Tech : la mixité, c'est l'innovation

Le manque de femmes dans le secteur des nouvelles technologies est un frein à l’innovation à laquelle elles peuvent contribuer. Ce déséquilibre peut être en partie compensé en facilitant leur accès aux formations, ce qui requiert des mesures incitatives et un changement des mentalités.

Quand l’informatique est née dans les années 70, elle employait majoritairement des femmes, affectées à des tâches minutieuses de collecte et de tri d’informations. Ce n’est qu’au milieu des années 80, avec l’essor majeur du secteur, que le nombre d’employées s’est drastiquement réduit, en lien direct avec la part d’étudiantes en programmation. Aujourd’hui, la Tech est l’un des moteurs de l’économie, avec des entreprises florissantes qui connaissent des croissances exceptionnelles et transforment la société. Alors que de nombreuses formations comme les avocats et les médecins ont évolué vers la parité, le secteur de la Tecch se démarque par son manque de femmes.

Faire connaître les métiers de la Tech aux écolières

En France, aujourd’hui, rien n’empêche matériellement les femmes d’accéder aux métiers des nouvelles technologies. Les universités et écoles d’ingénieurs et d’informatique sont autant ouvertes aux femmes qu’aux hommes. Nombre d’entre elles mettent d’ailleurs en place des politiques inclusives. C'est notamment le cas de Centrale Paris, qui a instauré des bourses financées par les entreprises pour accueillir plus d’étudiantes. Les raisons de ce déséquilibre sont en partie à chercher du côté de stéréotypes sociaux ancrés dans l’inconscient collectif. Des siècles de pseudo-études prétendant démontrer que les femmes étaient inaptes aux matières scientifiques ont laissé des traces dans l’inconscient collectif. Malgré une sensible amélioration, les filles restent peu incitées à se tourner vers les études scientifiques et techniques qui déboucheront sur les métiers de la Tech. En 2016, elles ne représentaient que 38,7 % des étudiants scientifiques à l’université en France révèle le ministère de l'Education nationale.
La solution passe donc en premier lieu par l’éducation. Si ce changement de perception doit se faire dès le plus jeune âge par l’éducation des parents, l’école  a un rôle primordial à jouer. Il est indispensable de changer dès le collège la perspective des filles sur la technologie. Certaines associations ont des actions ciblées, comme Wifilles, qui constitue des équipes d’écolières pour en faire des ambassadrices Tech dans leur établissement. L’association Start-Her, via son programme Start’her Académies, donne des cours d’introduction à l’écosystème Tech dans les collèges, en s’efforçant de mettre des femmes à l’honneur pour casser les stéréotypes.

Donner des modèles de réussites de femmes dans la Tech

C’est en trouvant les bons arguments et en montrant aux jeunes filles des modèles de femmes ayant réussi dans la technologie et la science que l’on parviendra à faire tomber les barrières psychologiques. Les théoriciens de l’empowerment ont montré l’importance de tels modèles. On peut, par exemple, espérer provoquer un changement des mentalités en organisant des événements Tech avec des intervenantes, afin de leur donner de la visibilité et de montrer la présence de nombreuses femmes à des postes décisionnels.

Aux États-Unis, on compte par exemple Meg Whitman, PDG de HP, Marissa Mayer, PDG de Yahoo, Susan Wojciki, PDG de YouTube, Ginni Rometty, PDG d’IBM ou encore Sheryl Sandber, Directrice des opérations de Facebook. En France, il y a Roxanne Varza, directrice de Station F, Clémence Franc, CEO de Novagray et citée par le MIT comme l’une des femmes dans la Tech à suivre, Marjolaine Grondin, CEO et co-créatrice de Jam, le chabot de Messenger ou encore Joséphine Goube, CEO de Techfugees.

Une multiplication des initiatives pour soutenir les start-up dirigées par des femmes

La situation s’améliore aussi grâce à l’opinion publique, de plus en plus favorable à cette évolution, et à l’action directe du gouvernement pour soutenir les fondatrices de startups Tech. Bien qu’en hausse, la part des levées de fonds féminines en France n’est encore que de 14,5% en 2017 en France révèle le baromètre Starther KPMG. Consciente du problème, la Secrétaire d’État à l'Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a annoncé vouloir créer une French Tech Women. Elle s’améliore aussi grâce à des démarches dans le secteur privé, de la part des PME comme des grandes entreprises technologiques, dont les porte-paroles prennent position et mettent en place des actions concrètes. Facebook a par exemple lancé la campagne "She means business" pour l’entrepreneuriat tech féminin, et annoncé un investissement de 10 millions d’euros en France pour former 15 000 femmes aux métiers du numérique.

L'innovation technologique a fort à gagner en intégrant des femmes

Apprendre à coder est une excellent manière pour les femmes de gagner en assurance et en importance, car c'est une manière de comprendre le monde. Celles et ceux qui savent coder peuvent faire naître les projets qui façonneront le monde de demain. Il est essentiel que les femmes participent à ce mouvement créateur, pour elles-mêmes mais davantage encore pour la société, dont la richesse vient de la diversité des forces qui la compose. En n'incluant pas les femmes dans le processus, la Tech se prive d'avancées techniques et scientifiques potentiellement révolutionnaires. Par le passé, ce sont des femmes qui ont inventé l'algorithme (Ada Lovelace, championne de mathématique) les transmissions sans fil, à l'origine du Wifi et du GPS - la star hollywoodienne Hedy Lamarr - et tout simplement l'ordinateur, dont l'ancêtre a été développé en 1951 par la mathématicienne Grace Hopper pour la marine américaine.