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dossier
(juin 2004)
Jean-Luc
Placet (Syntec)
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Après une baisse de 10 % en 2003, le marché français du consulting voit son niveau d'activité repartir à la hausse. Le bilan et l'analyse du tout nouveau président du Syntec conseil en management. |
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Président du Syntec conseil en management et PDG du cabinet de conseil IDRH, Jean-Luc Placet est à la fois un observateur et un acteur du consulting. Selon lui, l'activité devrait commencer à reprendre cette année. Une reprise qui devrait s'accélérer en 2005. En attendant, la mobilité interne, tant géographique et que fonctionnelle, devrait faire parler d'elle sur le secteur pour optimiser la performance.
Quel est le bilan de l'année 2003 pour
le conseil en management ?
Jean-Luc Placet. Selon les tous derniers chiffres du Syntec conseil en management, que nous publierons fin juin, l'année 2003 devrait se conclure par une baisse du marché français de 10 %. En 2002, nous avions accusé une baisse de 4 à 5 % de l'activité. Le bilan de l'année 2003 est donc en recul, mais le dernier trimestre a été bon.
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Quelles
sont les prévisions pour 2004 ?
La fin de l'année 2003 augure 2004. L'activité devrait reprendre.
Les métiers du conseil en organisation et stratégie seront en bonne
progression. Notre activité est cyclique. De 1985 à 1990, le secteur
a bénéficié d'une forte croissance économique. Ensuite, de 1990
à 1995, il a subi le ralentissement économique. De 1995 à 2000,
il a de nouveau connu une phase de croissance, et, de 2000 à 2005,
une période difficile. Aujourd'hui, nous attendons tous 2005 et
le retour de l'activité. Le secteur du conseil redémarre en général
un an avant l'économie. Les crises se ressentent aussi plus tôt.
Comment s'annonce l'année 2004 en termes
de recrutement ?
On ne "décrute" plus, contrairement à 2002 et 2003. Entre 1990 et
2004, le nombre de salariés du conseil a doublé. Entre 2000 et 2004,
les effectifs ont été réduits du tiers dans certains grands cabinets.
En 1998-2000, nous avons connu un pic qui est digéré à moyen terme.
Les recrutements vont maintenant repartir, mais de manière beaucoup
plus douce que ce que nous avons connu.
La taille d'un industriel, sans son organisation" |
Les grands cabinets vont-ils revenir
sur le devant de la scène ?
Les cabinets de petite ou moyenne taille qui se portent bien aujourd'hui
ont deux atouts : une bonne image de marque et une spécialisation
s'appuyant sur les qualités des consultants ayant de réels savoir-faire.
Ces cabinets ont mieux supporté la crise car ils sont plus proches
de leurs clients et de leurs évolutions. Les grands cabinets sont
d'anciens "petits cabinets" qui ont vite grandi et ont aujourd'hui
du mal à s'adapter à leur environnement. Ils ont la taille d'une entreprise industrielle,
mais pas son organisation. A une époque, les clients venaient d'eux-mêmes.
Ces cabinets n'ont donc pas de structure développée d'accès aux
clients.
La séparation entre l'audit et le conseil
s'est-elle bien passée ?
Oui, tout s'est bien passé en France. Désormais, il existe trois
métiers distincts : l'audit, le conseil et les services informatiques.
Sites
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Les services informatiques sont en
perte de vitesse. Au profit de quels métiers ?
L'informatique a été porteuse. Elle le reste, mais à sa place.
Les savoir-faire en organisation et processus administratif ou industriel,
en ressources humaines et compétences, en ingénierie et formation
et en mobilité interne développent de plus en plus leur importance. J'observe
un retour du lien entre stratégie et organisation et de l'analyse
de la productivité, notamment dans les systèmes d'information.
Quels sont les principaux secteurs
faisant appel aux cabinets de conseil ?
La haute technologie reprend des couleurs. Les banques et surtout les grands groupes industriels multinationaux
font de nouveau appel aux consultants et sur de gros projets, notamment de fusion et acquisition. Nous avons connu une baisse
de la demande de la fonction publique en 2003 pour des raisons budgétaires.
En 2004, les commandes devraient reprendre car les investissements
s'imposent, notamment dans le cadre de la décentralisation et de la Lolf (Ndlr : Loi organique relative aux lois de finances).
Le lien entre l'homme et la performance" |
Sur quelles problématiques les missions
portent-elles ?
Beaucoup de missions portent sur la notion de performance, à savoir
la productivité et la qualité. Elles touchent aussi le redéploiement
c'est-à-dire la mobilité interne et externe, la gestion des compétences
et l'internationalisation. Le phénomène de 2004, c'est la mobilité
interne, géographique et fonctionnelle pour optimiser la performance.
La mobilité externe est aussi inévitable. Les grandes problématiques
touchent essentiellement les ressources humaines.
Qui sont vos interlocuteurs dans l'entreprise
?
La direction des achats est un interlocuteur clef. Nous traitons
bien évidemment avec les directions générales, mais aussi avec les chefs de services,
les responsables d'unité opérationnelle et les directions fonctionnelles. Au
sein de l'entreprise, la plupart des demandes de conseil viennent
des opérationnels.
Quelle est la grande tendance actuelle
?
La tendance forte est le lien entre l'homme et la performance. Nous travaillons sur l'organisation pour faire mieux travailler les hommes et améliorer la performance. Les outils ne sont plus une fin en soi. La finalité, c'est la productivité. Mais l'homme a toute sa place. La relation client et le marketing des cabinets de conseil n'ont jamais eu autant d'importance. Cela redonne au conseil un côté créatif.
Comment se situe le conseil français
en Europe ?
Les cabinets français s'en sortent bien par rapport à leurs homologues
européens, notamment allemands et anglais. Nous observons l'émergence
d'un conseil français, autour de grands groupes mondiaux comme Lafarge,
Saint Gobain, Arcelor ou encore Air Liquide. Il existe un style
de management à la française, qui repose sur la coordination, la
coopération, les valeurs communes, la mise en avant de l'homme,
la créativité. En France, on fait confiance dans le management.
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L'internationalisation est-elle réservée
aux grands cabinets ?
Pas uniquement. Avec cinquante consultants et 9 millions d'euros
de chiffre d'affaires, mon cabinet est de taille moyenne. Nous avons
un réseau international et des alliances en Allemagne, aux Etats-Unis
et au Japon. La plupart des cabinets, petits ou grands, sont capables
de suivre leurs clients dans le monde entier.
Parcours
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Diplômé de l'Eseec, Jean-Luc Placet a commencé sa carrière à la direction marketing de Saint-Gobain puis au journal l'Expansion. Il a intégré la société de conseil IDRH en 1981 et en est le PDG depuis 1992. Jean-Luc Placet est maître de conférences à HEC et membre de l'Institut de l'entreprise. Il a publié en 2001 "French touch, ou la vertu d'impertinence en management" aux éditions le Village Mondial. Il est président de Syntec conseil en management depuis mai 2004. |
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