Charles Lacoste (Ligne Roset) : "Nous sommes en train de basculer nos applicatifs métiers sur Linux"

De la fabrication à la distribution, le DSI de Ligne Roset met en place une infrastructure informatique qui colle à l'activité de l'entreprise. En vue, un plan de reprise d'activité pour prévenir les accidents.

Qui est le groupe Roset ? 

Nous sommes avant tout des fabricants de meubles. Nous distribuons nos produits par un réseau de concessionnaires, et ce sous deux marques : Cinna pour la France exclusivement et Ligne Roset pour l'étranger, dans 66 pays, notamment la France. Le groupe Roset emploie 1 250 personnes.

Comment est organisée votre DSI ?

Dans notre DSI, nous gérons 600 postes de travail, et environ 25 serveurs. Pour ce qui concerne le poste de travail, nous sommes sur Windows.

Pour la messagerie, nous mettons en place un outil Oracle. La solution extranet d'Oracle nous satisfaisait, nous avons donc mis en place l'outil de messagerie de cet éditeur.

Pour l'extranet, nous voulions à l'origine créer un outil d'aide à la vente, et ce sur la base d'un logiciel de simulation en trois dimensions à destination de nos équipes commerciales. Il s'est avéré que la solution exigeait la mise en place d'une infrastructure logicielle qui a justifié au bout du compte la conception d'un extranet. C'est la contrainte technique de compatibilité avec le logiciel 3D qui nous a amenés à choisir Oracle comme prestataire pour le projet d'extranet. Par ailleurs, la simplicité d'utilisation de la solution a joué dans le choix. L'extranet nous a permis entre autres de gérer les mails avec de lourdes pièces jointes.

Nous travaillons enfin avec deux applicatifs métiers. D'une part un outil de gestion commerciale, qui est le fruit d'un développement spécifique et qui date des années 90. Nous souhaitons évoluer vers du full Oracle sur ce point. D'autre part, nous avons un ERP de gestion de production Baan.

L'ERP couvre-t-il l'ensemble de vos métiers ?

Oui. Nous avons deux lignes métiers. Un métier est la production de sièges et de canapés, qui sont fait exclusivement à la commande. Pour ce type de produit, 1300 combinaisons sont possibles. A cause de cette variété, nous avons fait le choix de ne pas avoir de stock et de faire du sur mesure.

Le second métier, qui concerne toute la construction des meubles permet d'avoir une gestion de stock.

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L'ERP de l'entreprise prend en charge toute la production industrielle © Ligne Roset

La gestion de la téléphonie et des connexions à distance relève-t-elle aussi de votre activité ?

Oui, également. Nous avons des sites distants qui sont connectés à notre réseau interne. Cela représente une direction commerciale par région géographique et deux directions pour les deux marques en France. Mais nous avons également dans notre réseau 5 filiales et 5 sites de production.

Pour assurer la connexion des sites, nous avons choisi deux technologies. D'une part du MPLS [ndlr. MultiProtocol Label Switching] pour relier les sites stratégiques que sont le siège social et les 5 usines, et d'autre part du VPN [ndlr. Virtual Private Network], pour les autres sites. Cette distinction s'est effectuée sur des choix de coûts et de niveaux acceptables de qualité de service.

Côté téléphonie, nous ne sommes pas encore passés à la VoIP mais nous réfléchissons à une solution de ce type. Je ne vais pas trop vite sur ce chantier car nous sommes situés dans un endroit assez isolé et dans cette configuration, la technologie IP n'est pas fiable pour l'heure.

Faut-il que le DSI ait une connaissance technique irréprochable pour être crédible par ses équipes ?

Non, je ne crois pas. J'ai démarré ma carrière comme informaticien, mais mes responsabilités et mes missions aujourd'hui relèvent bien plus de la gestion et du management que de la technique. Si le DSI ne sait pas faire lui-même sur le pan technique, ce n'est pas un souci. L'important, c'est de bien savoir de quoi l'on parle, même si l'on ne sait pas précisément comment le faire.

