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INTERVIEW
06/04/2005
Maryaline Morel (Image Performance)
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Vous connaissez l'adage : la première impression est souvent la meilleure. C'est elle qui marque l'esprit des individus et l'opinion qu'ils se font de vous. Un atout finalement stratégique en milieu professionnel, avec vos collègues, employeurs ou clients. Un affaire de look vestimentaire et de gestuelle : 80 % de la communication est non verbale. Interview de Maryaline Morel, coach-conseil en image.
Le
look a-t-il une importance dans la vie professionnelle ?
Maryaline Morel. Oui, et je parle par expérience. Avant de devenir
coach-conseil en image, j'ai occupé la fonction de DRH pendant une dizaine
d'années. J'ai donc effectué de nombreux recrutements où
souvent il m'est arrivé de ne pas convoquer des candidats en deuxième
entretien. Les raisons ? L'inadéquation entre l'image qu'ils affichaient
et leur véritable personnalité. Il faut dire qu'aujourd'hui la plupart
des jeunes sont démunis, ils ont besoin de références pour
leur entrée dans la vie active. Et bien qu'ils affirment le contraire,
les recruteurs sont très sensibles à l'image.
Cette image participe-t-elle réellement à
la performance professionnelle ?
Sans aucun doute. Prenez deux produits équivalents et performants, présentés
chacun par un commercial agréable et compétent. Lequel choisissez-vous
au bout du compte ? Celui du commercial qui a fait la meilleure impression. Et
c'est la même chose pour un recrutement. J'ai connu une jeune ingénieur
de 30 ans en recherche d'emploi qui, dans son parcours, avait managé une
équipe de vingt personnes. Avec un CV comme le sien elle était systématiquement
convoquée à un premier entretien... mais jamais au second. Après
un travail sur son image, elle a enfin été convoquée à
un premier puis un deuxième entretien, pour finalement être embauchée.
L'image de l'individu participe-t-elle aussi à
l'image de l'entreprise et vice-versa ?
Oui. Aujourd'hui, il n'est plus question uniquement de l'image des individus,
il faut y ajouter l'image des entreprises. En effet, pour se différencier
les entreprises doivent miser sur la première impression qu'elles donnent,
soit à travers le commercial qui véhicule l'image de son entreprise
à l'extérieur, soit in situ lors de visites de toute personne
extérieure. C'est pourquoi il faut travailler sur l'image globale : celle
de l'entreprise et de ses locaux, celle de l'individu et les outils de communication.
Les entreprises doivent également prendre conscience que les personnes
sont leurs meilleurs ambassadeurs.
Est-il courant qu'un chef d'entreprise exige une amélioration
de l'image d'un collaborateur ?
Les chefs d'entreprise font de plus en plus appel aux services des coach-conseil
en image pour eux mêmes ou leurs salariés, et font parallèlement
de plus en plus attention à l'image lors des recrutements. Je connais même
le cas d'un patron qui m'a envoyé un de ses partenaires à la suite
d'un événement professionnel en lui interdisant de participer de
nouveau à une manifestation de ce genre s'il ne corrigeait pas son image.
Les partenaires d'une entreprise participent aussi à l'image de cette dernière.
Et cela va s'accentuer. Le papy-boom aidant, les entreprises qui travaillent dès
aujourd'hui leur image auront le l'avance sur les autres lorsqu'il y aura pénurie
de profils à potentiel.
Deux personnes habillées de la même manière n'ont pas la même apparence" |
Quelle est aujourd'hui la place des codes et coutumes
vestimentaires dans l'entreprise ?
Il y a toujours eu des règles vestimentaires en entreprise, plus ou moins
appliquées. Et le "friday wear" reste une pratique parisienne,
très peu répandue en province, bien que je ne sois pas en mesure
de vous dire si elle est encore d'actualité. Plus globalement, en entreprise,
tout le monde a un look et une apparence différente. Deux personnes différentes
mais habillées de la même manière n'ont pas la même
apparence, l'une peut être sévère et l'autre ludique. Chacun
est unique et veut le rester. C'est pourquoi travailler sur l'image d'une personne
tient compte de sa physionomie, des codes du métier et ceux de l'entreprise,
pour au final un résultat personnalisé.
