ne recourent pas au crédit d'impôt exportation. Environ deux-tiers des exportateurs n'utilisent pas non plus les services de la Coface, à savoir l'assurance-crédit et l'assurance-prospection. En revanche, ils sont 87 % à faire appel aux missions économiques à l'étranger, 72 % à recourir aux services des chambres de commerce et d'industrie et 58 % à se tourner vers Ubifrance.

"77 % des entreprises ne recourent pas au crédit d'impôt exportation"

Deuxième constat : le taux de satisfaction inquiéterait plus d'une direction qualité. Seules 39 % des entreprises sont satisfaites des services d'Ubifrance, 43 % de ceux des chambres de commerce et 66 % des missions économiques.

Parmi les principaux obstacles rencontrés, les conseillers recensent la difficulté à intégrer les réseaux locaux et les problématiques liées au recrutement sur place.

Vers une meilleure coordination des réseaux

De mauvais chiffres qui surgissent alors même qu'une convention de partenariat vient d'être signée entre les différents acteurs de l'aide à l'export. Les réseaux, français et étranger, des chambres de commerce et d'industrie (ACFCI et Uccife), Ubifrance et la Direction générale du trésor et de la politique économique (DGTPE) ont pris l'engagement de rationaliser l'ensemble des dispositifs existants afin de clarifier l'offre publique mais aussi d'éviter la mise en place de dispositifs qui se recoupent. L'objectif fixé par le gouvernement : accompagner 10.000 nouvelles entreprises exportatrices dans les trois ans, soit une doublement du nombre de firmes aidées. Or, Anne-Marie Idrac, secrétaire d'Etat chargée du commerce extérieur, le reconnaît elle-même : "Les entreprises qui veulent exporter ne savent pas qui fait quoi." Le résultat consiste en l'élaboration d'un catalogue commun de produits et services et la déclinaison d'un programme unique d'action, le "programme France".

"L'objectif fixé par le gouvernement : accompagner 10.000 nouvelles entreprises exportatrices dans les trois ans à venir"

Cette coordination prend place dans le cadre d'une restructuration ambitieuse des acteurs du commerce international français, entamée depuis 2006. Ainsi les missions économiques ont été les premières à subir une réorganisation. Sur la période 2005-2008, elles ont vu leur budget fondre de 8 %, leurs effectifs de 6 % et leurs objectifs augmenter. Pour cela, les crédits ont été ciblés sur les marchés estimés les plus porteurs, à savoir l'Asie, la Russie et la Communauté des états indépendants. Pour améliorer la productivité des missions économiques, les pouvoirs publics ont rapproché Ubifrance du réseau via le pilotage de son activité commerciale, lui confiant même la gestion directe d'une cinquantaine de missions. Le but : introduire des modes de fonctionnement orientés résultats et profits, avec la mise en place croissante de services payants.

Des outils remaniés et plus orientés vers les PME

Le secrétaire d'Etat en charge des PME et du commerce, Hervé Novelli, avait par ailleurs dévoilé en février 10 mesures visant à dynamiser les exportations, en particulier celles des PME.

"Une restructuration ambitieuse des acteurs du commerce international français a été entamée depuis 2006"

 Simplifier les procédures de la Coface pour permettre aux PME d'avoir recours à l'assurance-prospection et l'assurance-crédit. Le service sera renforcé en direction des entreprises innovantes.

 Faire d'Ubifrance l'organisme de référence avec un réseau propre dans les différents pays d'ici 2009 et la gestion du personnel commercial de l'ensemble des missions économiques.

 Doubler le nombre de VIE (volontaires internationaux en entreprise) pour atteindre 10.000 jeunes en poste d'ici fin 2009.

 Faire appel aux grands groupes exportateurs français afin qu'ils soutiennent les PME dans leur démarche à l'export.

 Reprendre les plans "Cap Export" (zone euro-méditerranéenne) et "Grand Large" élargi de 20 nouveaux pays afin de définir les pays cibles et d'orienter les efforts de la politique publique vers ces marchés porteurs.

 Renforcer les "plans d'actions sectoriels", permettant des actions collectives des entreprises d'un secteur particulier afin d'améliorer la présence de leur profession à l'international.

 Améliorer la présence des PME sur les salons à l'étranger grâce à une aide financière accrue.

 Simplifier les démarches administratives en permettant aux PME d'avoir recours à des plateformes privées qui effectueront pour elles les formalités.

 Favoriser l'innovation en lançant des fonds d'investissements bilatéraux afin de soutenir des projets communs à deux pays.

 Réformer le crédit d'impôt pour la prospection commerciale en élargissant les dépenses éligibles aux activités de conseil.

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