Emploi des seniors : expertise et valorisation comme remèdes Les seniors peinent à accéder à l'emploi

Le constat est toujours sévère en matière d'emploi des seniors dans le secteur informatique, d'autant que la notion même de travailleur senior y démarre souvent dès 40 ans. Les derniers chiffrent illustrent à quel point la tâche sera dure pour encourager l'emploi de ces profils, au moins jusqu'au niveau de la moyenne européenne comme l'ambitionne le gouvernement actuel.

Le taux d'emploi chez les 55-64 ans était ainsi en 2005 de 37,8%, quand la moyenne européenne était de 42,5%. Malgré le lancement en 2006 du Plan national d'action concerté pour l'emploi des seniors 2006-2010, les résultats tardent à se matérialiser et l'informatique reste à ce jour le mauvais élève.

En 2007, sur les 314.000 ingénieurs du secteur, seuls 13% ont plus de 50 ans

Selon la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), la part des plus de 50 ans dans l'informatique n'était que de 11,2% en 2001. En 2007, sur les 314 000 ingénieurs du secteur, seuls 13% ont plus de 50 ans. Les postes de techniciens et d'ingénieurs en SSII et entreprises clientes sont parmi les plus fermés aux seniors. La moyenne d'âge dans le secteur des services informatiques y st par conséquent de 34 ans.

Et si les politiques veulent bousculer cette tendance, ils devront déjà influer sur le taux de recrutement des profils les plus expérimentés. L'étude 2008 de l'Apec sur les rémunérations révélait ainsi que la part dans les recrutements des cadres de plus de 10% d'expérience n'était que de 8%. 70% des embauches ont concerné des candidats de 5 ans ou moins d'expérience.  

Une situation que le président du Munci, Regis Granarolo, explique par plusieurs raisons : "Ce que les DRH et managers craignent avec les "seniors", c'est d'une part d'avoir des équipes trop hétérogènes et d'autre part le manque de curiosité / d'adaptabilité des seniors. Et puis bien entendu, il y a le critère "coût" avec le salaire, mais en réalité cela vient après car beaucoup de seniors au chômage sont prêts à revoir fortement leurs prétentions à la baisse. Après, tout dépend bien sûr des conditions de marché, du profil, du bassin d'emploi..."

"Un senior à l'expertise identifiée sera toujours reconnu" (P. Rakotomalala - Afcepf)

Mais le sujet de l'emploi des seniors ne concerne pas seulement ces derniers et les salariés moins expérimentés du secteur, amenés eux aussi à terme à endosser ce statut, devraient également s'y intéresser, ne serait-ce qu'afin de s'y préparer pour affronter au mieux ces difficultés. L'expertise notamment, et la valorisation de celle-ci, semble en effet l'une des pistes à suivre au long d'une carrière professionnelle, pour accroître sa longévité.

"Un senior à l'expertise identifiée sera à notre avis toujours reconnu. Le travail se concentrera donc sur l'identification des expertises et les façons de les valoriser. La situation est a priori plus ardue pour un généraliste qui n'aura pas su se bâtir une expertise lisible et significative. Il est important pour les salariés de l'IT d'être - dès aujourd'hui - vigilants sur la construction de leurs compétences pour assurer dans le futur leur employabilité. Si vous devez arbitrer, prenez l'expérience qui vous enrichira sur le plan des compétences et non sur celui du portefeuille", recommande ainsi Patrick Rakotomalala, directeur du centre de formation Afcepf.