05/12/2006
Olivier Paulhan (avocat) : Faire d'une holding patrimoniale un bon outil de transmission
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La création d'une holding peut permettre de garder le contrôle familial sur une entreprise en cas de transmission. Mais pour échapper à l'ISF, il faut respecter certaines conditions. Explications. |
La création d'une holding patrimoniale présente de réels avantages pour répondre
à des problématiques diverses : nécessité de cloisonner plusieurs activités, perspective
d'une cession ou d'une prise de contrôle de participation
et transmission de
patrimoine. Sur ce dernier point, les conséquences en matière d'ISF méritent d'aborder
cette stratégie avec prudence.
Rappel sur la mécanique de la holding
» Un levier financier à l'occasion
d'une acquisition
La création d'une société holding pourra s'avérer
opportune pour procéder à l'acquisition d'une société
cible, sans nécessairement disposer des fonds propres équivalents
au prix d'acquisition. Supposons que la cible valle 1.000, la holding ne dispose
que de 100 mais s'endette à concurrence de 900 pour acheter la cible. L'emprunt
ainsi contracté sera remboursé grâce aux dividendes versés
par la cible à la holding. L'opération pourra même éventuellement
être optimisée fiscalement si la holding et la cible constituent
un groupe intégré fiscalement. Ce régime fiscal présente
en effet l'avantage de pouvoir imputer les charges financières de la holding
sur les résultats d'exploitation de sa filiale, ce qui revient en pratique
à faire supporter le coût de l'emprunt à la société
cible.
» Un outil d'optimisation fiscale en cas
de cession de participation
A compter du 1er janvier 2007, les plus-values de cession de participations
réalisées par une société holding sont exonérées
d'IS (sous réserve d'une quote-part de frais et charges égale à
5 % du montant de la plus-value). Il est donc avantageux, préalablement
à la cession d'une participation, de procéder à l'apport
de ses titres à une société holding. Le produit de la vente
de cette participation étant quasiment exonéré d'IS, il pourra
ainsi être réinvesti le plus largement possible dans d'autres activités
en quasi franchise d'impôt.
» Un levier juridique
En multipliant plusieurs niveaux d'interposition grâce à des
holdings intermédiaires, il est possible d'assurer le contrôle de
sociétés sans détenir la totalité de leur capital.
Supposons ainsi qu'une entreprise E valle 1.000. Si une première holding
H1 n'en prend le contrôle qu'à hauteur de 51 %, il ne lui en
coûtera que 510. Si ensuite, une seconde holding H2 prend à son tour
51 % du capital de H1, il ne lui en coûtera que 260 (soit 51 %
x 510). Ainsi, en limitant son investissement à 260, l'actionnaire de H2
aura assuré par ces différents leviers juridiques, la maîtrise
d'un ensemble dont la valeur est 1.000.
Un outil de transmission
La constitution d'une société holding peut s'avérer opportune
pour réaliser dans de multiples cas, une transmission successorale. Un
exemple parmi d'autres : un père veut transmettre à chacun de ses
trois enfants Pierre, Paul et Jacques une part égale de l'entreprise E
mais souhaite qu'elle reste sous contrôle familial. Il ne pourrait transmettre
la majorité à Pierre dans E sans spolier Paul et Jacques.
Pour régler cette situation, le père pourra procéder dans
un premier temps à l'apport de 51 % des titres de E à une holding
H. Dans un second temps, il transférera par donation 51 % du capital
de H à Pierre, 24,5 % à Paul et à Jacques et les 49 %
restant du capital de E à Pierre, Paul et Jacques à raison de 7,32 %
pour Pierre et 20,84 % pour Paul et Jacques. Ce faisant, Pierre dispose bien
du contrôle de H et de E puisqu'il y est majoritaire. Par ailleurs, chacun
des trois enfants dispose d'un pourcentage d'intérêt équivalent
de la valeur de l'ensemble, soit 33,33 % : pour Pierre (51 % x 51 %
+ 7,32 %) et pour Paul et Jacques (24,5 % x 51 % + 20,84 %).
Paul et Jacques pourront alors réaliser une partie de leur patrimoine en
vendant leur participation dans E sans mettre en péril le contrôle
familial majoritaire au travers de H.
Mais les titres d'une holding ne sont exonérés d'ISF que
sous certaines conditions
La détention de titres d'une société est exonérée d'ISF si quatre conditions
sont remplies :
» Le contribuable doit y exercer des
fonctions de mandataire social.
» Les fonctions exercées doivent lui
procurer au moins la moitié de ses revenus professionnels.
» La participation détenue par le
contribuable et son groupe familial dans cette société doit représenter au moins
25 % du capital, condition non exigée si les titres en question représentent 50
% de la valeur du patrimoine imposable à l'ISF.
» L'activité de la société doit être
de nature industrielle, commerciale, agricole ou libérale.
"Seules les holding animatrices de groupe peuvent
échapper à l'ISF" |
S'agissant de sociétés holding, c'est cette quatrième condition qui est la
plus difficile à satisfaire. En effet, la loi exclut expressément du statut des
biens professionnels, les sociétés dont l'activité est la gestion de leur patrimoine
obilier (société de gestion de portefeuille) ou immobilier. L'administration fait
toutefois la distinction entre les holdings qui se contentent d'exercer leurs
prérogatives usuelles d'actionnaires, c'est-à-dire leur droit de vote, de celles
qui sont les animatrices effectives de leur groupe. Seules ces dernières peuvent
se voir reconnaître le statut de biens professionnels et échapper ainsi à l'ISF.
Pour être considérée comme animatrice de groupe, il faut que la holding participe
activement à la conduite de la politique du groupe et au contrôle des filiales
et rende le cas échéant et à titre purement interne au groupe, des services spécifiques
administratifs, juridiques, comptables, financiers ou immobiliers. Bien évidemment,
l'administration est très vigilante sur la capacité à établir la réalité de ces
prestations de nature à justifier ce rôle animateur du groupe et des filiales.
Aussi, la constitution d'une holding patrimoniale appelle-t-elle également la
mise en uvre de moyens pour établir le rôle d'animateur du groupe, condition
impérative pour faire en sorte que les actifs professionnels regroupés dans différentes
entités et sous le contrôle d'une holding, restent des biens professionnels exonérés
d'ISF.
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Parcours |
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Olivier Paulhan a fondé le cabinet d'avocats Paulhan & Associés en 1987. Il
exerçait précédemment ses activités chez Coopers & Lybrand. Diplômé d'HEC et titulaire
du DJCE de l'Université de Montpellier, il est également conseil en droit des
sociétés et conseil fiscal. Paulhan & Associés est un cabinet spécialisé en droit
des affaires et en particulier dans le domaine des fusions-acquisitions. Il est
le représentant en France du réseau d'avocats européens European Law Group.
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