Interview
 
23/01/2008

Recrutement des cadres : "2008 sera moins bonne que 2007"

2007 a été une très bonne année pour les cadres. Dans quels secteurs en particulier ? Les recruteurs s'ajustent-ils en conséquence ? Et que réserve 2008 ? Les réponses d'un professionnel du secteur.
 EnvoyerImprimer 

 

Wilhelm Laligant,
DG de Advancers Executive
Photo © Advancers Executive

 

Chaque année, le cabinet de conseil en recrutement généraliste Advancers Executive établit un baromètre du recrutement des cadres basé sur les chiffres de Cadremploi, de Monster et de sa propre base de données. Son directeur général, Wilhelm Laligant, décrypte pour nous ce qui s'est passé en 2007 et les tendances pour 2008.

 

Quel bilan faites-vous du recrutement des cadres en 2007 ?

Wilhelm Laligant. La conjoncture économique s'est beaucoup améliorée, en particulier pour les cadres, leur offrant ainsi une très belle année 2007. En un an, le nombre d'offres d'emploi qui leur étaient dédiées a progressé de 22 %. Cela signifie aussi qu'il est plus difficile de recruter, ce que l'on constate au quotidien dans notre métier. Nous devons répondre à des besoins très particuliers, spécifiques, urgents... Le nombre de demandes augmente et nous avons plus de mal à trouver. Certes, il reste beaucoup de gens à la recherche d'un emploi. Mais sur certains postes, les bons candidats reçoivent plusieurs propositions. Par exemple, nous avons un département consacré au secteur de la Santé. Nous n'y avons aucun candidat. Et selon les zones géographiques, la situation peut également devenir très difficile.

 

Pour autant, les recruteurs changent-ils leurs méthodes pour s'adapter ?

"Les recruteurs doivent faire particulièrement attention à raccourcir les délais de recrutement"

Ils ont compris, mais ils n'ont pas changé. Pourtant, si il y a trois ans, le pouvoir était du côté des entreprises, ce n'est plus vraiment le cas aujourd'hui. Les recruteurs doivent donc faire particulièrement attention à raccourcir les délais de recrutement. Il n'est plus possible de faire voir un interlocuteur à un candidat, puis un autre interlocuteur trois semaines plus tard, puis encore un autre trois semaines après : on est sûr de perdre le candidat.

 

Quelles sont les conséquences pour les salariés comme pour les entreprises ?

Pour les salariés, c'est le moment de bouger. Pas s'ils se sentent bien dans leur poste et dans leur entreprise, bien sûr. Mais s'ils commencent à envisager autre chose, les circonstances sont idéales pour sauter le pas.

 

Du côté des entreprises, aujourd'hui plus que jamais, elles ont intérêt à fidéliser dans tous les postes. D'autant, chacun l'aura noté, que ceux qui partent sont souvent ceux qu'on aurait voulu conserver… Les entreprises commencent à prendre conscience de la valeur du capital humain. Par exemple, dans le luxe, le savoir-faire "à la française" court des risques importants à être délocalisé. Il faut donc conserver les salariés qui possèdent ce savoir-faire. D'autre part, le succès de TF1, avec Patrick Lelay, mais aussi de L'Oréal, avec Lindsey Owen-Jones, ou encore de Michelin, qui est une dynastie, prouve bien que la continuité est essentielle dans le succès. On ne peut pas changer de cap tous les 2 ou 3 ans. C'est la raison principale pour laquelle il faut absolument fidéliser ses salariés.

 

Comment se profile 2008 ?

"Il n'est pas impossible que l'on atteigne un plafond en septembre prochain"

Cette année sera un peu moins bonne que 2007. La crise des subprimes, qui se fait nettement sentir aux Etats-Unis, va aussi avoir des conséquences en France. Les banques seront évidemment les premières touchées. Comme elles ont beaucoup recruté, elles vont faire plus attention. Elles se montreront également plus prudentes dans leurs crédits, ce qui veut dire moins de développement dans les entreprises. Les particuliers aussi seront plus prudents. Par rebond, tous les secteurs vont être touchés. Mais il ne s'agira pas du tout d'une crise : 2008 sera aussi une bonne année, au cours de laquelle il faudra simplement être plus prudent. Il n'est pas impossible que l'on atteigne un plafond en septembre prochain.

 

Quels sont les métiers qui se sont particulièrement bien portés en 2007 ?

Cela fait 2 ou 3 ans que l'informatique et les télécoms marchent bien. En 2007, dans ce domaine, il y a eu 44 % d'offres en plus qu'en 2006. Certes, cela va se tasser un peu, mais il y a encore énormément de besoins : on ne parvient pas à former suffisamment de diplômés pour remplir tous les besoins des entreprises. Aujourd'hui, trouver un ingénieur Java J2EE est mission impossible. Et quelqu'un qui fait savoir au marché qu'il est disponible va recevoir entre 10 et 20 offres… chaque jour !

 

La communication affiche aussi une belle progression - 45 % - mais il s'agit d'une niche : seules 1,7 % des offres concernent ces métiers. Les progressions peuvent donc se retourner facilement, en particulier du fait que la communication, coûtant cher pour un impact non immédiat, constitue souvent le premier budget supprimé.

 

Et les RH ?

Avec une progression des offres d'emploi pour les cadres de 41 % en un an, c'est l'autre catégorie de métiers qui a clairement le vent en poupe. La raison en est assez simple. Beaucoup de recrutements ont été réalisés en trois ans. Cela veut dire plus de collaborateurs à recruter et à gérer et donc des ressources RH supplémentaires. De plus, la grosse récession provoquée par l'e-krach de mars 2000 a vu les entreprises couper dans les fonctions support et développer les fonctions commerciales. On assiste donc aujourd'hui à un rattrapage sur les fonctions support, RH notamment, pour revenir à l'équilibre d'avant le krach.

 

"Avec une progression des offres d'emploi de 41 % en un an, les cadres RH ont clairement le vent en poupe"

Enfin, les RH sont des postes sur lesquels il y a évidemment de l'avenir. Quand la conjoncture est bonne, on a besoin de forces. Et quand les choses vont mal, licencier ou reclasser requiert aussi beaucoup d'énergies et des ressources internes importantes. Il y aura donc toujours une demande forte sur ces postes, d'autant que les problématiques y sont de plus en plus complexes.

 

Parmi les métiers des ressources humaines, lesquels ont particulièrement la cote ?

La paie d'une part, l'expertise en relations sociales d'autre part. Mais aussi un nouveau venu : le contrôle de gestion social, appelé "compensation and benefits" par les anglophones, qui fait de l'analyse des rémunérations. Enfin, le conseil en recrutement marche très bien.

 


 
Augmentation du nombre d'offres d'emploi destinées aux cadres
 
  
Variation mensuelle
(déc 2007 / nov 2007)
Variation annuelle
(2007 / 2006)
 
 Le marché de l'emploi
+ 4 %
+ 22 %
 
 Finance
+ 3 %
+ 32 %
 
Commercial
- 7 %
+ 5 %
 Marketing
+ 17 %
+ 21 %
 
RH
+ 22 %
+ 41 %
 Banque-Assurance
- 5 %
+ 14 %
 
Informatique
+ 26 %
+ 44 %
 Santé
- 23 %
+ 42 %
 
 Production
- 9 %
+ 22 %
 
 Communication
+ 25 %
+ 45 %
 
 
Source : Advancers Executive / 2008
 

 

En savoir plus Le site d'Advancers Executive

 


JDN ManagementEnvoyerImprimerHaut de page

Sondage

Avez-vous adressé des v½ux professionnels cette année ?

Tous les sondages