Franchise : le modèle entrepreneurial de demain ?

Les chiffres l'attestent : la franchise séduit toujours plus d'entrepreneurs. La crise actuelle pousse à s'interroger sur la résilience de ce modèle, qui pourrait continuer à séduire de nouveaux créateurs d'entreprises.

Début 2020, la fédération française de la franchise (FFF) dévoilait ses chiffres et le constat était sans équivoque : la franchise séduit de plus en plus. En témoigne les 2049 réseaux de franchise répertoriés en 2019 (une cinquantaine de plus qu’en 2018), et surtout 78 000 points de vente, soit 3 000 de plus que l’année précédente. Une dynamique positive donc et un modèle qui s’adapte à de nombreux secteurs d’activités en relation directe avec les consommateurs finaux (alimentation, restauration, hôtellerie, immobilier, voyage…) mais aussi désormais dans le BtoB avec un nombre croissant de réseaux dans les domaines de la formation, communication, logistique ou encore comptabilité.

Mais c’était sans compter sur la Covid-19 et l’entrée en vigueur du confinement quelques semaines après l’annonce de ce bilan. L’épidémie va-t-elle remettre en cause le développement de la franchise ? S’agit-il au contraire d’un modèle plus résilient en temps de crise qui pourrait séduire les entrepreneurs de demain ?

A la fois indépendant, accompagné et adossé à un modèle éprouvé

Avant de lancer son réseau, le franchiseur sera passé au préalable par de longues phases d’expérimentations au sein d’unités pilotes. Ces nombreux tests ont vocation à valider la solidité du business plan, la maîtrise du savoir-faire spécifique de l’enseigne et la capacité à la faire rayonner.

“Pour l’entrepreneur déjà à la tête de son entreprise, la franchise est un moyen de conquérir rapidement un marché et développer la notoriété de sa marque et de son enseigne. La construction d’un réseau de franchises est aussi le moyen de dynamiser un réseau d’entrepreneurs financièrement et juridiquement indépendants”, précise Me Marc Berberian, avocat en droit de la franchise.

L’adaptabilité du modèle explique sans doute en partie le succès de la franchise aux yeux des entrepreneurs. Le franchisé profite d’un modèle qui s’adapte à différents environnements de marché, il profite de la notoriété d’une marque, d’un savoir-faire éprouvé, et peut se développer rapidement. Dans le même temps, il reste indépendant tout en bénéficiant d’un accompagnement continu (formation, assistance technique, mutualisation des investissements MKG et des achats…).

“Entreprendre constitue toujours un risque, le succès d’un business n’est jamais certain et se lancer en tant que franchisé n’écarte pas tous les risques mais peut contribuer à les réduire. C’est un gage supplémentaire pour convaincre les banques à suivre et financer un projet de création d’entreprise”, précise Me Marc Berberian, avocat en droit de la franchise. “C’est aussi un choix rassurant pour les entrepreneurs novices en création d’entreprise ou ayant déjà vécu un échec entrepreneurial”.

S’appuyer sur un modèle éprouvé

Ces avantages participent naturellement au succès de la franchise dont le marché a doublé ces 10 dernières années et a généré 67,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2019. Ces chiffres historiques sont d’autant plus significatifs qu’ils démontrent une résistance du modèle en temps de crise. En témoigne l’augmentation continue du nombre de réseaux de franchises et de magasins franchisés entre 2007 et 2011 malgré les effets de la crise de 2008.

Comment expliquer ce phénomène ?

D’après Me Berberian, “c’est intrinsèque au modèle de la franchise qui réunit à lui seul : un concept qui a fait ses preuves, la réputation d’une marque, un savoir-faire transmis au franchisé, une formation et un accompagnement permettant de répliquer fidèlement le concept, une mise en commun des outils (logistiques, informatiques…), une dynamique du groupe du réseau et une volonté commune de défendre l’image et la notoriété du réseau. Les documents essentiels à la relation en franchise que sont le document précontractuel d’information (DIP), le manuel opératoire et le contrat de franchise renforcent l’encadrement et la solidité de ce modèle.”

En d’autres termes, le franchisé n’est pas seul face à la crise. Les statistiques de l’INSEE le montrent bien : 90% des franchisés sont toujours en activité 5 ans après leur lancement, contre 50% seulement des entrepreneurs lancés dans le cadre d’une création classique. Ce constat est largement partagé par les franchiseurs qui déclarent à 97% qu’un franchisé résiste mieux à la crise qu’un commerçant classique ou isolé.

Sans doute est-il encore trop tôt pour tirer les conséquences de la crise de la Covid-19 sur le marché de la franchise. Toutefois, la volonté d'entreprendre quant à elle ne diminue pas. En juin 2020, le nombre total de créations d’entreprises (tous types d’entreprise confondus) augmentait fortement pour le 2ème mois consécutif (+38,2% en juin et +59,6% en mai) d’après l’INSEE.

Les conséquences de l’épidémie sur le tissu économique français (TPE/PME) confirmeront peut-être la solidité de la franchise face à la crise, au point peut-être d’en faire le modèle de demain...Si l’appartenance à un réseau de franchise avait montré en 2008 qu’elle protégeait le commerçant des effets les plus brutaux de la crise, nous verrons prochainement si les franchises résisteront mieux que les autres entreprises à la crise de 2020…