Ces start-up qui dérangent les acteurs traditionnels Airbnb, illégal à New York, visé par des députés à Paris

Le succès fulgurant d'Airbnb ne passe pas inaperçu. Fondée en août 2008, la société est désormais présente dans 192 pays à travers 300 000 annonces et revendique 4 millions de "guests" depuis sa création. Des chiffres qui ne manquent pas d'inquiéter les professionnels de l'hôtellerie, qui protestent dans le monde entier... A commencer par la France.

Une concurrence non taxée jugée déloyale

Les critiques se concentrent autour de diverses problématiques : les sociétés déguisées qui utilisent Airbnb pour éviter de payer les taxes imposées aux professionnels, les propriétaires qui l'utilisent au lieu de signer un bail réglementaire avec un locataire, les locataires qui proposent leur appartement à la location sans accord préalable du propriétaire... Mais ce qui inquiète avant tout l'hôtellerie, c'est bel et bien la concurrence d'Airbnb, jugée déloyale et non taxée... Même si la société se défend de marcher sur les plates-bandes des hôteliers.

"Comme toujours quand une innovation pénètre un secteur, le marché est dynamisé et s'aggrandit, assure Nicolas Ferrary, directeur France d'Airbnb. Nous savons que nos utilisateurs se tournent vers nous pour des usages complémentaires comme la recherche d'un quartier moins touristique, l'organisation d'un séjour en famille... Ce qui ne les empêche pas de continuer à choisir des solutions plus traditionnelles dans d'autres contextes."

Discussions avec les professionnels de l'hôtellerie

Alors, pour éteindre les critiques des acteurs de l'hôtellerie, Airbnb a entamé des négociations avec le secteur : "Le concept d'Airbnb est nouveau et innovant. Il est donc normal qu'il soulève des interrogations, reconnaît Nicolas Ferrary. Nous avons donc une démarche de discussion régulière, que ce soit avec les autorités ou les acteurs traditionnels de notre secteur. Nous avons ainsi récemment rencontré l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie et participé à une conférence organisé par la FNAIM."

Un amendement "anti-Airbnb" rejeté

Preuve que tous ne voient pas d'un très bon œil l'arrivée d'Airbnb : à New York, la légalité du service a été remise en cause par la justice. Une loi votée par l'état de New York en 2010 interdit la sous-location d'un appartement pour moins de 30 jours si le propriétaire n'est pas présent dans l'appartement. Une partie des annonces publiées sur le site sont donc illégales. Le procureur général de l'Etat de New York a émis une injonction envers Airbnb pour obtenir la liste des habitants ayant publié une annonce, mais la société a décidé de contester la décision. En France, un amendement au projet de loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (ALUR) visant à mieux encadrer le changement d'usage d'un logement principal en location meublée touristique a été déposé par sept députés socialistes en septembre dernier. Finalement rejeté, il visait très clairement les services de location d'hébergement entre particuliers tels qu'Airbnb : "Tout intermédiaire qui participe à la mise en location d'un meublé de tourisme doit, au préalable de sa mise en location, obtenir du propriétaire l'attestation de déclaration du meublé qu'il aura préalablement faite auprès du maire de la commune où est situé le meublé. Cette attestation sera produite par la commune où est situé le meublé", précisait l'amendement.

Toujours à l'étude au parlement, le projet de loi ALUR devrait finalement permettre de "clarifier le cadre législatif de la location saisonnière au sens large, se félicite Nicolas Ferrary. En l'état, le texte précise que la location de courte durée du logement dans lequel vous vivez restera autorisée dans toute la France et ne demandera aucune démarche administrative particulière. Dans le cas où vous êtes locataire, la réglementation vis-à-vis de votre propriétaire reste inchangée : vous pourrez toujours accueillir des voyageurs sous certaines conditions, dont l'accord écrit du propriétaire des lieux. La location de courte durée des résidences secondaires restera autorisée mais les municipalités auront la possibilité de l'encadrer, si elles le souhaitent."