Novell, SCO et Unix : un perdant et des millions de gagnants

Après de nombreux rebondissements, l'une des plus longues affaires judiciaires de l'industrie du logiciel est sur le point de se terminer. Un soulagement pour la communauté Open Source.

Après sept ans de procédure dont un spectaculaire revirement judiciaire donnant d'abord raison à Novell en 2004, puis en, 2009, à SCO, le dernier verdict du tribunal de l'Utah donne finalement raison à Novell : il a beau avoir vendu ses activités UNIX System V à SCO en 1995, il n'en a pas cédé les droits en même temps. Le jugement ajoute qu'il "est demandé au greffier de clore ce dossier immédiatement ", ce qui met fin aux autres actions engagées par SCO contre IBM et les clients de Novell.

Ce n'est pas une petite une victoire pour la communauté de l'Open Source : "Nous sommes très heureux de voir ce jugement final confirmer toutes les revendications de Novell. Je suis très fier de ce dénouement et du travail que Novell a fourni pour s'assurer que Linux reste libre et ouvert ", s'est aussitôt félicité le P-DG de Novell, Ron Hovsepian.

C'est en revanche nettement plus douloureux pour SCO : après s'être mis à dos une partie des developpeurs, l'éditeur, engagé depuis si longtemps dans de coûteux procès, attendait une victoire pour se sortir d'une quasi-faillite.

Faillite, milliards de dollars exigés et économie menacée

La complexité de cet imbroglio judiciaire historique n'aura eu d'égal que son enjeu. En prétendant, en 2003, posséder des lignes du code de Linux, copiées d'une version du noyau Unix qu'il a racheté à Novell en 1995, SCO avait voulu frapper fort. C'était comme s'approprier toutes les distributions GNU/Linux du marché. Rien de moins.

Cette vague de menaces avait aussi provoqué une levée de boucliers de toute la communauté Open Source.

Menaçant d'entreprendre des démarches juridiques à l'encontre des utilisateurs commerciaux de Linux via une lettre adressée aux 1 500 plus grandes entreprises au monde, l'éditeur, alors en grandes difficultés financières, avait entamé des procédures judiciaires tous azimuts : contre Novell, Red Hat et quelques sociétés comme DaimlerChrysler. Il avait même osé défié IBM, avec qui il avait travaillé, et exigé pas moins de cinq milliards de dollars de dommages et intérêts pour violation du copyright à Big Blue, accusé de s'être inspiré de son code dans le cadre du projet AIX.

Le gourou Richard Stallman, créateur de la Free Software Foundation et programmeur à l'origine de la licence GPL qui régit le monde Linux, avait qualifié ces motifs de poursuite de "non fondés". Ce n'était évidemment pas le seul à être monté au créneau. Cette vague de menaces avait aussi provoqué une levée de boucliers de toute la communauté Open Source. Certains pirates sensibles à la cause avaient même multiplié les attaques spectaculaires contre l'éditeur (lire notre article). SCO est devenu honnie par une bonne partie du monde du logiciel libre et de l'Open Source.

Suite mais pas fin

Ce nouveau chapitre ne clôt pas totalement cette saga judiciaire. C'est la suite mais pas tout à fait la fin du feuilleton, car il reste l'épilogue. D'une part, CSO peut encore et toujours faire appel. D'autre part, la réaction d'IBM, engagé dans une contre-attaque judiciaire ne s'est pas fait encore connaître. Le plus gros détenteur de brevets informatiques au monde accuse SCO d'en avoir violé certains.