07/09/2005
Prashant
Prabhu (Michelin génie civil) Nos
compétences vont des pneus de 5 kg à ceux de 6 tonnes
Avec 20,1 % de part de marché mondial sur le pneu,
le groupe Michelin domine un marché très compétitif
où des concurrents comme Bridgestone et Goodyear sont
à l'affût de la moindre faiblesse du Français.
Outre le marché grand public, Michelin s'impose également
sur le secteur professionnel avec, notamment, sa gamme génie
civil, dirigée par Prashant Prabhu.
Comment se structure la ligne génie
civil chez Michelin ?
Prashant Prabhu. Ce département se compose de trois usines
européennes, deux en France et une en Espagne, et d'une usine
aux Etats-Unis. Nous avons par ailleurs le projet d'installer
une unité de production supplémentaire au Brésil, à Campo Grande,
à proximité d'une usine Michelin produisant déjà des pneus poids
lourd. Nous intervenons dans toutes les étapes du cycle de vie
de nos produits, de leur développement à leur commercialisation
et à leur suivi sur site, en passant, bien sûr, par leur fabrication.
Comment a fait Michelin GC pour
s'imposer sur ce marché ?
Notre particularité vient du fait que nous possédons
une très grande diversité de produits avec des pneus allant
de 8 à 63 pouces de diamètre intérieur, pour un
poids variant de 5 kilos à 6 tonnes. Tous nos pneus génie
civil utilisent la technologie radiale, technologie inventée
par Michelin et clé de notre croissance sur tous les marchés.
La ligne de produits génie civil se place au troisième rang
en valeur des activités du groupe et pèse 4 % du chiffre d'affaires
mondial de Michelin.
Comment évolue la ligne génie
civile ces dernières années ?
L'activité génie civil de Michelin s'est retrouvée renforcée
depuis 1996, date à laquelle le groupe a été réorganisé en business
units. Notre volume de ventes s'est aussi fortement accru. Nous
travaillons aujourd'hui avec environ 3.000 collaborateurs au
niveau mondial, ce qui nous permet, entre autre, d'accompagner
nos produits sur leur lieu d'utilisation, quel qu'il soit. Le
détachement de nos ingénieurs sur les sites d'utilisation des
pneus, du port européen à une mine en Indonésie en passant par
des mines très au nord du Canada où les températures peuvent
descendre jusqu'à -40° C, permet ainsi à nos techniciens de
conseiller nos clients au plus près de leurs besoins, mais également
de suivre concrètement l'évolution du pneu pour ensuite procéder
à un feed-back. Cette méthode a largement fait ses preuves :
par exemple, depuis que nous intervenons sur un site portuaire,
celui-ci a vu le nombre de ses crevaisons divisé par 20.
Comment vous positionnez-vous sur vos
différents segments d'activité ?
Nous évoluons sur un marché découpé en sept segments :
les mines de surface, la première monte, la construction, les
carrières-cimenteries, les ports, les mines souterraines et
la petite manutention. Par souci de clarté, nous avons redistribué
ces champs en trois segments d'activité : les mines de surface,
la première monte et les autres segments de croissance. Pour
ce qui est des deux premières catégories, nous jouissons d'un
bon positionnement sur le marché puisque nous détenons une part
de marché supérieure à 20 % pour les pneus radialisés*.
En ce qui concerne la troisième catégorie, le taux de radialisation
reste encore très faible et notre challenge pour le futur est
de parvenir à radialiser ces produits, ce qui constitue un axe
de croissance futur. Ainsi, je ne parlerais pas de produits
phares, mais plutôt de produits pour lesquels il est essentiel
que nous conservions notre leadership, à commencer
par le 63 pouces, qui, en étant le plus grand pneu du
monde, reste le produit de référence dans le monde minier.
Notre activité est
totalement internationalisée."
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Quel est votre plus gros marché ?
Nous exportons 60 % de notre production, c'est pourquoi
nous nous considérons comme totalement internationalisés. Nous
travaillons avec des constructeurs de machines en Europe, au
Japon, en Chine mais aussi avec des miniers en Amérique du sud,
en Russie, en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient... L'un de
nos futurs partenaire est la Chine où de nouveaux gisements
de croissance ont été recensés.
Comment se répartissent vos concurrents
sur le marché du pneu génie civil ?
Dans ce domaine, le marché se divise en deux parties. Pour les
pneus d'un diamètre inférieur à 25 pouces, de multiples acteurs
sont en concurrence. En revanche, pour les pneus d'un diamètre
supérieur à 25 pouces, il faut posséder une connaissance du
marché plus aiguisée et une technologie plus pointue, même si
les ventes en volume de cette catégorie sont moins importantes.
Tout cela concourt donc à limiter le nombre de concurrents.
De manière globale, nos plus sérieux adversaires restent Bridgestone
et Goodyear qui ont tous deux un long passé dans le pneu croisé
et offrent une gamme de produit très large.
Comment s'organisent la recherche
et le développement chez Michelin ?
Michelin
s'appuie sur plusieurs centres technologiques localisés sur
trois continents, l'Europe, l'Amérique et l'Asie. Au
total, le groupe emploie plus de 6.000 chercheurs et développeurs.
De plus, nous investissons 4,5 % de notre chiffre d'affaires
en R&D.
Enfin, considérez-vous qu'être
une entreprise française constitue un avantage ?
Notre tradition d'innovation et de qualité est née en France
et la formation de nos ingénieurs est reconnue partout dans
le monde.
Parcours
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Prashant Prabhu possède
une licence en science de l'université de Bombay
et un doctorat en science et philosophie de l'université
de Caroline du Nord. En 1979, il intègre l'unité
américaine de recherche et développemet
de Michelin, qu'il dirigera à partir de 1997.
En 2002, Prashant Prabhu est nommé au poste de
président de la ligne génie civil.
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* Pneu radial :
Inventé en 1946 par Michelin, ces pneus utilisent plusieurs
couchent de caoutchouc, ce qui permet de dissocier le travail
des flancs et de la bande de roulement.
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