Au fond, il s'agit de la même chose que pour un DRH. Si DRH ne connaît pas le droit social il n'est pas crédible, mais ses missions vont bien au-delà de cette connaissance théorique. Pour le DSI, c'est identique. Il doit avoir une connaissance de l'informatique, mais n'a pas besoin d'être un expert sur tel ou tel point technique

Alors, quelles sont les autres compétences nécessaires d'un DSI ?

J'ai appris sur le tas le management et la finance, mon cursus est celui d'un ingénieur informatique au départ. Mais ces compétences ne sont devenues nécessaires qu'au fur et à mesure. En fait, c'est du selon moi à l'évolution du métier en lui-même, qui était très technique au début.

D'un point de vue financier, je n'ai pas à défendre le budget auprès de la DAF. J'élabore moi-même le budget, et je le défend avec la direction générale. J'essaie de rester à périmètre constant et durant l'année, chaque projet est discuté indépendamment.

Une autre compétence qui me semble importante, c'est celle de pouvoir communiquer sans souci avec les autres directions et la direction générale.

Quelle est votre position vis-à-vis des logiciels libres ?

Nous utilisons le Libre chez nous. Certains de nos serveurs tournent sous Linux, et nous avons un gros projet qui consiste à basculer nos applicatifs métiers sur Linux. Pour le poste de travail, nous installons Thunderbird pour ceux qui le souhaitent.

De manière générale, nous essayons d'éviter au maximum les produits Microsoft, mais je vais au-delà de la question du coût. Pour notre projet de plate-forme collaborative, j'ai consulté IBM et Microsoft. La logique commerciale de Microsoft ne m'a pas du tout plus, ils voulaient me vendre un package à un prix exorbitant, et il faut tout prendre alors que nous n'avions besoin que de quelques éléments.

"Je suis par ailleurs membre actif de l'ADIRA qui rassemble 1000 personnes, et qui permet de rencontrer pas mal de monde"

La veille technologique, c'est important pour vous ?

Oui, Je fais beaucoup de veille technologique, j'assiste également à des conférences, des présentations commerciales. Je suis par ailleurs membre actif de l'ADIRA [ndlr. Association pour le Développement de l'Informatique en région Rhône-Alpes], qui rassemble 1000 personnes, et qui permet de rencontrer pas mal de monde.

Les membres de mon équipe pratiquent aussi la veille technologique.

Quels sont vos gros chantiers pour 2008 ?

Nous avons entamé en octobre dernier un gros chantier de mise en place de notre Intranet. L'idée, c'est de mettre dans cette application de la messagerie, l'annuaire d'entreprise, un agenda partagé,... Par ailleurs, notre P-DG animera la page d'accueil.

Le deuxième gros projet, c'est de consolider le stockage et de virtualiser. On a amorcé cela avec l'achat d'un SAN EMC et l'utilisation de VMware pour la virtualisation.

Et à moyen terme ?

En 2009, nous allons mettre en place un PRA, avec doublement de l'infrastructure informatique. On ne va pas pour autant augmenter le budget.

Comment faire pour doubler l'infrastructure sans jouer sur le budget ?

Quand je suis arrivé, il y avait un premier projet dans l'air qui consistait à dire : " On ne perd rien, on fait du full duplex. Mais c'était tellement cher, qu'au final, on a rien fait. Donc j'ai décidé de faire moins cher, en s'autorisant 24 heures de perte. Nous avons une activité industrielle et commerciale, nous ne sommes pas une banque, nous n'avons dons pas besoin d'un investissement qui nous assure une reprise d'activité immédiate. Bref, nous pouvons nous permettre un peu de délai. Ce qui est important c'est de bien communiquer sur le sujet.

Comment a réagi la direction générale et vos assureurs sur ce projet ?

Quand j'en ai parlé à la direction générale, ils étaient étonnés. J'ai expliqué qu'il n'y avait pas d'impact business. La direction générale a décidé de reboucler avec l'assureur, avec à l'appui une analyse de risques.

En fait, l'assureur à été plutôt satisfait que nous ayons pris la peine de faire une analyse de risques. Au final, l'assureur accepte le système que nous avons prévu. En cas de panne, le business n'est pas directement touché. Pour moi, mettre du full duplex, ce serait de la sur assurance.