IoT as a Service : Microsoft et Amazon se démarquent

IoT as a Service : Microsoft et Amazon se démarquent Les géants du cloud proposent tous des plateformes pour recueillir et traiter les données collectées par les objets connectés. Quels sont leurs positionnements respectifs ? Eléments de réponses.

La croissance exponentielle du nombre d'objets connectés et autres capteurs industriels ne pouvait laisser indifférent les géants du cloud public. Amazon Web Services (AWS), Google Cloud, Microsoft Azure, IBM Cloud ou Alibaba Cloud ont tous investi ce terrain. Ils proposent des services calibrés pour centraliser la collecte des données émises par les objets connectés, les stocker, les traiter voire les visualiser graphiquement.

Comparatif des offres d’IoT as a Service
  Microsoft (Azure IoT) AWS (AWS IoT) Google  Alibaba 
Offre IoT Central (SaaS), Azure IoT (PaaS) Azure Device Provisionning (approvisionnement des applications et sécurité des appareils) AWS IoT Core, AWS IoT Device Management, AWS IoT Device Defender (surveillance), AWS IoT SiteWise, AWS IoT Events, AWS IoT Things Graph Google IoT Core, Cloud IoT device (device management)  IoT Hub (liaison sécurisée entre les objets connectés et la plateforme IoT), device management, SDKs, Link Edge (outil de conception d'applications IoT)
Edge computing Azure IoT Edge AWS Greengrass Google IoT Edge (analytics temps reel), Cloud Machine Learning Engine Joint Edge Computing Platform
Traitement et analyse des données IoT Azure Stream Analytics (analyse en temps réel des données IoT), Time Series Insights (analyse des séries temporelles) AWS Kinesis (collecte et l'analyse des données en streaming) Cloud DataFlow, Cloud Machine Learning Analyse SQL et transfert de données à l'aide d'un moteur de règles, Azure Stack pour l'analyse de données on-premise
Visualisation des données Power BI Amazon QuickSight Data Studio  NC
Informations géographiques Azure Maps   Google Maps NC
OS pour les appareils IoT Windows IoT Core FreeRTOS Linux Debian et autres OS embarqués Linux, AliOS
Protocoles de connexion  HTTPS, MQTT, MQTT sur WebSocket, AMQP, AMQP sur WebSocket HTTPS, MQTT, MQTT sur WebSocket HTTP et MQTT HTTP, MQTT, CoAP
Connecteur Sigfox Oui Oui Oui (bêta) NC
Cas d'usage mis en avant Différents scenarii IoT comme la surveillance à distance ou l'IoT industriel. Scenarii pour la maison connectée, le secteur industriel et le secteur commercial. Maintenance prédictive, supply chain, villes et bâtiments intelligents… Logistique de l'industrie automobile, maison connectée…
Références Schneider Electric, Legrand, Roche, Rolls Royce, ThyssenKrupp Deutsche Bahn, Bayer, LG, iRobot, General Electric, Philips Schlumberger, Swiss Steel, Ado BMW

Tableau réalisé avec l'aide du cabinet de conseil Metanext.

Depuis notre précédent comparatif remontant à juin 2017, cette offre d'IoT as a Service s'est fortement développée. Les providers proposent des outils pour gérer des flottes d'objets connectés (device management) mais aussi des services d'analyse (big data, machine learning) y compris avec une composante temps réel ou sérielle (via les time series ou séries temporelles). Ils couvrent, par ailleurs, la dimension de l'edge computing, c'est-à-dire la capacité à traiter les données, en local, au plus proche des objets connectés plutôt que de les transférer dans le cloud pour assurer cette opération.

Dans ce paysage, deux solutions se démarquent selon Laurent-Walter Goix, responsable de la cellule innovation d'Econocom : "Azure et AWS sont clairement les acteurs de référence en termes de couverture fonctionnelle. Microsoft est parti le premier puis Amazon a repris du poil de la bête, notamment sur le terrain de la sécurité et des certificats. Puis Microsoft est de nouveau passé en tête sur le volet edge. Le groupe vient du monde du système exploitation et sait embarquer un runtime".

Microsoft : seul à proposer le mode SaaS

A ses yeux, Azure IoT présente l'avantage d'intégrer Power BI, l'outil de data visualisation d'Office 365, et de proposer des environnements de développement avec Visual Studio et Azure DevOps. La firme de Redmond est aussi le seul fournisseur à commercialiser une solution dédiée en mode SaaS. Depuis un poste de travail, IoT Central permet de créer et configurer des applications IoT ou de gérer les services de sécurité associés. L'outil est gratuit jusqu'à cinq appareils puis facturé en fonction du nombre d'objets connectés (avec à la clé une tarification dégressive).

