"Je travaille dans une maison de fous", les meilleurs extraits La réunionite et ses ravages

« "Le nouveau logiciel est une catastrophe, se plaignait le responsable informatique d'un centre de documentation. Ce qu'on faisait avant en un clic est devenu compliqué au possible.

seuls les chefs sont invités, pas ceux qui savent.
Seuls les chefs sont invités, pas ceux qui savent. © apops - Fotolia.com

– Mais comment se fait-il qu'un programme aussi peu performant ait été choisi ? demandai-je.

– Ni mes collègues ni moi n'avons été interrogés. La décision a été prise par les directeurs lors d'une réunion.

– Mais votre supérieur direct aurait pu défendre le point de vue de son service.

– Comment ? ll aurait fallu qu'il le connaisse.

– Il ne s'est pas renseigné ?

– Non. Il n'en voit pas l'intérêt. Il passe son temps en réunion mais se figure qu'il est au top des affaires courantes. Et puis il a lui-même été l'un des experts du service, sauf que c'était il y a des siècles. Tout ce qui a changé depuis lui est passé sous le nez sans même qu'il le sache.

– Dans ce cas, sur quels critères le logiciel a-t-il été choisi ?

– Les directeurs s'en sont remis à une critique parue dans un journal spécialisé. Seulement ils n'ont pas vu que nos besoins étaient un poil différents."

C'est un grand classique des maisons de fous : les tickets d'entrée des réunions ne sont pas attribués en fonction des compétences, mais de la hiérarchie. Ces beaux messieurs de la direction restent entre eux. Les salariés et leur expertise ne sont pas conviés.

Les grands prennent les décisions à la hache. Et elles s'abattent sur les petits qui n'en peuvent mais. Les patrons de supermarchés mettent en place un nouveau système de caisses sans interroger les caissières. Les patrons d'entreprises de transport achètent de nouveaux camions sans écouter ce que les chauffeurs auraient à dire. Les patrons de compagnies d'assurances lancent de nouveaux produits sans discuter avec un seul de leurs courtiers. Ils jouent aux devinettes au lieu de s'enquérir des besoins des clients ou de leurs salariés. Au lieu de leur parler. Au lieu de les inviter aux réunions.

Le moyen le plus sûr de transformer un collaborateur en âne mal embouché est de prendre des décisions pardessus sa tête. Le courtier en assurances mettra beaucoup de mauvaise volonté à vendre le produit inepte que son patron lui a imposé, quand il n'aura pas assez de superlatifs pour vanter les mérites du produit qu'il aura contribué à initier. »