Pouvez-vous nous citer un exemple ?
Je travaille actuellement avec une jeune femme de 35 ans, cadre dans le domaine
de la finance, très avenante. Il émane d'elle une certaine originalité
qui, comme tout le monde le sait, n'est pas vraiment de mise dans son secteur
d'activité. Néanmoins, elle désire traduire dans son image
cette originalité qui la caractérise tout en respectant ses contraintes
professionnelles et celles de son entreprise. La solution ? Porter des tailleurs
classiques mais avec des tons chauds. Le marron est par exemple une couleur qui
rassure, car un cadre de la finance doit aussi donner confiance à ses clients.
La touche d'originalité passera par le port d'un bijou.
Concrètement, qu'est ce qui participe au look ?
Le look, c'est les vêtements, la coiffure, le maquillage ou encore les accessoires
qui commencent d'ailleurs à prendre le pas sur le vêtement. Sans
parler des lunettes : un accessoire qui, quand il est mal choisi, peut tuer un
look d'enfer. Cet accessoire devient fondamental et fait passer beaucoup de messages.
Il arrive que des personnes n'ayant pas besoin de lunettes en portent avec des
verres blancs, si cela participe à l'harmonie de leur apparence. Je suis
amenée à le conseiller à des directeurs généraux.
Travailler sur l'image d'une personne, c'est travailler sur l'impression, le ressenti
qu'elle suscite, avec pour objectif qu'on imagine de bonnes choses en la voyant.
Il y a des règles, mais différentes d'une personne à l'autre.
Le professionnel doit séduire et non uniquement plaire" |
Nous faisons de plus en plus attention à notre
apparence, notre image. Est-ce nouveau ? Quelles sont les tendances à
venir ?
Je dirais que la tendance s'accélère depuis quatre ans environ.
Aujourd'hui la moitié de mes clients sont des hommes et leur proportion
devrait augmenter à l'avenir. Contrairement aux femmes, ils sont très
attentifs et curieux sur les questions d'image et d'apparence. Les femmes ont
quant à elles des a priori très forts. Auparavant, travailler sur
son image était très basique. La démarche devient de plus
en plus subtile.
Quels sont les risques et les dérives possibles
liés à l'importance que la société donne aux apparences
?
Beaucoup de soi-disant experts en relooking ont pignon sur rue et imposent des
étiquettes et des looks à leur clients sans vraiment les écouter
et les faire participer activement à la construction de leur propre image,
à se l'approprier. Ces clients-là risquent, à se faire imposer
une image qui n'est pas la leur, de déprimer, se retrouver perdus, ou ne
plus savoir quoi faire. L'image n'est pas une fin en soi mais un outil à
utiliser sans en devenir l'esclave.
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Lorsque une personne vient vous consulter, sur quoi porte
sa demande ?
Dans la majorité des cas il s'agit de séduction dans un contexte
professionnel, évidemment sans connotation sexuelle. Le professionnel a
besoin de séduire et non de plaire, que ce soit un client ou un collègue.
D'autres souhaitent s'affirmer ou renforcer leur confiance en eux, le fait qu'ils
existent. D'autres encore ont un niveau intellectuel élevé et souhaitent
optimiser leur image. Ils viennent ainsi chercher auprès d'un coach en
image les clés pour maîtriser leur image. D'autres surdiplômés
estiment que leur intellect est supérieur et que l'image n'est pas importante.
Ils finissent par être délaissés malgré leurs capacités
intellectuelles indéniables. Par ailleurs, image et empathie sont très
liées. Un commercial averti ne présentera pas la même image
en fonction de ses divers clients.
Parcours
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A 47 ans, Maryaline Morel est coach conseil en image et fondatrice du réseau Image Performance. Elle s'adresse uniquement à une population composée de professions libérales, cadres et dirigeants d'entreprise. Diplômée de l'IDRI à Paris, Institut international de relooking, elle est spécialiste des ressources humaines et du recrutement. Elle a en effet occupé auparavant des fonctions de DRH pendant dix ans notamment dans le secteur informatique, après avoir été la première femme a travailler dans le bureau d'étude de Rhône-Poulenc Ingineering. |
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