Universités d'entreprise
Les grands groupes ne peuvent plus s'en passer

Un outil stratégique

Attirer et développer les talents" Laurent Saussereau, Secor

Dans les années 80, les entreprises estimaient que le système éducatif ne répondaient pas suffisamment à leurs besoins. Elles ont donc créé leurs propres écoles ou formations. Mais au milieu des années 90, de nouveaux enjeux sont apparus. "Les grands groupes ont rencontré d'importantes difficultés face au changement, notamment de par leur taille", explique Laurent Saussereau, associé chez Secor, cabinet de conseil en accompagnement du changement, et auteur de Regards croisés sur le management du savoir : vers les universités d'entreprise (Editions d'Organisation, 2002). "De plus, la guerre des talents a commencé, d'où la nécessité d'attirer et développer ces talents."

On trouve des universités d'entreprise partout en Europe. Bien qu'indépendantes et stratégiques, certaines d'entre elles se sont regroupées au sein du Club européen des universités d'entreprise ou de l'EFMD (organisme d'accréditation). Opérationnelles en France et en Grande-Bretagne, les universités d'entreprise ont une dimension académique en Allemagne et aux Etats-Unis.

L'université d'entreprise se résume en deux mots : stratégie et pédagogie " Eric Cornuel, EFMD

Une université d'entreprise naît généralement sous l'impulsion du directoire de l'entreprise ou de la direction générale. "Elle doit être rattachée au siège puisqu'elle travaille sur la culture commune au groupe suivant une certaine transversalité", souligne Laurent Saussereau. Elle transmet une culture commune, des attitudes et des enjeux "business". Ces derniers consistent à comprendre la stratégie de l'entreprise et développer les techniques du métier. La mobilisation des ressources et l'attention qui leur est accordée constitue un apport pour l'entreprise. "L'université d'entreprise se résume en deux mots : stratégie et pédagogie, explique Eric Cornuel, directeur général de l'EFMD. L'une des clés est le lien avec la stratégie de l'organisation elle-même."

Chaque université d'entreprise sert les objectifs de son entreprise, que ce soit à travers la réflexion, la transmission de la culture d'entreprise, la formation... Concrètement, les temps de formation ou de réflexion sont organisés en séminaires ou cessions, une à plusieurs fois par an, durant un à quatre jours.

Elle s'adresse en général à une élite - cadres, cadres supérieurs ou dirigeants, dirigeants, acteurs clés - intégrée dans la stratégie de l'entreprise. En effet, le budget alloué par personne et par an est élevé : entre 5.000 et 12.000 euros. "C'est plus économique que de s'appuyer sur une formation extérieure dans une grande école telle que HEC ou l'Essec", selon Paul Henri Fallourd, directeur de l'université d'entreprise d'Unilog. Quant aux PME, peu ont créé une université d'entreprise en raison des coûts élevés. De plus, le changement s'avère pour elles moins difficile que dans les grands groupes où les enjeux de cohésion et de cohérence sont importants.

Enfin, les statuts de l'université d'entreprise peuvent varier de la SA / SARL, au département ou service, voire le centre de profit comme dans le cas d'Accor dont le cœur de métier est le savoir-faire en qualité de service. L'université du groupe Caisse d'Epargne est en fait une association loi 1901, à laquelle les entreprises du groupe adhèrent. Choix qui, selon son directeur Didier Ponsot, donne plus de liberté aux participants et davantage d'implication grâce à un sentiment de propriété.

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