Services Cloud : faut-il construire ou acheter ?

À terme, les entreprises qui adoptent des services de cloud privé passeront plus aisément vers un modèle mixte qui utilise des services de cloud public en soutien.

Pour beaucoup, le cloud est aujourd’hui le Saint Graal de l’informatique. Confier à un tiers la complexité de l’administration de son infrastructure, bénéficier immédiatement d’une multitude de services puis réduire de manière drastique les coûts des services informatiques s’avère la solution rêvée. À titre d’exemple, le tarif mensuel d’IBM iNotes Live débute à 3 dollars par utilisateur. Il va sans dire que tous les départements informatiques ne peuvent pas faire fonctionner leur système interne de communication électronique pour un coût aussi faible.

Lorsque l'on parle de 'cloud', on pense à des fournisseurs emblématiques comme Amazon, Google ou Salesforce.com. Ces acteurs souhaitent répondre à tous les besoins informatiques d'une entreprise. Ils s'efforcent de réduire les coûts et prospèrent, en cherchant à satisfaire avec leurs plates-formes, des milliers voire même des millions d'entreprises. Tous leurs services sont centralisés dans quelques data center implantés à travers le monde. Leur stratégie : proposer un niveau de service et de performance acceptables.
 
Ces groupes sont l'essence même du mot cloud, éliminant totalement la complexité associée à une infrastructure informatique réelle. En s'appuyant sur le thin provisioning et sur la virtualisation, ils présentent une infrastructure de centre de données apparemment illimitée, pour un faible coût mensuel. Cette méthode engendre quelques problèmes. Selon une récente étude publiée par l'université de Berkeley en Californie et intitulée Above the Clouds, l'adoption des clouds publics serait freinée par plusieurs facteurs : la disponibilité, la dépendance vis-à-vis du fournisseur, la sécurité, des problèmes de transfert de données (limitation de la bande passante) et des performances imprévisibles (la latence). Les fournisseurs de clouds publics pourront probablement résoudre les problèmes de transfert des données et de performances en utilisant une infrastructure d'optimisation du WAN. Cependant, les problématiques de disponibilité, de dépendance et de sécurité ont conduit certaines entreprises à approcher le cloud différemment, en faisant appel à des services de cloud privé.

L'idée des services de cloud privé est de partir du modèle de cloud public, et de le réduire pour apporter la capacité nécessaire à une seule entreprise. Si l'entreprise est assez importante, avec des dizaines ou des centaines de milliers d'employés, elle pourrait même atteindre le point critique correspondant à une fourniture instantanée d'une capacité de stockage et de traitement équivalente à celle des clouds publics.
 
Les entreprises commencent à créer des services de cloud privé, en consolidant le stockage et les applications, en virtualisant l'infrastructure, puis en installant des systèmes d'accélération à l'intention des bureaux distants et du personnel mobile. À la base, elles partent de leurs centres de données et changent la façon de gérer les services fournis par ces centres. Le modèle de cloud privé règle les problèmes de disponibilité, de sécurité et de verrouillage mais il a pour principale vertu de pouvoir gérer les fonds perdus du centre de données.
 
Ces dernières années, bon nombre d'entreprises ont investi des millions de dollars pour bâtir le data center des 5 à 10 prochaines années. Il est peu probable qu'on abandonne ces investissements en faveur du cloud. Il s'agira plutôt de basculer le fonctionnement du centre de données pour se rapprocher de ce que font les services de cloud public. L'informatique pourra ainsi assurer des services internes pour un meilleur coût, et en appliquant un modèle de refacturation, elle pourra même répercuter ces coûts mensuels inférieurs sur les divisions qui consomment les services et ressources informatiques.
 
À terme, les entreprises qui adoptent des services de cloud privé passeront plus aisément vers un modèle mixte qui utilise des services de cloud public en soutien. Dans le cas d'importants projets (mise en service, changement de site, etc.), les services de cloud public compléteraient la capacité interne et l'assurance que la fourniture des services informatique n'est pas un obstacle à la réalisation d'un projet générateur de revenus. D'autres entreprises voudront simplement récupérer l'investissement engagé dans le centre de données. Ils migreront ensuite totalement vers des services publics, supposant que lors de la transition les coûts seront encore inférieurs et les obstacles à l'adoption disparus.
 
Cependant, quel que soit le choix du DSI (cloud public, privé ou un mix) pour fournir les meilleurs services informatiques à son entreprise, il ne doit pas perdre de vue l'objectif final. Apporter un avantage concurrentiel et une souplesse d'utilisation aux utilisateurs, pour qu'ils puissent générer davantage de revenus. C'est-à-dire qu'il devra apporter les fonctionnalités souhaitées avec les meilleures performances possibles. Par conséquent, que l'on construise son propre cloud ou que l'on achète des services de ce type, il faudra s'assurer que le produit final apporte les performances dont les utilisateurs ont besoin.