"Le groupe de Redmond a annoncé vouloir investir 5 milliards de dollars dans l'IoT entre 2018 et 2022"

Dans le même esprit de simplification, Microsoft livre IoT Plug-and-Play, un langage de modélisation ouvert pour connecter des appareils IoT au cloud "sans avoir à écrire la moindre ligne de code". Un moyen de faire face à l'hétérogénéité des objets connectés en termes de capacités de traitement, de système d'exploitation ou de mémoire. Le catalogue d'appareils compatibles avec IoT Plug-and-Play comprend déjà des références signées Kyocera ou STMicroelectronics.

Le cap pris par Microsoft en faveur de l'open source rend de fait sa plateforme ouverte. Si l'éditeur met en avant Windows IoT Core comme système d'exploitation, il accepte aussi des distributions Linux embarquées. "Azure peut manager des images Kubernetes et supporte les infrastructures de deep learning Tensorflow et Python", complète Laurent-Walter Goix.

Consultant big data, analytics et IoT chez Metanext, Aberrahim Maazouzi rappelle de son côté l'engagement pris par Microsoft d'investir 5 milliards de dollars dans l'IoT entre 2018 et 2022. Il apprécie aussi les modèles personnalisables mis à disposition par l'éditeur qui "permettent une implémentation rapide de scenarii IoT comme la surveillance à distance ou l'IoT industriel".

AWS bénéficie de la profondeur de son offre

Comme dans d'autres domaines, AWS a pour lui la profondeur de son offre. Au-delà des services génériques pour l'analyse des données en streaming (Kinesis), la visualisation des données (QuickSight) ou l'edge computing (Greengrass), Amazon propose toute une série d'outils dédiés. AWS IoT Device Management gère l'intégration, l'organisation, la surveillance et la gestion à distance des appareils IoT à grande échelle, AWS IoT SiteWise va, lui, collecter les données stockées dans des équipements industriels, tandis qu'AWS IoT Device Defender assure la sécurité d'une flotte d'objets connectés. Comme son nom l'indique, AWS IoT Events facilite la détection d'événements provenant de capteurs et d'applications IoT et l'automatisation de la réponse adéquate, comme l'activation d'une caméra de sécurité si la présence d'une personne sur zone est identifiée par un détecteur de présence.

D'autres services plus pointus viennent simplifier la vie des développeurs. Ainsi, AWS IoT Things Graph permet de concevoir des applications IoT avec un minimum de code. Depuis son interface visuelle, le développeur va définir des interactions entre objets connectés et services sollicités. Amazon prend l'exemple, d'une application qui automatise l'arrosage d'une exploitation agricole via l'analyse croisée des données météo d'une part, et du taux d'humidité et de la température remontés de capteurs de terrain d'autre part. Dans le même esprit, les AWS IoT Greengrass Connectors lancent des passerelles vers des applications tierces ou des services AWS sans avoir à écrire de code. Objectif : créer des flux sur Greengrass sans avoir à se soucier des protocoles de périphérique ou des informations d'identification.

Chez Google, une puce pour l'edge computing

Comparativement, l'offre de Google Cloud apparaît plus restreinte même si elle comprend les briques essentielles de collecte des données et de gestion des appareils connectés. Google met en avant Edge TPU, sa puce d'accélération matérielle spécialement designée pour l'edge computing. Il s'est aussi assuré de la compatibilité de sa plateforme avec les appareils de fabricants majeurs comme Intel et Microchip.

Le géant peut aussi s'appuyer sur ses services maison dédiées au big data (BigQuery), à l'apprentissage automatique (Cloud Machine Learning Engine), à la constitution de rapports et de tableaux de bord (Data Studio) ou à la gestion d'événements en temps réel (Cloud Functions). En ce qui concerne la documentation, Aberrahim Maazouzi note qu'elle est théorique et comprend moins de cas d'usage qu'Azure et AWS.

Arrivé sur ce marché de l'IoT as a Service en 2017, Alibaba affiche de grandes ambitions et multiplie les partenariats. En septembre dernier, la filiale cloud du géant de l'e-commerce chinois annonçait avec Intel le lancement de Joint Edge Computing Platform, une plateforme dédiée à l'edge associant son offre d'IoT as a Service aux technologies logicielles et matérielles du fabricant de puces. Alibaba Cloud a aussi racheté C-SKY Microsystems, un fabricant chinois de processeurs.

Une tarification complexe

Devant un tel choix, des entreprises pourraient être tentées de mixer les offres et passer, par exemple, par AWS pour une partie du traitement des données et Azure pour le volet edge computing. Laurent-Walter Goix leur déconseille. "Un PaaS dédié à l'IoT constitue un environnement relativement propriétaire et aucun standard n'a percé. La portabilité semble donc très complexe. L'engagement dans la durée pour un provider unique est donc le prix à payer pour bénéficier de la scalabilité du cloud."

En ce qui concerne la tarification des offres d'IoT as a Service, elle est d'une rare complexité. Elle tient compte, entre autres, du nombre de messages envoyés et reçus, de leur taille, du nombre d'appareils connectés et des services consommés.