Vacciner ses salariés contre la grippe

Sites

GEIG   Grog

Chaque année, en France, la grippe provoque un absentéisme évalué entre 2 millions et 12 millions de journées de travail selon l'ampleur de l'épidémie, d'après le GEIG (Groupe d'étude et d'information sur la grippe). Une grippe implique généralement une inactivité de huit jours. "Or dans le contexte d'une production en flux tendus et des 35 heures, toute absence a une répercussion considérable", observe Daniel Camus, directeur du Centre de prévention et d'éducation pour la santé (CPES) de l'Institut Pasteur de Lille.

Certains postes clés, rarement les plus hauts dans la hiérarchie, sont ainsi indispensables au fonctionnement de l'entreprise. L'absence des deux secrétaires d'un transporteur employant une centaine de salariés peut, par exemple, totalement bloquer l'activité de toute l'entreprise. "On estime que si 3 % des effectifs de groupes interdépendants d'une chaîne de production sont en arrêt maladie, la qualité des produits est affecté. Si 6 % sont en arrêt de travail, la chaîne s'arrête, poursuit Daniel Camus. L'absentéisme peut donc se traduire par le mécontentement des clients, voire par une perte de clientèle."

"Cette évolution est normale : ces dernières années, nous n'avons pas connu d'épidémie de grippe sévère, explique Patrick Gilbert. En plus, la campagne contre la vaccination de l'hépatite B a provoqué une défiance vis-à-vis de la vaccination en général." Malgré une mobilisation limitée, l'absentéisme de l'usine reste constant depuis quatre ans, à un niveau d'environ 3,8 %. Il atteint 4 à 4,5 % pendant la période hivernale. "En 1996-1997, nous avons fait une étude sur le rapport entre la campagne de vaccination et l'absentéisme. Cette étude a permis de montrer que la vaccination est rentable pour l'employeur", insiste le médecin.

Avec 20 à 30 % des salariés vaccinés, l'usine Peugeot PSA fait figure de modèle. Car la vaccination contre la grippe dans l'univers professionnel rencontre un succès limité sur l'ensemble du territoire. "En moyenne, 10 % des salariés acceptent de se faire vacciner en France", estime Daniel Camus. Mais attention, toutes les entreprises ne se comportent pas de la même façon dans ce domaine. Plus l'entreprise est petite, plus le pourcentage de vaccinés est important, les salariés des PME et TPE ayant davantage conscience des conséquences possibles liées à leur absence. "En plus, les salariés voient très bien leur intérêt dans l'opération, car un arrêt de travail dérègle également toute l'organisation de la famille", poursuit Daniel Camus.

Dès lors, la campagne de vaccination peut également répondre à un objectif de communication interne pour l'entreprise. "Chez Peugeot PSA, la vaccination entre dans le cadre de Cap Santé, c'est-à-dire un engagement de la direction pour le bien-être au travail, détaille le docteur Gilbert. Elle relève donc de la politique sociale de l'entreprise."

En savoir +

Ressources humaines

La période de vaccination la plus efficace dure de début octobre à la mi-décembre. Le patient est immunisé après une dizaine de jours. Dans les entreprises, de telles campagnes se font en général à l'initiative de l'employeur, qui demande l'avis du médecin du travail. Ce dernier peut organiser la vaccination ou la confier à un prestataire, qui organise l'opération sous huit jours. Daniel Camus estime le coût d'une vaccination à dix euros, tout compris : le vaccin, le temps médical, la campagne de vaccination… On peut vacciner quarante à cinquante personnes à l'heure. Enfin, l'allergie aux protéines de l'œuf est la seule contre-indication.