Le BIG data n'est plus, vive l'iPaaS

En 2022, on a vu les projets de cloud souverain se multiplier et ceux de régulation et d'encadrement de la donnée devenir plus matures.

Chaque décennie connaît son lot d’évolutions, et encore plus lorsque l’on parle de la donnée. A titre d’exemple, le Big Data était le grand mot des années 2010, porteur de nombreuses promesses qui n’ont pas forcément été tenues, notamment en raison de la qualité des données. Affiner l’approche afin d’éviter ce fameux écueil du "garbage in, garbage out", est vite devenu trop complexe et coûteux. L'IoT, en revanche, a tenu ses promesses, et le monde de l’entreprise a fortement gagné en expérience dans ce domaine, notamment car de grands acteurs de la tech ont développé des suites d'outils dédiés, centralisés, permettant de traiter l’ensemble de la chaîne de valeur. L’iPaaS n’est pas encore arrivé à ce niveau de maturité, mais mon pari est que ce marché va se développer encore plus rapidement et plus fortement, en raison de sa nature même : contrairement à l’IoT, dont l’usage est déterminé par des besoins intrinsèquement liés à des secteurs d’activité particuliers, l’iPaaS s’adresse à toutes les entreprises, peu importe le secteur ou le business modèle. Il s’agit d’une brique fondamentale et agnostique à l’environnement technologique, qui a le potentiel pour s’imposer littéralement partout, un peu à la manière de l’ERP.

Avec la crise, en 2023, les entreprises vont chercher à rationnaliser encore davantage leurs processus et leur environnement technologique et nous avons une fenêtre d’opportunité pour démontrer toute la valeur que peut dégager une vraie plateforme complète d’intégration.

On peut observer plusieurs tendances dans ce secteur en pleine évolution :

Diversité des supports ERP/multicloud comme stratégie payante

On garde des données legacy on-premise, à titre de comparaison, de la même manière que certaines personnes préfèrent conserver leur argent à la maison dans un coffre-fort, plutôt que de les confier à une banque, certaines entreprises essaieront toujours de garder une partie de l'informatique sur site, dans le but de protéger leurs données les plus sensibles. La raison peut être un équipement de type « legacy » dont le remplacement est difficile (par exemple le fameux ERP AS400).

Il faut garder en tête que le « Cloud First » est un objectif qui pourrait prendre des années à accomplir et qui ne sera probablement jamais universel : de nombreuses entreprises feront sans doute le choix de demeurer en mode hybride, ce qui est une excellente perspective pour le marché de l’iPaaS.

Le télétravail est maintenant dans les usages et apporte son lot de défis aux entreprises

Le passage au cloud est un des challenges les plus brûlants pour une majorité d’entreprises. Complexe, il comprend la modernisation et la rationalisation des ERP et du middleware (y compris l'EDI), le multi-cloud et la stratégie d’API… tous ces éléments sont nécessaires pour relever les défis de la transformation numérique. Ensuite, il faut noter que tout ce qui a trait à l'empreinte écologique et à l'optimisation de l'énergie relèvera probablement bientôt de la responsabilité de l’IT.

Pour autant, les entreprises vont également devoir gérer une main-d'œuvre de plus en plus hybride puisque le travail à domicile à 100 % n'est plus la règle et que le nouvel enjeu est de garantir à la fois un niveau accru de productivité et de créer un environnement où les gens peuvent reprendre plaisir à travailler ensemble, avec un niveau de compréhension et de visibilité sur le projet collectif qui puisse donner du sens à leurs actions. Ceci passe bien entendu par la mise à disposition d’outils et d’un environnement technologique qui rende le travail plus fluide, rapide, efficace et qui permette aux collaborateurs de se détourner des tâches récurrentes rébarbatives pour se focaliser sur leur véritable valeur ajoutée. Le télétravail n’est pas simplement une révolution pour le monde du travail mais également pour le monde de la donnée : les données se multiplient et doivent être accessibles en tout temps et tout lieu.

Ainsi, la crise sanitaire a eu pour effet d’accélérer l’appropriation des outils numériques dans l’ensemble de la société. Sans doute plus encore qu’avant la crise, les entreprises évoluent dans un univers « multicanal ».Il devient nécessaire de repenser ce monolithe que constitue l’ERP afin de le rendre plus agile et interfacé dans un écosystème plus large et plus complexe.

Extraterritorialité des données

Dans la région EMEA tout particulièrement, de nombreux projets visent à créer un 'Cloud souverain', qui puisse garantir une totale indépendance vis-à-vis du Cloud Act américain, permettant notamment aux autorités, avec l’aval d’un juge, de réclamer des données aux entreprises américaines, y compris à l’étranger. La France comme l’UE veulent mettre les données sensibles à l’abri de telles demandes extraterritoriales, grâce à un « cloud souverain ». L’UE prépare d’ailleurs une réglementation sur la souveraineté des données sensibles, qui dans certains cas pourrait écarter les fournisseurs de cloud non-européens tandis que la France a déjà adopté la norme « SecNumCloud », accordée jusqu’ici uniquement à des entreprises françaises.

Ma conviction est que, à mesure que le Cloud deviendra un outil courant (à l’instar du Web), il sera de moins en moins compréhensible que ses composantes ne soient pas régionales, mais soient toujours hébergées quelque part, loin du lieu d’origine des données hébergées. L’extraterritorialité des données est, et demeurera, un obstacle pour que les acteurs puissent s’adresser au secteur public, aux industries stratégiques, aux institutions de santé ou à certains champions régionaux.

Cette multiplication des supports de stockage de données fait qu’une fois de plus, les entreprises doivent repenser la manière dont elles stockent leurs données, qu’elles soient historiques ou non. Les entreprises vont de plus en plus devoir réimaginer l’ensemble de leur interface pour rester agile et donc compétitive.